Mission 17 : Saisir l'ampleur de mon malheur, l'ampleur de mes doutes

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Pour la énième fois depuis que je suis réveillée, je soupire. Rien n'y fait, je peine à tenir debout.

Après plusieurs heures d'insomnie, alimentées par mes nombreux doutes, je suis désormais incapable de trouver le sommeil. Et pourtant, je suis exténuée.

Alors, un thé chaud entre les doigts, j'observe ce qu'il se passe chez mon voisin, histoire de me vider la tête. Même si l'ordinateur posé sur le bar ne me montre plus Aimée et lui, partis travailler depuis un moment, je me repasse les images de leur matinée en boucle, comme une fille désespérée.

C'était sans compter sur l'irruption de mon faux mari, de bien bonne humeur, contrairement à moi.

Lorsque je le vois fouiller dans le frigo, simplement vêtu d'un boxer et d'un tee-shirt, j'ai envie de le maudire. Son physique délicieux me nargue, douloureux rappel de cette nuit passée ensemble. De manière tout à fait naturelle, Erik m'a rejointe dans mon lit et enveloppée de ses bras. Je me suis sentie tellement bien sur le moment que j'ai tout de suite sombré. Avant de me réveiller en pleine nuit, effrayée.

Chaque fois que je tentais de m'écarter de son corps, son odeur m'attirait de nouveau à lui. Chaque fois que j'étais sur le point de quitter la chambre pour dormir ailleurs, je restais hypnotisée par la lente respiration de l'assassin à côté de moi. Ses cheveux blonds éparpillés sur l'oreiller, ses petits murmures inintelligibles, ses traits sereins, son discret sourire... Tout concourait à me faire rester.

Je n'ai pu me soustraire à cette malédiction qu'il y a une heure. Une heure à encombrer mon cerveau de pensées inutiles et à taire les émotions qui m'agitent.

Songeuse comme je le suis, je ne remarque pas tout de suite que derrière le bar, Erik me fixe.

— On dirait bien que, pour une fois, ce n'est pas moi qui ai fui la chambre, me provoque-t-il avec un petit rictus narquois.

Sans attendre, je darde sur lui un regard noir.

— Tu veux une médaille ?

— Ne devrais-tu pas être de bonne humeur après la nuit que nous venons de passer ?

Mes tentatives pour le dissuader de continuer sur cette voie se soldent par un échec.

— Ne t'en fais pas, insiste-t-il. S'il est question d'orgasme, je fais ce que je peux pour te satisfaire, même si tu me donnes du fil à retordre.

J'ai immédiatement envie de lui faire ravaler sa fierté. Pour ça, je décide d'attaquer :

— Tes précédentes conquêtes ne t'ont-elles donc pas expliqué comment ça fonctionnait ? Pas même celle de lundi ?

Il repose tranquillement la tasse qu'il avait portée à ses lèvres. Ses traits deviennent soudain très sérieux.

— Je ne rentrerai pas dans ton jeu, Amanda. Si tu me disais plutôt ce qui ne va pas ?

Je lui offre ma réponse favorite, ce matin : un soupir.

Est-ce qu'il croit sincèrement que je vais m'épancher ? De toute manière, même si je voulais lui expliquer, comment le pourrais-je ? Il ne supporterait pas de savoir que je culpabilise à nouveau de manipuler Scott. Je ne regrette pas notre rapport de la veille, il était trop fabuleux pour ça. Mais depuis, mes pensées sont toutes embrouillées. Est-ce que je peux évoluer dans ce flou absolu que semble être devenue ma vie ? J'ai besoin de remettre de l'ordre.

Alors, faisons le point : je suis certaine que je veux séduire Scott, notamment parce qu'il me plaît, mais je suis de moins en moins sûre de vouloir le tuer. Je souhaite poursuivre cette mission, en particulier parce que je la partage avec Erik, mais j'en ai marre d'obéir à l'agence Silence. Enfin, j'ai la sensation d'en attendre plus de la part de mon faux mari, sans avoir l'impression que la réciproque est vraie, raison pour laquelle je place de nombreuses barrières entre nous.

Mr. & Mrs. Spike (Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant