Mr. & Mrs. Spike (Tome I)

Mission 14 : Me faire pardonner (suite)

[Attention : contenu sexuel explicite]

Malgré la colère qui semble émaner de mon faux mari, je feins l'innocence :

— Au final, Scott a plutôt bien...

Je m'interromps dès qu'il se lève du canapé, la bouteille de whisky pendant au bout de son bras. Sa démarche est vacillante, ce qui est très impressionnant à observer pour un homme de son gabarit.

Que devient un assassin lorsqu'il est bourré ? C'est ce que je vais vite découvrir...

— On peut savoir ce qui...

Impossible de finir la moindre phrase. Chacun de ses mouvements me perturbe. D'un geste sec, il saisit sa veste en cuir verte, celle dont j'ai horreur, et l'enfile. Puis il me dépasse en cognant nonchalamment mon épaule.

— Je sors. Ne m'attends pas, lance-t-il sans m'accorder un regard.

Son élocution est encore correcte, d'après ce que je remarque.

À ce constat, une pointe d'agacement fait immédiatement surface. Il n'est pas dans un aussi mauvais état que je le pensais. Il semble juste... frustré. Descendre presque une bouteille de whisky devant des caméras de surveillance, comme un pauvre ivrogne, pour quelques paroles bienveillantes ? Se mettre dans un état lamentable pour quelques caresses de Scott ? Il n'y a pas à dire, c'est véritablement pathétique.

Il n'a pas le droit de m'en vouloir pour la scène à laquelle il a assisté ! D'autant que je n'ai rien fait de mal !

J'ai beau l'affirmer haut et fort, pourquoi je culpabilise, dans ce cas ?

Argh, j'en ai marre de son attitude ! Il refuse de me pardonner. Seulement, la situation s'empire dès que j'essaie de me concentrer sur la cible dans le but de retrouver un peu de professionnalisme.

Rien ne va à monsieur...

Sa possessivité est vraiment incompatible avec notre mission, et il serait temps qu'il le comprenne.

Avant qu'il franchisse le seuil, j'attrape son poignet avec fermeté.

— Une chose : ne compromets pas la mission dans un élan de colère.

À cet instant, je redoute qu'il aille commettre un quelconque crime dans le voisinage. Ou qu'il ramène une fille ici... Que diraient les gens ? Plus personne ne nous imaginerait comme un couple parfait. Or, seul Scott doit se douter de quelque chose. Sinon, les soupçons se porteront automatiquement sur nous à la mort de notre voisin.

En d'autres termes, Erik doit continuer à jouer le jeu, peu importe la sensibilité qu'il se découvre soudainement. Mais il ne semble pas vouloir l'entendre.

Il chasse ma main méchamment.

— Tu aurais trop peur que Scott apprenne que tu te moques de lui depuis le départ ? Ah non, c'est vrai, tu n'as jamais fait semblant avec lui !

Je m'attendais à tout, sauf à ce reproche insensé. M'accuser de jouer un rôle ? C'est ça, son problème ? Que je ne sois pas sincère ? Je suis née et j'ai été entraînée pour mentir ! Il n'y a plus une once de vérité en moi. Et tant mieux, puisque mon talent est d'incarner quelqu'un que je ne suis pas, de mener une vie que je n'ai pas, de séduire des gens qui ne m'intéressent pas.

Non, en vérité, il m'accuse de tromper tout le monde, sauf Scott. Donc, de le duper, lui, mon faux mari. Il craint que je sois plus moi-même avec notre cible qu'avec lui.

Ri-di-cu-le...

Piquée au vif, j'esquisse un mouvement de recul.

— Ne t'inquiète pas. Peu importe ce que je fais, ça collera avec le personnage, ajoute-t-il, mauvais. En plus d'être un mari qui bat sa femme, je pourrais être un putain de mec infidèle. Ou alcoolique. Ça ne choquerait personne.