10: Carlos Morales.

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-T'as trouvé ?

Ses paroles me boustent, j'exerce une pression sur la poignée et la seconde d'après la porte céde.

-Heum.. Oui je vais entrer dans une pièce.

-Parfait, tu me décris tout ce que tu vois.

Je pousse la porte et la musique envahit déjà mes oreilles. Je m'avance peu sereine, la pièce est grande, illuminée seulement par des néons rouge. Il y a des hommes assis sur un sofa de la même couleur et quelques filles se trouvent sur leurs genoux. Je ne préfère pas savoir pourquoi.. Ils s'embrassent langoureusement tandis que je m'avance un peu plus. Il y a un petit bar à ma droite mais seulement une personne s'y trouve.

-Tu vois quoi ?

-Une grande pièce avec des lumières rouges. Il y a des hommes sur des canapés avec des filles. Enfin.. Heu, il y a aussi un bar.

-OK et il n'y a pas de Carlos ?

-Attends je cherche.

Mes yeux se mettent à divaguer dans la salle... Et bingo.

Un peu plus loin, dans un coin isolé se trouve cinq hommes assis autour d'une table. Et je suppose qu'ils jouent au poker. Deux de ces hommes ont un cigare entre les dents et les autres se contentent d'un verre d'alcool.

Aïe.. Mon ventre.. Il a tellement mal. Il souffre de tout ce que je ressens et j'ai l'impression que je vais vomir. Cette douleur aiguë ne me quittera pas, je le sais.. Alors encore une fois mes ongles s'enfoncent dans ma peau.

-Il y a 5 hommes autour d'une table. Je crois qu'ils jouent au poker. Je ne sais pas trop, mais ils ont des cigares et ils ont l'air.. Je ne sais pas, ils sont pas rassurants.

-Ok, il est sûrement parmi eux. Approche les. Parle leurs. Et demande qui est Carlos. Après ça tu te débrouilles.

Après ça je me débrouille.. Ouais. Mais il faudrait déjà que j'arrive à faire ce qu'il vient de m'ordonner.

Je prends une grande inspiration et laisse l'oxygène imprégner mes poumons qui ne cessent de bruler. C'est tellement douloureux. Tout ce stresse amère qui me noie... J'ai l'impression de suffoquer. J'étouffe.

Mais plus je ferais vite ce que je dois faire, plus mon stresse s'adoucira. Alors dans un élan de courage sorti de nul part, j'avance, les talons claquant contre le sol. Mes cheveux attachés en une haute queue de cheval plaquée se balancent dans mon dos et j'essaie d'être la plus confiante possible.  Je ne laisse rien paraître sur mon visage même si pour cela je dois déchirer la chaire de ma paume.

Mes yeux sont rivés sur ces hommes, je ne suis qu'à cinq mètres d'eux et maintenant, ils ont tous détourné le regard vers moi. Et leur visage... Leurs yeux qui me traitent comme un vulgaire objet me laissent une boule brûlante dans la gorge. Leur rictus aguicheur demande à ma conscience de faire demi tour mais c'est trop tard alors j'avance sous leurs regards de prédateurs.

J'arrive à leur niveau.

"Sois confiante."

Ce sont les mots d'Andro. Alors je place mes mains sur la table et les regarde tour à tour.

"il faut que tu sois convainquante"

Je dis d'un visage plus détendu et charmeur :

-Qui est Carlos Morales ?

-C'est moi ma belle.

Mes pupilles rencontrent les siennes. Elles sont noires. Aussi noires que devaient être ses cheveux il y a quelques années car maintenant ils sont couleur poivre et sel. Il doit avoir une quarantaine d'années et son visage est extrêmement dur malgré son sourire mesquin qui adoucit ses traits. Je crois que j'aurais préféré qu'il ne se réjouisse pas de ma présence.

Laisse Moi Bruler - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant