40: Encore Et Toujours.

654 33 22
                                    


Point de vue :Nina.

Quand le soleil se lève, je regrette de ne pas avoir pu fermer l'œil de la nuit.

Lise dort encore, allongée à même le sol tandis qu'un faisceau de lumière se perd dans ses cheveux.

Je sens déjà mes paupières s'alourdirent mais je sais bien que je ne trouverais pas le sommeil, je n'ai pas cessé de repenser à l'orage et à la façon dont je n'ai pu me contrôler.

Sérieusement, nous entrons dans la période où la météo commence à faire des siennes, je ne peux pas me permettre une telle frayeur chaque fois que le ciel gronde...

Comment j'ai tué le temps ?

J'ai imaginé mes retrouvailles avec ma famille et je me suis demandé pourquoi mes parents sont morts.

Je ne devrais pas penser à tout ça je sais, ça ne fait que renfoncer le couteau dans la plaie, mais je n'ai pas trouvé d'autre moyen pour tenir la nuit, je me suis tellement ennuyée.

Je me sens faible et mon ventre gargouille bien que j'ai fini mon plat de la veille.

Je ne sais pas trop quelle heure il est, je perds un peu la notion du temps.

Je pose une nouvelle fois ma tête contre le mur et respire à pleins poumons la poussière perdue dans l'air.

Point de vue :Gloria.

Je n'ai pas été en cours depuis la disparition de Nina. Je ne m'en remets pas et ma mère non plus. On continue à espérer son retour, un soir où elle nous avouerait que tout ça n'était qu'une mauvaise blague. Mais non...

C'est étrange ce vide qui se creuse de jours en jours. Comme si on nous rongeait, comme si le temps nous était compté...

La police a arrêté les recherches et bordel ce que je leur en veux, il reste encore une chance de la retrouver j'en suis sûre, et eux ne sont même pas foutus de faire leur taf.

Les affiches indiquant sa disparition placardées sur les murs de la ville n'ont tout de même pas été enlevées, un peu comme pour nous dire "elle est morte mais on vous laisse espérer comme deux folles alliées".

Maintenant, nous sommes connues de tout notre village et c'est dur d'affronter les regards peinés du quartier. J'ai l'impression d'être une bête de foire, d'être vue comme la pauvre petite qui vient de perdre un être chair et je persiste à me dire que ce n'est pas vrai.

Mais un jour il faudra ouvrir les yeux, et je redoute tant ce moment...

Les voisins nous apportent souvent des petits gâteaux, sûrement qu'on leur fait pitié... Ils ont dû voir que la perte de poids nous a gagnées.

Maman prépare à manger et je suis là, assise dans ce canapé à fixer le mur, n'arrivant plus à parler tant ma gorge est nouée par la douleur.

Ça fait plus d'un mois. Un putain de mois qu'on nous fait croire que l'on va la retrouver et il n'y a même pas cinq jours on nous dit que l'état ne peut plus rien pour nous... Parfois je me demande à quoi servent ces putains de policiers !

-Tu veux de la viande ma chérie ?

Sa voix est cassée, affaiblie par la peine et je grimace en imaginant la souffrance qu'elle aussi doit ressentir.

-Non merci, ça ira.

-Tu dois manger...

Impossible. La boule qui s'est formée au creux de mon estomac ne m'a plus quittée depuis quatre semaines. Je suis incapable d'avaler une assiette entiere sans vomir.

Laisse Moi Bruler - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant