38: La Boule Au Ventre.

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Je passe une main sur mon visage et souffle pour essayer de me calmer. La pression est un peu redescendue mais j'ai besoin de prendre l'air, j'ai besoin de respirer.

Je m'écarte de Diego et me relève doucement, une main sur mon front quand je sens ma tête tourner.

-Tu devrais faire doucement. Prévient-il.

-Ça ira.

Je regarde droit devant moi et avale ma salive.

Il faut que j'oublie.

-Je vais aller prendre l'air.

Sans attendre de réponse de sa part, je marche à travers ce couloir strident. Je fais de mon mieux pour refouler les souvenirs mais c'est compliqué... Je revois son visage... Ce visage dont j'ai fait de nombreux cauchemars. Ces traits méchants et hautains, cette main rugueuse et glacée qui ne faisait que me blesser.

Oublie.

Je marche.

Ou plutôt, je titube jusqu'à atteindre les escaliers, je crois que Diego est encore là où je l'ai laissé. Je ne sais pas ce qu'il fait mais pour être honnête ma seule préoccupation est sortir d'ici.

Je monte les marches et me retrouve essoufflé à la fin de celles-ci. J'ouvre la porte qui mène au salon et y entre. J'observe les lieux et les vois différemment maintenant que Nina m'a tout raconté. Premièrement, le fait qu'ils s'en soient pris à elle ne me plaît pas du tout, mais alors vraiment pas, pire encore, ils l'ont étranglée, elle a saigné du nez... Et dire qu'on n'a même pas désinfecté... À cette pensée mon ventre se contracte et l'amertume m'envahit.

Je l'ai laissée dans cet état...

Quel connard...

Et puis cette phrase, "t'as tout enregistré" me reste en travers de la gorge. Qu'est-ce-qu'ils voulaient dire par là ? Et puis quel intérêt en tirer ? Je ne comprends plus rien...

Arrête de penser.

Mais c'est plus fort que moi...

Il faut que je trouve un truc, un moyen de me divertir.

C'est en passant devant la table basse, décalée de sa place habituelle que j'aperçois mon paquet de clopes et mon briquet. Je l'attrape et me précipite vers l'entrée afin de sortir.

En refermant la porte, je m'adosse au pilier du perron et sors une cigarette du paquet. Je n'aime pas vraiment ça, ça me rappelle de mauvais souvenirs et je ne suis pas fan, de plus je n'en fume que rarement, quand j'en ressens le besoin. Je la coince entre mes lèvres pincées et l'embrase de mon vieux briquet, celui que mon père m'a offert il y quatre ans en arrière. Qu'est-ce que j'aimerais l'avoir à mes côtés bordel... Il était le seul à me comprendre, à ne jamais m'avoir abandonné. Il a tout sacrifié pour moi. C'était un homme respectable et impressionnant, le genre de personne que l'on veut garder pour soi toute sa vie. Un peu comme Nina, sa douceur naturelle me fait vriller, c'est attirant et je déteste ça. Elle m'attire au calme alors que pour ma mission je dois être aux aguets.

Quand la fumée entre dans mes poumons, je me sens soulagé, je me dis que je ne suis pas le seul à brûler, je ne suis pas le seul à se décomposer au fil du temps. Et même si l'odeur ne m'attire pas plus que ça, l'idée de me détruire lentement me calme. Je me concentre sur cette chaleur, sur ces picotements qui longent ma gorge et ça me permet d'oublier un peu.

-Andro ?

Je baisse la tête et l'aperçois.

Elle.

Et son visage si parfait.

-Tu fumes..? Demande-t-elle doucement.

Bordel non... Elle est la personne que je me devais d'éviter dans une telle situation.

Laisse Moi Bruler - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant