21: Confidences

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Deux jours que je n'ai pas bougé. Deux jours qu'Alejandro dépose mon plateau au pied de la porte et repart aussitôt. Deux jours que je n'ai pas vu Andro et cela me convient parfaitement. Deux jours que je reste affalée au sol pour tenter de calmer mes nerfs qui ne demandent qu'à exploser et déverser toutes les émotions et idées qui m'ont traversé l'esprit depuis ces derniers. Deux jours qu'Andro m'a laissé. Seize jours que je suis sous leur emprise.

Je vais devenir folle. Le temps me paraît si long.. Mes vêtements ont heureusement séché et mes larmes avec. Enfaîte, je crois que je n'ai plus rien à déverser.

!
!
!!

Des pas s'approchent. Je tourne la tête vers la petite fenêtre dont les rayons éblouissants qui y passent m'aveuglent. Il est sûrement midi.

La porte s'ouvre alors que je porte mon attention sur cette dernière. Alejandro apparaît et je me redresse avec difficulté à l'aide de mes mains. Je m'assieds et le regarde déposer l'assiette ainsi que le verre. Il me jette une oeillade rapide et détourne le regard vers la porte qu'il referme. C'est comme ça depuis que je l'ai assommé, pas très longtemps il est vrai mais pour moi ça paraît être un moment interminable. Ça me manque presque qu'il reste avec moi pendant que je mange et qu'il me demande si j'ai assez bu, mais je me dis que c'est mieux ainsi.

Je souffle un bon coup pour me donner le courage de me lever et m'exécute. Je me tiens quelques secondes au mur pour ne pas tomber contre le bitume puis m'avance jusqu'au plat que l'on m'a servi. Je l'attrape et me laisse glisser contre le métal de la porte. Je pose l'assiette sur mes cuisses et commence mon repas. Je ne prends pas plaisir à manger mais je me sens trop faible pour banir la nourriture alors je me force même si l'envie écœurante de vomir ne me quitte pas.

Je pose ma tête contre la porte et contemple le mur semblable aux trois autres. C'est fade et sans vie, comme la mienne depuis seize jours même si un zeste mélangeant la peur, l'amertume, la violence, la drogue, le trafic, les armes et les fous furieux agrémente mon quotidien. Quelle ironie, je n'étais rien ni personne et voilà qu'aujourd'hui je suis la fille d'un homme plongé dans des histoires de drogue. À prèsent je ne suis plus Nina, fille sage et discrète au petit caractère mais la fille qui s'est faite kidnapper et à qui l'on confit la tâche de trouver des barons de la drogue et de leur soutirer des informations. Je préférais être insignifiante et inexistante. Aujourd'hui, je n'ai plus aucun répondant ni même caractère qui aurait pu me sauver, tout ce qui faisait de moi une fille ni abattu ni cinglé s'est envolé.

Je ne suis plus rien.

𝙿𝚘𝚒𝚗𝚝 𝚍𝚎 𝚟𝚞𝚎: 𝙰𝚗𝚍𝚛𝚘.

J'ouvre la porte et entre sans élégance. J'aperçois ce chien de Carlos affalé au sol, les mains jointes et le visage décomposé. Je m'avance pour apprécier cette vue et contourne la chaise. Une fois à son niveau, je m'abaisse, les coudes sur les genoux et les doigts entrelacés.

Je pousse son épaule du bout de la main comme pour lui demander si il est toujours vivant et prononce :

-Ba alors, on a plus de force ?

Ses yeux imprégnés au sol entrent en un contact désagréable avec les miens. Des cernes ont creusé ses yeux gonflés alors que les bleus s'accumulent sur sa peau rugueuse.

-Encore assez pour.. te rappeler que t'es une petite pute comme ton daron. Chuchote-t-il à bout de souffle.

Tu n'aurais pas dû connard.

Je me lève subitement et enfonce mon pied dans son ventre qui a rapetissé depuis son séjour dans la cellule. Il grogne tel un chien et se tortille avant de lâcher un petit "connard" que je ne calcule même pas. Qu'il s'en prenne à la fille c'est limite car elle est MON otage, qu'il s'en prenne à moi c'est une chose mais qu'il s'en prenne à mon père n'est pas acceptable. Non, il lui doit tout le respect. Et putain que quand il s'agît de mon père je ne rigole plus.

Laisse Moi Bruler - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant