Laisse Moi Bruler - Tome 1

37: Contrôle.

𝙿𝚘𝚒𝚗𝚝 𝚍𝚎 𝚟𝚞𝚎: 𝙰𝚗𝚍𝚛𝚘.

C'est avec un mal de tête intense que je comprends ce qui m'arrive. J'ouvre doucement les yeux et tente de m'habituer aux quelques rayons du soleil qui m'aveuglent. J'ai une horrible douleur dans les muscles, je me crispe en essayant de bouger et en sentant quelque chose sur mon torse. Merde...

Malgré mon état encore mauvais, les souvenirs de la veille me reviennent. Est-ce-qu'elle m'a vraiment dit la haine que je lui inspirais ? Pitié non...

Je baisse la tête vers Nina et son corps endormi. Elle est à moitié sur moi, un bras autour de ma taille tandis qu'elle dort à poings fermés. Je ne bouge pas, ne voulant pas la réveiller et pouvoir profiter de ce dernier contact. Enfaîte je crois que je n'ai même pas la force d'affronter la réalité.

Je me souviens m'être évanoui, je me souviens des cris de Diego, le visage de Nina proche du mien quand elle essuyait mon sang sur la banquette arrière, sa main dans la mienne quand j'étais allongé dans mon lit. Je me rappelle tout ça et mon cœur se serre. Je pince les lèvres en regrettant la veille. Je lui ai montré mes faiblesses, je lui ai fait du mal, je lui ai lâchement demandé de rester alors qu'elle n'en avait sûrement pas envie... Cette sensation si désagréable, la même que quand elle m'a dit ce qu'elle avait à me dire se glisse au creux de mon ventre. Un mélange d'angoisse et de peur. C'est affreux à quel point ça fait mal... Je n'arrive pas bien à réaliser... À partir d'aujourd'hui c'est fini.

Mes bras dans son dos, j'exerce une légère pression comme si elle allait me quitter dans les secondes qui suivent. Je la serre contre moi et rapproche davantage nos corps entrelacés. Cette si belle sensation va m'être enlevée d'ici peu, bientôt, je ne connaîtrai plus cette paix et mes insomnies reviendront... Un vrai cauchemar m'est destiné et je ne peux rien faire pour l'en empêcher.

Je la regarde plongée dans son sommeil, son visage est doux et triste, comme si, même endormie, la peine la nourrissait. Je ne peux détacher mes yeux d'elle, elle est envoûtante et obsessionnelle, à mon plus grand regret. Mais je dois m'y faire, à partir de maintenant, il va falloir que j'arrête d'être si sensible et de m'occuper autant d'elle. Elle veut que je la laisse, que je lui foute la paix et que plus jamais je ne la prenne dans mes bras, je respecte son choix, c'est peut-être mieux ainsi.

Elle a dit que je la consolais seulement pour ma marchandise, mais même si ça me fait mal de l'admettre, ce n'est pas le cas. Si ça l'avait été, jamais, je dis bien jamais je n'aurais osé la laisser dormir dans mon lit. Je ne sais pas pourquoi je suis si tolérant et confiant avec elle, ça me fait peur et je devrais peut-être me méfier car après tout elle me déteste. Elle pourrait être prise par l'envie de s'évader et de me tuer si ça se trouve. Et je n'abuse pas, vu tous les terribles événements qui se sont produits depuis qu'elle est mienne, elle doit avoir des envies de meurtres, et pas seulement pour Carlos...

Arrête un peu Andro, elle n'est nullement tienne...

Ma gorge se noue à cette pensée mais je tente de ne pas y faire attention. Plus les secondes passent plus une vague de haine et de chagrin monte en moi. J'ai les nerfs à vif, tout est de ma faute et puis je me suis laissé avoir. Comment j'ai pu autant baisser ma garde ? Je l'ai autorisée à rester dans ma chambre, je lui ai laissé un accès libre à la maison, j'ai même sacrifié mon précieux sommeil pour l'aider et voilà que la vérité me rattrape. Nous sommes ennemies, des rivaux. Celui qui restera en vie sera le gagnant. Mais je n'ai pas envie de jouer à cela, je n'ai pas envie que l'un de nous meurt. Pourtant, je sais pertinemment qu'il y aura un perdant, je suis conscient qu'un de nous deux chutera si bas que rien ne pourra le relever. Et j'ai peur. J'ai peur parce que je ne veux pas la voir partir. J'ai peur parce que je ne suis pas sûr de gagner cette bataille. J'ai beau être impliqué dans la violence, la drogue et les meurtres, je pourrais tomber très bas sans même pouvoir me retenir à quoi que ce soit.