𝟚𝟘

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Retour au présent

Je me réveille en sursautant et me redresse dans le lit. Nex, qui dort normalement à côté de moi, n'est plus là. Je regarde l'heure, il est deux heures et demi du matin. La nuit de ma première fois et un des cauchemars les plus récurants que j'ai. J'ai mis du temps à m'avouer à moi-même que c'était une agression et que je n'étais absolument pas consentante. Jamais, de toute ma vie entière, j'ai eu un rapport 100% consenti. Je n'ai jamais réellement pris de plaisir au lit, puisque les hommes m'utilisent pour leur propre plaisir avant tout. Même si la loi d'aujourd'hui est habituée, cette nuit il y a plus deux ans à brisé quelque en moi. Sans parler de l'hymen, bien entendu.

- Nex ? j'appelle.

Je me demande où il est. Il a dû se réveiller à cause du café qu'il a pris. Je l'avais prévenu. J'essuie les quelques gouttes de sueur sur mon front et me rallonge dans le lit. Je crois que c'est après cette nuit-là que j'ai commencé à forger cette carapace autour de moi. Je me suis mise à rejeter les gens qui étaient bons pour moi, comme Geena, et je me suis entourée d'autres pestes que je pouvais contrôler au doigt et à l'œil. Comme ça je pouvais avoir le contrôle sur les autres, étant donné que je ne pouvais pas l'avoir sur mon propre corps. Si aujourd'hui je venais à parler d'agression à qui que ce soit, on ne me croirait pas une seule seconde. Jamila, la fille qui s'habille comme une poule de luxe pour aller au lycée et qui drague tout ce qui bouge se serait faite agressée par ces mêmes garçons avec qui elle flirte ? Impossible. Et pourtant...

Soudain, j'entends les premières notes de Can't help falling in love résonner. Nex a mis le tourne disque en route ??

- Merde ! j'entends depuis le ré de chaussé.

Je fronce les sourcils et sors du lit, puis descends les escaliers.

- Elle fait chier ta putain de musique ! lance Nex en me passant devant.

Il pue l'alcool.

- Ça m'étonnerait qu'elle se soit mise en route toute seule, je fais en croisant mes bras sur ma poitrine. Dis-moi, qu'est-ce que tu fais debout et saoule à deux heures et demi du matin ??

- Ça te regarde peut-être ?? J'crois pas non.

- À partir du moment où TU empiètes sur MES heures de sommeil, si, ça me regarde.

Il me fusille du regard tout en buvant une gorgée de plus.

- T'arrêtais pas de remuer dans le lit, c'était insupportable, dit-il.

- Tu n'avais qu'à me réveiller !

- Ouais, j'aurais même dû te faire tomber du lit, là je me serais bien marré.

- T'es toujours aussi con quand t'es bourré ?

- Et toi t'es toujours aussi sexy quand tu viens de te réveiller ?

Je hausse un sourcil.

- Tu me fais pitié, Nex.

- Et moi c'est ce fameux Eli dont tu prononçais le nom pendant que tu dormais qui me fait de la peine. Un jeune innocent de plus tombé dans les filets d'une pétasse.

- Tu ne sais rien. Ne parle pas quand tu ne sais pas.

- Quand je ne sais pas quoi ? Que t'es allumeuse qui s'est faite déboîtée par tous les mecs qu'elle connaît ?

Sans réfléchir, j'envoie ma main sur sa joue. Il tangue, trébuche et tombe à la renverse.

- Non mais pour qui est-ce que tu te prends au juste ??

Il se relève péniblement. Son regard est sombre, je pense qu'il n'apprécie pas particulièrement le fait que je l'ai giflé.

- Tu viens de me baffer ??

- Oui, ça fait déjà quinze bonnes secondes, c'est bien de t'en apercevoir. Mieux vaut tard que jamais comme on dit.

- Ta gueule ! fait-il en me poussant par les épaules.

Je titube et me retiens au dernier moment en agrippant un de ses bras.

- T'es pathétique, vraiment, je fais.

Je fais demi-tour et remonte dans la chambre pour dormir. Il est épuisant.

*****

Le lendemain matin, je me réveille et m'aperçois que je suis encore seule dans le lit. Je m'étire, sors de sous les draps et au moment où je m'apprête à descendre les escaliers, je remarque un dossier mal rangé dans un des vieux placards en ruine. Curieuse, je m'en approche et m'en empare. J'hésite à l'ouvrir, mais me dit que lui l'aurait fait sans hésiter une seconde si c'était un dossier me concernant alors je passe à l'action. Je l'ouvre et il contient seulement deux feuilles. L'une est une sorte de carte d'identité avec une photo de lui et des informations comme sa taille, son poids, sa date de naissance... cependant, une petite partie attire mon attention. "Attribution : Aide au gouvernement contre nouveau procès pour but d'éviter la peine capitale qui l'attend." Et juste en dessous, en italique, est écrit "ce fichier est extrêmement confidentiel. Il ne doit être montré a personne autre que des membres du gouvernent sous risque de rébellion universelle de la population". Ça a de quoi foutre les choquottes. Alors comme ça il travail avec le gouvernent pour pouvoir faire appel et espérer éviter la peine de mort ?? Le parquet grince derrière moi et le dossier me tombe immédiatement des mains. Je me tourne d'un coup vers... Nex.

- Alors, t'as appris des choses intéressantes ? fait-il en venant ramasser le dossier.

Je n'ai pas eu le temps de voir ce qu'il y avait sur la seconde feuille.

- Oui, tu travailles avec le gouvernent. Mais du coup je ne comprends pas pourquoi tu te caches, puisqu'ils doivent forcément t'attribuer une protection d'office.

- En faite t'es aussi conne que t'en a l'air.

- Venant d'un mec qui pue l'alcool et qu'à l'air d'avoir dormi dans la rue ta remarque me me blesse pas énormément.

Il lève les yeux au ciel et poursuit.

- Je suis en cavale. J'ai fait la fusillade dans ton lycée pour qu'ils comprennent bien que leur tentative de corruption ils peuvent se la foutre bien profondément dans le cul. Même si je fais le job qu'ils attendent de moi et que je peux faire appel, je sais que je n'échapperais jamais à la peine de mort, et il est hors de question de les laisser penser qu'ils peuvent se servir de moi en me prenant pour un con comme ça.

- Et donc tu as tué tous ces innocents juste pour dire merde au gouvernent ??

Il ne dit rien et observe la façon dont je vais réagir. C'en est beaucoup pour moi, c'est dur à assimiler. Je sais que si je voulais m'éloigner de lui il ne me laisserait pas partir, j'en sais trop maintenant. Et même si au début de ma fuite je ne tenais pas à la vie, quelque chose a changé depuis. Je me sens mieux, plus libre, et surtout maîtresse de ma vie et de mon corps. Et ça, ça fait un putain de bien fou.

N & JOù les histoires vivent. Découvrez maintenant