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Álvaro échappe un rire sarcastique.

- C'est une idée aussi... dit-il. Tu seras pathétique jusqu'au bout, pendejo (connard).

Je serre la mâchoire et me retiens de retourner l'arme contre lui pour lui exploser la cervelle. Si je faisais ça, Jorge et Diego se dépêcheraient de m'assassiner, pour ensuite s'en prendre à Aymeric et Jamila. Je croise le regard de cette dernière. Étrangement, elle ne semble pas paniquée. Aymeric non plus. Et plus je la regarde, plus j'ai l'impression qu'elle tente de me communiquer quelque chose.

- Bon alors !? s'impatiente Álvaro. J'ai des choses à faire, je ne vais pas passer la nuit sur votre cas. Où tu te flingues, où tu flingues l'un d'entre eux, mais tu te dépêches.

Mais je ne fais pas attention à ce qu'il me dit, j'essaye de me concentrer sur ce que Jamila tente de me faire comprendre à l'aide de ses yeux. Puis petit à petit, je réalise qu'elle me désigne mon flingue. Je fronce les sourcils et croise ensuite le regard d'Aymeric. Et là, je parviens à comprendre ce qu'il murmure.

« Elle est armée ».

Une vague d'espoir renaît soudain en moi, et je retire le flingue de ma tête. Je vois également un flingue dans la poche d'Aymeric. Si nous les prenons par surprise, nous pouvons les vaincre. Ça serait un match d'égal à égal.

- Tu sais quoi ? Je ne me sens pas prêt à mourir tout de suite. Je pencherais plus tôt pour... assassiner celui qui se rapproche le plus de moi niveau âge.

Je leur lance un rapide coup d'œil, et remarque avec soulagement qu'ils ont compris. Aymeric est plus âgé que moi, alors c'est d'Álvaro qu'il se rapproche le plus en âge. Jamila est la plus jeune, alors c'est de Diego qu'elle est le plus proche. Et moi, c'est donc de Jorge.

- Prends vite ta putain de décision, sinon je vous bute tous les trois, s'impatiente Álvaro.

- Je réfléchis.

- Je m'en branle de ta réflexion, tu n'as qu'à tirer au hasard.

- Ton blabla constant m'empêche de réfléchir correctement.

- Putain tu te fous de ma gueule ? Allez, tu n'as plus que dix secondes pour en buter l'un des deux ou c'est moi qui choisis à ta place. Dix...

Je lance un coup d'œil à Aymeric et Jamila.

- Neuf...

Je la vois commencer à stresser. Mais qui ne le serait pas à sa place ? Elle a une balle dans la jambe et doit tirer sur quelqu'un alors qu'elle est pendue par les pieds. J'imagine que si Aymeric s'est placé derrière elle en arrivant, c'était pour lui détacher les mains et lui donner une arme, qu'elle n'a pas pu se procurer toute seule. Putain, mon pote est vachement moins con qu'il ne le laisse paraître, en fait.

- Trois, Deux...

- Maintenant ! je crie soudain.

Immédiatement, je vise Jorge et lui tire une balle en pleine tête. Son corps s'effondre avant même qu'il n'ait pu réaliser ce qui était en train de se passer. Malheureusement, ça ne se passe pas aussi bien pour Jamila, qui loupe Diego, et Aymeric, qui tire dans le bras d'Álvaro. Alors, je brandis mon arme et tente de tirer sur Diego, mais Álvaro m'en empêche en me tirant dessus. Je me retrouve touché en pleine épaule et tombe à la renverse. Puis, la vision flou, je vois Aymeric toucher Diego, qui tombe lui aussi au sol. Álvaro tire dans la direction de Jamila et Aymeric, et je vois des éclaboussures de sang. Je ne parviens pas à voir qui a été touché et où, mais en tout cas, l'un des deux est probablement sacrément amoché.

- ¡ Bastardos, os mataré a todos ! (Bande d'enfoirés, je vais tous vous buter !) s'exclame Álvaro en se cachant à moitié derrière le recoin d'un mur.

Je ne parviens pas à me redresser, mais mon bras si. Je pointe mon arme droit vers lui, mais réalise qu'il n'est plus seul. Il tient Jamila par la gorge, et je réalise que c'est elle qui a été touché par sa balle. Elle saigne désormais à l'oreille, en plus de sa jambe.

- Sale fils de pute ! je hurle en tentant de me relever, mais je retombe lamentablement au sol juste après.

Je me tourne vers Aymeric, qui lui aussi est à terre. Il saigne du bras et je vois à son visage qu'il est en train de souffrir tout autant que moi.

- Lâchez vos armes ou je la bute ! s'exclame-t-il en braquant son arme sur sa tempe. Elle ferme les yeux et je vois une larme rouler le long de sa joue.

Aymeric est le premier à balancer son arme. Et inévitablement, je fais la même chose, pourtant sans aucune garantie qu'il ne tuera pas Jamila juste après.

- C'est bien, vos mères vous ont bien éduqué...

Putain, j'espère pouvoir serrer mes deux mains autour du cou de ce type. Et tandis que j'imagine toutes les choses que je pourrais lui faire s'il n'avait pas Jamila, cette dernière commence à tousser. Merde, si elle se met à cracher du sang c'est vraiment très, très mauvais signe.

Elle commence à se pencher sur elle-même tellement elle tousse, et Álvaro tente de la remettre droite, mais il perd en intention.

- Redresse-toi ! gueule-t-il.

Et pendant qu'elle est à moitié en train de s'étouffer, il lui redresse la tête. Et c'est là que j'aperçois son visage, recouvert d'un grand sourire. Puis, sans que personne ne s'y attende, elle lui crache à la figure, ce qui le fait la lâcher, et attrape le bras au bout duquel il tenait son arme pour venir le tordre dans son dos. Bordel... c'est une technique que j'ai fait sur elle lorsque nous habitions ensemble !

- Nex, vite ! s'exclame-t-elle.

Même si cette position est censée immobiliser sa victime, si Jamila faiblit, il va réussir à se dégager de sa prise. Alors, ne pouvant pas me relever, je rampe au sol pour aller récupérer mon flingue. Je me hisse à l'aide de mes coudes et je sens mon épaule saigner, ce qui m'arrache un nombre incalculable de grimace.

Au moment où je pose la main sur mon arme, Álvaro parvient à la dégager et l'envoie valser contre un mur en la claquant en pleine tête. Merde, son nez a dû prendre cher. Je redresse immédiatement mon flingue, la main tremblante, et tire. La balle le transperce en plein cœur et il s'effondre brusquement au sol. Je voudrais fêter ça, serrer Jamila dans mes bras, mais je ne me sens pas assez fort pour faire quoique ce soit. Aymeric juste à côté de moi est à moitié inconscient et Jamila est encore affalée par terre à cause du mur et de la gifle qu'elle vient de se prendre. Pourtant, il faudrait que l'on s'en aille. Ce n'est qu'une question d'heures avant que quelqu'un ne remarque que tous les frères ont disparu et qu'ils viennent voir ici. Alors, je tente de me relever, mais échoue lamentablement et m'effondre au sol en perdant connaissance.

N & JOù les histoires vivent. Découvrez maintenant