𝟝𝟘

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𝕁𝕒𝕞𝕚𝕝𝕒

1 an plus tard

Je me réveille en sueur, j'ai fait un affreux cauchemar et les larmes me montent immédiatement aux yeux.

- Ça va ? me demande Reese, ma colocataire.

- Mêle-toi de ce qui te regarde.

Je lui envoie un regard meurtrier et me lève pour aller boire un coup. Aujourd'hui, ça fait un an pile que tout s'est terminé. Álvaro a tiré sur la moto sur laquelle nous étions, et nous avons fait une sortie de route. La veste qu'il m'a mis m'a sauvé la vie, c'est ce que m'ont dit les médecins. Mais d'après eux « il voulait protéger son otage ». Je n'ai jamais démenti cette version, puisqu'il est mort et que si j'avais dit la vérité, je serais sans doute en prison à l'heure qu'il est. Je n'ai pas vu son corps, mais ça a fait le tour du monde. Nex Morrigan, ce criminel fiché par le FBI est enfin mort, c'est une victoire pour l'Amérique. Une larme glisse le long de ma joue. Quand on m'a retrouvé au bord de l'autoroute, il paraît que j'étais couverte de sang. Je ne sais pas si c'était le mien ou le sien.

Dès que j'ai revu mes parents, j'ai souhaité m'en aller de ma maison. Grâce à un graissage de patte, mon père a réussit à me faire entrer à l'université, bien que j'ai loupé plus de la moitié de mon année de terminale. Lui comme moi savons très bien qu'il connaissait Nex et qu'il n'est pas réellement avocat, mais n'en avons jamais discuté. À la place, je me contente de lui lancer des piques quand je le vois. J'aurais largement pu habiter toute seule, l'argent n'est pas un souci, mais je tenais à ne pas être seule. Quand on est habituée à vivre tous les jours avec la même personé pendant plus de six mois, on a du mal à se retrouver seule.

Malheureusement, je n'ai pas réussi à me montrer plus gentille avec les gens. J'ai ce besoin de mettre une barrière entre moi et le monde extérieur depuis ce qu'il s'est passé il y a un an. Aucun homme n'a posé sa main sur moi depuis, et je me promène toujours avec un couteau sur moi au cas où. J'ai réussi à faire croire aux flics que c'est parce que j'avais peur qu'à tout moment, on tente de me reprendre en otage. Ça a marché.

Reese, ma colocataire, vient me rejoindre.

- Si tu as besoin de quoique ce soit tu...

- Là j'ai surtout besoin qu'on me foute la paix !

Reese et pleins d'autres filles sont devenues mes suiveuses. Quand on est méchant avec les gens, ils ont tendance à accourir vers nous, je ne sais pas pourquoi ça marche comme ça. J'ai cauchemardé de notre accident cette nuit, comme toutes les autres nuits depuis un an.

Je pars me recoucher, les larmes aux yeux.

Lorsque je me réveille, deux heures plus tard, je me prépare machinalement pour affronter mon dernier jour de cours avant les vacances du mois de février. Une fois à la cafétéria, je retrouve mon groupe habituel. Il n'est composé que de filles, je n'arrive pas à me sentir en sécurité en la présence d'un homme à moins de deux mètres de moi. Et ça, les mecs le respectent plutôt bien ici, et heureusement. Je passe devant le groupe de cheerleaders, qui me salue. Je leur adresse un petit sourire avant d'aller rejoindre mes suiveuses.

Ça fait plus d'un an que j'ai l'impression de être plus que l'ombre de moi-même. On ne peut pas vivre tout ce que j'ai vécu en en ressortant indemne.

- Jamila ?

Je me retourne vers le proviseur.

- Oui ?

- Il y a quelqu'un à l'extérieur qui souhaiterait vous voir.

Mon coeur commence à battre. Même si on l'a dit mort, j'ai toujours espoir que Nex soit toujours là. Le fait de ne pas avoir vu son corps m'empêche de faire mon deuil.

Mais lorsque je sors, je soupire en voyant qu'il ne s'agit que de ma mère.

- Coucou Mila, comment est-ce que tu vas ? Ça fait un an aujourd'hui et je voulais savoir si tu tenais le coup ?

Non, je suis effondrée. Mais pas pour la raison que tu imagines. Je m'apprête à lui répondre lorsqu'une ombre au loin attire mon regard. Je plisse les paupières pour mieux voir, mais elle a déjà disparu. J'ai du mal voir, c'est possible que je vois des apparitions de Nex aujourd'hui, puisque ça fait un an pile qu'il est sorti de ma vie.

- Jamila, ça va ?

- Ouais, ouais. J'étais dans mes pensées.

- D'accord, très bien. Tu as une interview à accordé au Times aujourd'hui pour les un an de l'affaire.

Un faux rire m'échappe. Ma mère n'en a rien à faire de ce que je peux ressentir. Ce n'est que l'image que je renvoie qui lui importe.

- J'ai cours, il faut que j'y aille.

Et je la laisse, bien qu'elle m'appelle dans mon dos. Il est hors de question que j'accorde quoique ce soit à un magasine aujourd'hui. J'ai déjà prétendu m'en remettre et bien aller pendant un an. Aujourd'hui, je pense avoir le droit à un peu de tranquillité.

N & JOù les histoires vivent. Découvrez maintenant