N & J

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Je suis réveillée par le bruit assourdissant de quelqu'un qui frappe à la porte. Je tente d'habituer mes yeux à la lumière du jour qui passe à travers les rideaux, et jette un coup d'œil à Nex, qui dort encore à côté de moi. Un sourire s'installe sur mes lèvres. Hier, j'ai adoré ce qu'il s'est passé. Mais il s'est passé une chose à laquelle je ne m'attendais pas : mon cœur s'est emballé. Comme si... je ne sais pas, comme si quelque chose s'était passé en moi à ce moment-là.

Les coups contre la porte reprennent alors je me dépêche d'enfiler quelque chose et part ouvrir. C'est Aymeric.

- Tu m'as réveillé.

- Il est déjà dix heures, les tourtereaux. Álvaro ne va pas apprécier ça s'il se rend compte qu'il a engagé des fainéants.

Je hausse les sourcils.

- Tant que nous n'avons pas de contrat, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas rester au lit le temps qu'on le veut.

- Parce que c'est mal vu.

- Mais non, je n'y crois pas, je lance soudain.

- Quoi donc ?

- Au lycée tu étais le fayot des profs, j'en suis sûre !

- Mais non !

- Oh si, j'en suis certaine.

- J'ai quitté le lycée deux mois après être entré en seconde quand ma mère et mon père se sont fait sauvagement assassiner dans leur propre domicile.

J'écarquille les yeux.

- Oh excuse-moi je ne voulais pas...

- J'déconne, ils sont morts dans un crash d'avoir prémédité, dit-il en haussant les épaules comme si de rien n'était. Je venais aussi te voir pour te demander comment tu allais. Hier, tu as dû revivre ce que tout un tas d'hommes t'ont fait vivre par le passé.

- Si tu parles de ce sentiment d'oppression et de cette impression d'être tout sauf au bon endroit, oui, c'était le cas. C'est gentil de venir aux nouvelles, mais ça va. Et puis ils n'ont pas eu le temps de me toucher.

Tandis qu'il hoche la tête, j'entends du bruit venir de l'intérieur de la chambre. Je me tourne vers Nex, qui est en train de se réveiller.

- Oula, il a une sale gueule. Je vais vous laisser.

Je ris et le salue, puis referme la porte.

- Alors, bien dormi ? je lui demande.

- Ouais. J'ai rêvé de ton corps toute la nuit.

Le rouge me monte aux joues et je pars le rejoindre sur le lit.

- Et si nous allions prendre notre petit déjeuner ? Je meurs de faim.

Il acquiesce. Il s'habille et nous sortons donc vers l'endroit où tout le clan se réunit pour manger. Il salue quelques types tandis que je regarde de travers ceux qui ne me regardent pas dans les yeux.

- Tiens tiens tiens, regardez qui nous font honneur de leur présence, lance Pablo, l'aîné de Jorge et le cadet d'Álvaro lorsque nous nous asseyons à table.

Il est celui des frères qui m'inspire le moins.

- Il y a un souci ? fait Nex.

- Non, pas du tout... dites-moi, vous avez passé une bonne première nuit ici ?

- Ouais.

Je fronce les sourcils. En quoi est-ce que notre première nuit ici peut l'intéresser ?

Nous prenons notre petit déjeuner en silence et une fois que nous avons terminé, Álvaro nous convoque tous les trois avec Aymeric.

- Vous avez un autre contrat ce soir. Et la demande est bien spécifique : vous allez tuer votre victime en versant du poison dans son verre. C'est à un mariage, je vous ai eu des invitations. Vous verserez ça dans son verre.

Il nous tend un flacon de mort aux rats, dont je m'empare.

- J'envoie l'adresse par message à Nex. Allez, vous pouvez dégager maintenant.

Nex le fusille du regard tandis que nous sortons de son bureau. Puis, nous retournons à la chambre.

- On va pouvoir revêtir nos perruques ce soir... je remarque.

- Ouais. Tu sais, si ça te dérange de le faire, tu pourras nous laisser faire moi et Aym.

Un sourire s'installe sur mes lèvres.

- C'est gentil, mais je dois survivre ici tout autant que vous, je n'ai pas envie de vous laisser faire le sale boulot tout seul.

- On a l'habitude de tuer des innocents. Toi par contre...

Je hausse les épaules,

- Il y a un début à tout comme on dit. Mais c'est vrai que si ce n'est pas moi qui verse le contenu de ce flacon dans le verre de notre victime de ce soir, ça m'arrange.

Il hoche la tête et me le prend des mains.

- Dans ce cas, on s'en occupera.

Ce soir je vais assister au meurtre d'un innocent. La dernière fois que ça m'est arrivée, c'est lorsqu'il a commis cette fusillade dans mon lycée. Et honnêtement, j'ai peur d'avoir du mal à me remettre de ce qu'il va se passer ce soir.