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Je ne pensais absolument rien de ce que j'ai dit. Mais c'est trop tard pour revenir dessus, puisque Jamila vient de sortir de la maison en courant. Il fait déjà nuit, et je me demande bien où elle compte aller. Je crois que si je lui ai dit tout ça, c'est simplement parce que c'est la première fois que quelque chose de ce genre m'arrive. Bien sûr, je suis habitué au contact des femmes, j'ai même couché avec des miss, le truc c'est que je n'avais jamais ressenti quoique ce soit pour l'une d'entre elle. Je ne me l'explique pas, mais Jamila me fait quelque chose. Elle me touche, peut-être de part son passé compliqué, et encore pire : je crois même que je l'apprécie, et ça, ça me fait clairement flipper. Ça m'énerve de la savoir seule dehors, mais je ne suis pas ce genre de mec qui court après une fille pour la retenir, et surtout après ce que je viens de lui dire. « Je ne suis pas amoureux de toi », bien sûr qu'elle le sait que je ne suis pas amoureux d'elle, pourquoi est-ce que je lui ai sorti une telle chose ??

Fatigué après la soirée que nous venons de passer, je me dirige à l'étage pour aller me coucher. Mais en chemin, je pars vérifier que mes papiers sont toujours cachés. Jamila a découvert il y a quelques semaines que j'étais censé travailler pour le gouvernement en voyant l'une de ces deux feuilles, mais elle n'a pas vu la seconde, la plus importante.

« Dossier confidentiel
Nex Morrigan : nouvelle recrue du gouvernement.
Taille : 1 mètre 88.
Particularité physique : Yeux bleus très clairs.
Affilé à l'agent du FBI : Nicholas Tuckson. »

Avant de m'échapper, je travaillais avec le père de Jamila. Évidement, je ne la connaissais pas et je me suis rendue compte qu'il devait probablement s'agir de sa fille après qu'elle m'ait dit son nom le premier jour. Elle ne connaît pas le vrai métier de son père, et ne doit jamais le découvrir. D'un par souci de confidentialité, et de deux ça pourrait la choquer.

Je secoue la tête et remets vite les papiers à leur place. Je pars dans la chambre, me glisse sous les draps, mais peine à trouver le sommeil. Ça me semble peine perdue. Je n'arrête pas de penser à elle, et de me demander où est-ce qu'elle peut bien être. Je soupire, j'ai dit que je n'étais pas ce genre de type. Alors... pourquoi est-ce que j'ai envie de partir à sa recherche ? Il fait froid dehors, et elle pourrait tomber sur des animaux sauvages.

- Et merde.

Je me redresse dans le lit, en sors et descends les rapidement les marches. Je mets une veste, lui en prends une et prends également mon arme, et sors. Mon premier réflexe est d'aller voir au lac, mais évidement, il n'y a personne. Ça serait trop simple sinon... je commence donc à marcher, l'appelant de temps à autre au cas où elle m'entende. Et petit à petit, je m'enfonce dans la forêt. Je commence à me perdre à cause du noir qui m'entoure, mais je suis nullement apeuré. Je suis ce dont on a peur, pas le contraire. Mes recherches ne se faisant pas concluantes du tout, je finis par m'assoir contre un arbre. Je n'arriverais à rien tant qu'il fera noir, même pas à retrouver mon chemin. Je me contente donc de me couvrir de sa veste, et ferme les yeux. Une nuit longue et éprouvante m'attend, alors j'espère m'endormir le plus rapidement possible...

*****

Je suis réveillé par la vive lumière du soleil qui vient m'éblouir. Je pose une main contre mon front pour atténuer la lumière, sans grand succès. Je jette un coup d'œil autour de moi et il me semble que je reconnais cet endroit. Évidement, ça fait plus de sept mois que je suis ici, donc cinq sans aucune compagnie, alors forcément ça m'a amené à aller découvrir les alentours. Je me mets debout, et grimace en sentant déjà plusieurs courbatures. Putain, j'ai l'impression d'être un vieux par moment. Je commence donc à marcher dans ce qui me semble être la bonne direction, malgré le froid et la probable maladie que j'ai dû attraper cette nuit. Petit à petit, je commence à tomber sur mes traces de pas de la veille, et ça me conforte dans l'idée que j'emprunte le bon chemin. C'est quand j'arrive au lac que je réalise que je ne suis plus qu'à quelques minutes de la maison. Je fais donc le reste du chemin en courant, me félicitant mentalement d'avoir pensé à racheter du café la dernière fois que nous avons fait des courses.

Une fois que j'arrive devant la maison, je pousse vivement la porte et qui je vois, tranquillement accoudée au comptoir ?

- Jamila.

- Nex.

- Je peux savoir où t'étais ? Je t'ai cherché toute la nuit.

- Ah oui ? fait-elle, étonnée.

- Bah ouais.

- Mais Nex... je me suis simplement posée derrière la maison, il n'y avait pas besoin de ratisser les bois à ma recherche.

Je hausse les sourcils.

- C'est une blague ??

- Non.

Je souffle un grand coup et me dirige vers un placard pour aller me faire du café, quand j'entends un rire lui échapper.

- Il n'y a rien de drôle.

- Oh si, excuse-moi mais si. C'est très gentil de ta part d'être partie me chercher mais... la première des choses à faire n'aurait-elle pas été de faire le tour de la maison ?

Je grommelle.

- Ta gueule, la prochaine fois je t'enferme dehors.

- Que c'est gentil et attentionné de ta part.

Je relève la tête vers elle, et c'est avec étonnement que je remarque qu'il n'y a aucune trace de mépris ou même de contrariété dans son regard. Elle a presque l'air... heureuse ? Pourquoi est-ce qu'elle serait heureuse ? Est-ce qu'elle ne rêvait pas de mourir il y a de ça plusieurs semaines, en arrivant ici ?

Je crois que je ne comprendrais jamais rien à cette femme.

N & JOù les histoires vivent. Découvrez maintenant