𝟝𝟙

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- Ce soir on sort pour te faire oublier, allez ! lance Leily, ma meilleure amie depuis plusieurs années déjà.

Elle est la seule personne qui m'avait manqué pendant mes six mois de cohabitation avec Nex.

- D'accord, d'accord...

- Cool, on met des robes assorties !

- T'en as ?

- Mais bien sûr que j'en ai ! Viens voir ça.

*****

- Et au fait, où est-ce qu'on se rend ? je demande dans la voiture de Leily.

- C'est dans un hangar. Ok, ça fait peur dit comme ça, mais ça va être chouette, tu vas voir.

- Si je me fait piquer par une seringue, tu payeras les frais de l'hosto.

- Dit la bourgeoise à son amie pauvre.

Un sourire se dessine sur mon visage. Leily n'a rien d'une personne pauvre, mais elle aime bien faire comme si lorsqu'elle est avec moi puisque ma famille est très riche.

Nous portons toutes les deux exactement la même robe, courte et moulante à manches longues. La seule différence, c'est que la sienne est violette et la mienne est rose.

- On va tout déchirer ce soir bébé ! lance-t-elle gaiement. Tu me la passes ?

Je lui tends alors la bouteille de vodka que j'avais commencé à boire. Depuis que je suis rentrée chez moi, j'ai pris la mauvaise habitude de boire à chaque fois que je me sentais mal. Ce soir, c'est simplement pour oublier.

- Tu pourrais essayer de te trouver un beau gosse avec qui...

- Non.

- Ok, j'ai compris, toujours pas de beau gosse pour toi ce soir même si tu pourrais littéralement avoir celui que tu voulais.

Ouais, mais celui que je veux, c'est celui qui m'a touché de manière apaisante pour me rassurer, celui qui m'a demandé mon consentement avant chaque nouvelle étape que nous franchissions, mais il n'est plus de ce monde.

Je reprends la bouteille de vodka et avale trois gorgées. Je manque de tout faire ressortir juste après, mais heureusement, j'arrive à garder le liquide en moi.

- Eh, garde un peu de place pour lorsque nous serons là-bas, fait Leily en me jetant un coup d'œil.

- Ouais, il y aura toujours assez de place pour de l'alcool, je marmonne.

Lorsque nous arrivons, elle se gare assez loin pour éviter tout problème à cause des gendarmes où de voleurs, et nous y allons donc à pied. C'est un endroit paumé et la musique s'entend comme si nous étions à côté alors qu'au moins 300 mètres nous séparent du hangar.

Nous marchons donc pendant plusieurs minutes avant de l'attendre. Il doit y avoir sans deconner plus de trois cents personnes, je n'avais encore jamais vu ça ! Et qui dit monde, dit alcool. Leily et moi échangeons un sourire complice et nous séparons. Elle, à l'air recherche d'une conquête, moi, à la recherche d'un bon remontant. Le contact des gens si proches de moi me met mal à l'aise, mais j'essaye de passer outre. J'ai descendu une bonne partie de la vodka dans la voiture, alors je tangue déjà un peu.

- Un verre ? fait un type avec un sourire.

Je m'en empare et le descends d'une traite.

- Cool ! fait-il. Tu m'as l'air d'avoir envie de t'amuser ce soir. Je peux... te vendre quelques trucs ?

Et il me montre discrètement un sachet de cocaïne. À ce moment-là, j'ai la désagréable impression de me sentir observée, mais je tente de passer outre. Je suis bourrée après tout, j'ai une mauvaise perception des choses.

- Combien ?

- 15 balles.

- Ça marche.

Je sors un billet de vingt euros de mon décolleté et le lui passe, puis m'empare du sachet. Je pars me trouver un coin plus tranquille, qui n'est autre que les escaliers qui mènent à un étage délabré, et commence à faire des rails. Je n'ai jamais snifé ça, mais j'ai déjà vu dans des séries comment ils s'y prenaient. Ce soir, on ne peut rien m'interdir de faire. Je sais que c'est une connerie, mais j'ai besoin de cette connerie.

Mais là encore, je me sens observée. Je redresse la tête et envoie un coup d'œil circulaire à la grande salle, mais rien ne relève mon attention. Alors, je me reconcentre sur mes rails. Je sors un billet que je roule, et commence à snifer mon premier rail. Puis, je passe au deuxième, et au troisième. Wow, ça arrache les narines !

Me sentant plus heureuse et légère, je me redresse et tombe au sol. Un rire incontrôlé m'échappe. Deux filles me regardent et l'une d'elle tente de me relever, mais je la repousse.

- L'homme que j'aimais est mort il y a un an pile, alors laissez-moi même lécher le sol si j'en ai envie !

Elles me dévisagent étrangement avant de s'éloigner. Je me redresse alors péniblement et me dirige vers autre groupe de filles.

- Vous n'auriez pas de l'alcool ? je meurs de soif.

Elles secouent toutes la tête. Alors, je pars demande à un autre groupe, mais elles n'en ont toujours pas. Puis, je remarque un groupe de mecs qui semblent se rafraîchir bien comme il faut. Alors, j'inspire un grand coup, prends mon courage à deux mains et me dirige vers eux.

- Eh les mecs, il reste un petit verre pour moi ?

Ils s'échangent tous un regard que je ne saurais et n'ai pas la motivation de comprendre, et un type se tourne pour me remplir un verre. Puis, il me le tend.

- C'est quoi ?

- Du rhum, beauté.

- Cool, c'est degueu mais ça bourre ! je fais en levant mon verre, ce qui les fait rire.

Puis, ils lèvent leurs verres avec le mien. Nous buvons tous ensemble et je le descends beaucoup plus vite que ce à quoi j'aurais pu penser. Mais rapidement, je me sens barbouiller. C'est fort, le rhum, et je sens que ça commence à remonter.

- Je... il me faut des toilettes. Il y en a ?

- Non, faut aller dehors, lance un des types. Attends viens, je vais te montrer.

Je m'accroche à son bras et tente de ne pas vomir tout ce que je viens de boire, ce qui s'avère être particulièrement compliqué.

Puis, une fois que nous atteignons l'extérieur, il me mène jusqu'au derrière du hangar. Là, il n'y a personne. Il n'y a même pas de lumière. Je fronce les sourcils et me tourne vers lui.

- Tu es sûr que...

Mais je m'arrête net de parler en remarquant que tout le groupe nous a rejoint, et qu'ils sont désormais cinq à m'entourer. Je redeviens instantanément lucide. Putain, je suis dans la merde.

N & JOù les histoires vivent. Découvrez maintenant