𝟚𝟜

8.2K 530 170
                                    

Une semaine a passé depuis que j'ai assassiné ce type dans les bois et depuis non seulement je continue de rêver de mes nombreuses agressions mais en plus je rêve de la mort que j'ai provoqué à cinq personnes différentes. Nex et moi ne parlons pas beaucoup, en faite on ne se croise pas énormément. Il est beaucoup sorti cette semaine pour des « raisons qui ne me concernent pas » et toutes ces fois j'ai essayé de fouiller dans la maison dans l'espoir de trouver ces papiers qui pourraient m'en dire plus sur lui. Je suis de nature curieuse, je n'y peux rien.

- Et si on faisait le ménage ? je propose soudain.

Il relève à peine la tête de son téléphone.

- Pardon, tu as parlé quelle langue au juste ?

Je lève les yeux au ciel.

- Je suis sérieuse. On risque de s'attraper des maladies et des infections à vivre dans une telle ruine.

- D'accord, très bien, tu n'as qu'à t'en occuper alors.

- J'apprécierais qu'on le fasse à deux.

- Pourquoi ça ?

Je soupire.

- Parce que nous sommes au 21 ème siècle et que ce n'est plus à la femme de faire tout le sale boulot dans la maison.

- Pourtant je te verrais bien à quatre pattes en train d'astiquer le sol.

- Tu es profondément dégueulasse.

Il hausse les épaules.

- S'il te plaît, Nex.

- Qui a dit que tu pouvais prononcer mon prénom ?

- Qui a dit que je ne le pouvais pas ?

- Tu me fais chier.

- Ça explique peut-être l'odeur de moisissure qui règne depuis un certain temps déjà.

Il me jauge de haut en bas avant de focaliser de nouveau son attention sur l'écran de son téléphone.

- Tant pis, je lance en sortant à l'extérieur de la maison pour prendre l'air.

J'ai besoin de vider mes poumons de l'air poussiéreux de la maison. Enfin, si on peut appeler ça comme tel. Il sort à son tour deux minutes après.

- Je viens de recevoir un message de la part d'Aymeric, je vais rencontrer un nouvel associé ce soir. Il viendra ici, il peut m'aider à m'enfuir du pays sans me faire remarquer, alors t'évites de faire la casse-couille, ok ?

- Moi, casse-couille ? Ça serait nouveau.

Étonnamment, un petit rictus prend place sur ses lèvres.

- Ouais, c'est ça ouais.

- Et on a de quoi l'accueillir au moins ?

- C'est-à-dire ?

- Tu as de quoi faire à manger pour quatre ? Puisque je suppose qu'Aymeric va s'inviter.

- Je ne sais pas. Je ne pense pas, il faudrait retourner aux courses.

- Et si on y allait maintenant ? C'est pas comme si on avait autre chose à faire de toute manière.

Il hoche la tête, retourne à l'intérieur de la maison pour aller chercher de l'argent et nous voilà en route, lunettes de soleil sur le nez et capuche rabattue sur la tête.

- Mais au fait, tu es sûr qu'il est fiable ce mec ? Et s'il allait te balancer aux flics ? je demande pendant que nous sommes sur le trajet.

- Aucun risque. Lui aussi est recherché.

- Oui mais peut-être que te dénoncer pourrait l'aider à réduire sa peine.

- Tu parles trop. Toutes les nanas sont comme ça ou c'est juste moi qui suis tombé sur la pire colocataire possible ?

- Étant donné que tu as affaire à l'ancienne reine d'un lycée rempli de bourges insolents et prétentieux qui pensent que l'argent de papa et maman leur apporte tout sur un plateau d'argent, alors j'aurais tendance à dire que toi qui n'es pas un grand fan des discussions longues et approfondies n'est effectivement pas tombé sur la bonne personne. Mais tu as pourtant dû en côtoyer pas mal des filles, tu devrais déjà savoir tout ça.

- Tu m'excuseras mais quand je suis avec une fille ce n'est pas vraiment son niveau de conversation qui m'intéresse.

Je lève les yeux au ciel.

- C'est comme toi avec les mecs, tu t'en fou d'en trouver un avec un bon fond tant que tu peux baiser avec, je me trompe ?

Je fronce immédiatement les sourcils. C'est absolument faux et aussi absolument insultant.

- Des fois tu ferais mieux de te taire, je lance.

- Ne me dis pas de me taire.

- Ou sinon quoi ?

- Je te le ferais regretter.

- Ouh j'ai peur, vas-y, fais-le moi regretter.

En une fraction de seconde, il me plaque contre un arbre, un bras appuyé contre mon cou pour empêcher tout mouvement de ma part.

- Tu n'as que ça en stock ? je demande. Tu me l'as déjà sorti le coup du « je te plaque comme on plaque une affiche au mur parce que je ne suis pas d'humeur ».

Il me relâche en grommelant une insulte que je préfère ne pas retenir.

Une fois que nous arrivons au magasin, nous faisons quelques courses rapides et pour ce soir, Nex prévoit de faire du poulet froid avec des carottes. C'est bon pour lui, ça le rendra plus aimable. Ensuite, nous rentrons à la maison et il semble ne pas savoir quoi faire.

- Comment je fais pour couper des carottes de manière à ce qu'elles soient râpées ?? demande-t-il soudain.

Je hausse les épaules.

- Arrête, tu le sais forcément.

- Parce que je suis une femme ?

- Non, parce que c'est la base de la cuisine !

- Alors tu devrais le savoir.

- Je n'ai jamais touché à un putain d'éplucheur de toute ma vie !

Une idée me passe soudain par la tête.

- Je veux bien te montrer comment couper tes carottes seulement si tu m'aides à faire le ménage dans la maison demain matin.

Il plisse les yeux et souffle un grand coup.

- T'es vraiment une pute.

Je hausse les épaules.

- Ok ! je fais en m'asseyant dans un fauteuil.

Je l'entends grommeler depuis la cuisine et un sourire triomphant se dessine sur mes lèvres.

- Ok c'est bon je t'aiderai pour le ménage ! lance-t-il.

Je me lève et m'approche de lui.

- Voilà qui est une décision rationnelle.

- Ferme-la.

Je passe outre sa mauvaise humeur et son langage grossier et m'attelle à lui montrer comment râper les carottes. Il prend rapidement la technique, heureusement d'ailleurs sinon il faudrait peut-être se poser des questions, et la nuit finit par tomber. Plusieurs bruits de coups frappés à la porte retentissent et Nex me prévient qu'Aymeric l'a informé qu'ils venaient d'arriver. Il ouvre la porte et salue Aymeric, que je salue également, puis le fameux homme qui est censé aider Nex à s'enfuir du pays sans se faire remarquer entre à son tour. Et là, mon cœur s'arrête. Non, pas lui, qu'est-ce qu'il peut bien faire ici ?? Eli, celui qui m'a volé ma première fois, se tient dans l'encadrement de la porte et me scrute de haut en bas. Il m'a reconnu et il savait très bien en venant ici que je serai là. Toute cette fameuse nuit me revient en tête mais je fais comme si de rien n'était devant Nex et Aymeric qui rigoleraient probablement de moi, et le salue d'un signe de tête. De toutes les personnes qui auraient pu mal tourner et se retrouver impliquer dans un réseau criminel contre le gouvernent, pourquoi a-t-il fallu que ça soit lui ??

N & JOù les histoires vivent. Découvrez maintenant