Chapitre 43

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Aïssa

On courait partout dans la maison, des voix alarmées se faisaient entendre. On dirait que personne ne savait où se mettre la tête.

- Il faut prendre le sac ! c'était mon frère qui avait parlé.

- Ses vêtements aussi ! mon père.

- On lui prend à manger ? Mel.

- J'irai lui en acheter. Lynn.

- Mais arrêtez, vous êtes en train de me stresser ! moi.

- Tu es déjà stressée, me dit mon copain qui me tenait dans ses bras.

- J'ai mal, je ne suis pas stressée.

Des semaines s'étaient écroulées. Pendant ces semaines, nous avons, comme prévu, payé les dettes du père de Kaden, nous avons accueilli nos invités, ils sont restés deux semaines, sont repartis chez eux, laissant la grande demeure très silencieuse. Par la suite, Kaden et moi avons visité Paris, comme il était convenu avant de revenir pour une course qu'il avait. Ces semaines, ces mois qui s'étaient écroulés avaient été les meilleurs mois de ma vie depuis bien longtemps.

Il était vrai que la mort du père biologique de Kaden avait été un évènement surprenant, mais il nous avait permis, Kay et moi, de nous rapprocher, nous a fait voir que malgré les adversités, nous pouvions et étions là l'un pour l'autre. Ce constat ne nous avait que confirmé avoir fait les bons choix depuis le début et nous a rendu encore plus amoureux l'un de l'autre.

Pendant ces semaines, pas une fois, il n'était rentré tard, pas une seule fois, il ne m'a pas mis en avant dans ses plans, pas une fois, il avait refusé de reconnaître ses torts où avait hésité de venir me parler quand quelque chose le tracassait. Pour ma part, pendant ce temps, j'avais, de plus en plus, appris à me tourner vers lui, plus me confier.

Cependant, plus le temps avançait, plus un stress naissait en moi ; celui de voir le visage de mon enfant. Il ne fallait pas se méprendre, j'aimerai ma fille peu importera son apparence. L'inquiétude venait du fait que je ne voulais pas que l'entente entre Kaden et moi soit découverte. Je savais que peu importait la couleur des yeux de ma fille, Kay allait l'accepter. Il l'aimait, je le savais. Les nombreuses fois que je l'ai surpris très tôt dans la chambre de notre fille en train de la peaufiner, en train de prêter attention aux moindres détails, me le prouvaient. Je le savais qu'il l'aimait déjà. La peur venait du fait que je ne voulais pas que les autres changent d'idée sur cet enfant et qu'éventuellement, la traite différemment.

Je n'étais pas inquiète pour les parents de Kaden. Elles étaient exceptionnelles, ouvertes d'esprit. Elles accepteront cet enfant, peu importe la situation, tout aussi longtemps qu'elles sont certaines que c'était le souhait de leur fils. Lynn, je le savais aussi, n'aura pas de problème. Mel non plus. En fait, le problème venait de ma propre famille. Malheureusement, je n'étais pas aussi bien entourée que Kaden l'était. Ma mère risquait de faire toute une scène, risquait même de renier cet enfant. Vous auriez pensé que le fait qu'elle soit hyper croyante, catholique et tout, qu'elle accepterait cet enfant, mais elle risquait de ne pas le faire, car elle était aussi extrêmement rancunière. Elle n'acceptera pas l'idée que j'ai gardé un enfant d'un autre qui m'a fait autant souffrir. Elle risquait aussi de dire que cet enfant était, non, je ne pouvais pas dire ce mot.

Toutes ces inquiétudes avaient été partagées avec Kaden, il avait compris la situation et avait essayé tant bien que mal de me rassurer, mais nous savions tous les deux que si une situation comme telle arrivait, j'allais en souffrir et que notre enfant allait aussi devoir grandir sans sa grand-mère.

Ne leur dit pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant