Chapitre 35

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Aïssa, quatre jours plus tard

Je supportais cette hostilité depuis trop longtemps, me dis-je quand j'entrai dans mon bureau encore sous un lourd silence. Agacée, je déposai rapidement mes affaires et retournai dans le couloir. Un par un, j'allai demandé à mes collègues de me retrouver dans mon bureau dans cinq minutes. Une fois fait, j'allais dans la salle de bain, me motiver avant d'aller les attendre, la porte grande ouverte.

Comme je le pensais, les curieux furent tous dans mon bureau à l'heure demandée et ne comprenant pas la situation, ils se regardèrent tous entre eux avant de me fixer.

- Je peux savoir pourquoi nous sommes tous ici ? me demanda Steven avec hostilité.

– Vous êtes là parce que vous ne vous êtes pas empêchés de venir. Quoi que vous fassiez vous tournez autour de moi, dis-je avec arrogance.

Certains grognèrent, d'autres me tuèrent du regard, mais personne ne fit un pas pour quitter mon bureau.

– Et encore une fois, vous venez de le prouver. Vous êtes tellement curieux, tellement sans gêne que vous ne pouvez pas vous empêcher de vous mêler de la vie des autres. Il faut croire que la vôtre est loin d'être intéressante. De vrais groupies, dis-je, en m'efforçant d'être dure.

Je ne parvenais pas à croire que je disais tout cela.

– Aïssa, pour qui te prends-tu ? De quel droit peux-tu venir ici et nous critiquer de la sorte ?

– Bonne question, j'ai oublié ton nom en fait, mentis-je à la femme aux cheveux noirs. Pour qui te prends-tu ? Non, pour qui VOUS, prenez-vous pour parler de moi comme si vous étiez mes meilleurs amis ou mes frères et sœurs ? Je vous ressemble ? Je riais avec vous ? J'ai grandi avec vous ? Je vous ai regardé vous faire remballer ? Quel lien avions-nous ensemble pour que vous vous permettez de me regarder de haut, de me juger ?

Personne ne parla.

– Garce ici, salope par là, chienne à gauche, vous m'insultez de tous les côtés. Qu'est-ce que je vous ai fait ? demandai-je, en serrant les poings. Je n'ai pas raconté ce qui s'est passé pour attirer votre pitié, je ne l'ai pas fait pour qui que ce soit d'entre vous, vous n'êtes rien pour moi. L'une d'entre vous se permet de me critiquer, alors qu'elle couchait avec Frank.

Silence.

– Je vous critique quand vous trompez vos femmes ? Je vous ai traités de putes quand vous couchiez avec l'ami de votre mari ? Non, parce que je n'en ai rien à foutre de votre vie. Je suis venue ici pour trois semaines, pour travailler. Je suis payée pour instruire, pas pour venir jacasser. Je l'ai trompé, et alors ? Je me suis fait violer, ça me regarde ! Je suis stupide ? C'est à moi d'en juger et à mes proches. Je sors avec un homme plus jeune, et alors ? Il couche avec vous ? Il y a plein de télé-réalité, si vous voulez japper, ou ruminer. Gardez ma vie loin de vos pensées.

Quelqu'un bougea.

– Vous êtes cruels, je ne comprends même pas comment j'ai fait pour ne pas le réaliser plutôt. Aimeriez-vous que votre sœur se fasse violer ? aimeriez-vous que vos filles se fassent violer ? Aimeriez-vous être à ma place ? Aimeriez-vous faire des cauchemars la nuit ? Aimeriez-vous vous regarder dans le miroir et avoir envie de disparaitre ? Je pris une pause pour reprendre mon souffle. Vous trouvez que c'est normal qu'il m'ait fait ça parce que j'ai bu et ai fait une erreur ? continuai-je. Il était celui qui me trompait et avec au moins une personne d'entre vous. Il voulait me demander en mariage ? Il m'aimait ? Commettre six viols est une manière de montrer son amour ? Vous savez quoi ? Dehors ! Le prochain, je le jure, le prochain qui ose venir m'insulter, parler de mon enfant, Dieu seul sait qui lui arrivera. Dehors, maintenant, dis-je glacialement.

Ne leur dit pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant