Chapitre 7

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Aïssa

Rien. Je n'avais rien pu dire au psychologue quand je l'avais rencontré hier. J'avais été incapable de lui dire comment j'allais, comment je dormais, comment je voyais tout ce qui m'entourait et encore moins lui dire ce que j'avais vécu. J'avais été muette comme une tombe.

Aujourd'hui en ce samedi matin très ensoleillé, je me retrouvais encore à marcher du centre jusqu'au petit café et ensuite poursuivre ma marche jusqu'au parc le plus proche. Comme hier la dernière fois, je m'installai sous l'arbre proche de vieil homme et le regardai peindre tout en mangeant ma salade et mes gaufres.

– Tu peux t'approcher, tu sais, me dit l'homme.

Je me levai, mon plat en main et mon sac à l'épaule et allai le rejoindre.

– Vous faites cela tous les jours ?

– Oui, le golf ne m'intéresse pas et un retraité comme moi n'a rien de mieux à faire.

– Je suis Aïssa, dis-je en regardant la même forêt qu'il avait commencée hier.

– Joli prénom et pardonne le cliché, pour une jolie jeune femme. Je suis Patrick.

Je souris cette fois.

– Enchantée Patrick et, pour cette fois, ce cliché est accepté.

– Juste pour cette fois ?

– Juste pour cette fois.

– Que fais-tu ici ?

Je perdis mon sourire.

– Je suis venue marcher.

– Non, que fais-tu réellement ici ?

Je regardai mes pieds cette fois.

– Tu n'as pas encore ta réponse, d'accord.

– Je suis venue pour me sentir libre, m'évader.

– Parfait, tu as trouvé ce que tu devais faire en venant ici ?

Je fis signe que non.

– Va faire un petit tour, une dizaine de minutes de marche, quand tu auras vu le terrain de golf, tu auras suffisamment vu pour comprendre ce dont toi tu as besoin.

Je fronçai les sourcils devant son conseil.

Ce dont moi j'ai réellement besoin ?

– Je reviens dans une dizaine de minutes alors, dis-je.

– Termine de manger, rien ne presse et ta mine est toujours aussi mauvaise.

– Vous savez comment remonter le moral, vous, dis-je, pas du tout offusquée.

Je me suis pourtant maquillée.

– Je suis là pour ça.

Je restai debout à côté de lui et continuai à observer tous ses gestes tout en mangeant.

– Tu as déjà essayé la peinture ?

– Je suis professeure d'art et de mathématique à l'université.

Drôle de mélange, je le savais, cependant je n'avais jamais pu trancher alors j'avais tout simplement étudié dans les deux domaines.

– Ah, j'ai donc affaire à une professionnelle.

Je rougis malgré moi.

– Je ne veux en aucun cas vous juger, je suis tout simplement une admiratrice de votre œuvre. Je ne m'attendais pas à ce que vous peigniez un tel monde alors j'ai été captivée.

Ne leur dit pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant