Chapitre 33

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Aïssa

Je me réveillai ma main sur mon coeur sur le point de s'arrêter, en sueurs et la gorge sèche, un cauchemar, facile à deviner, mais ce n'était pas l'un de ceux auxquels j'étais habituée. Non, cette fois, c'était bien différent. Je ne voyais pas Frank qui me poursuivait pas plus que je n'avais l'impression d'être sur le point de revivre une scène de viol. C'était beaucoup pire.

Je me voyais seule, sans ma fille. Une fille que j'aurais abandonnée suite à l'abandon de ma famille qui, avait reconnu une part de Frank en mon enfant. Je me voyais délaisser ma fille pour ensuite l'abandonner malgré ses cris.

Je passai ma main tremblante dans mes cheveux, me mordillant les lèvres, les larmes aux yeux. Je ne ferai jamais une telle chose et cela même si ma famille m'abandonnait ou me reprochait d'avoir garder cet enfant.

Cet enfant était ma lumière durant cette période difficile. Sans elle, je ne serai surement pas où je suis en ce moment. Sans elle je me serais laissée dépérir et pire encore, peut-être que j'aurais succomber serais devenu folle ou suicidaire. Comment pourrais-je rejeter le symbol du moindre sourire naissant sur mes lèvres ? Comment pourrais-je abandonner mon sang et l'être que j'aimais le plus au monde ?

Doucement, je reculai et allai appuyer mon dos contre la tête du lit avant de déposer mes mains sur mon ventre pour le caresser.

Impossible que je t'abandonne. Jamais maman ne t'abandonnerait.

Jamais.

J'avais simplement peur, voilà pourquoi j'avais fait ce rêve. La peur de devoir abandonner mon père ou mon frère même si j'envisageais une telle éventualité. C'était tout.

Éclairée par les lumières de cette ville puisque nous avions oublié de baisser les stores, je restai ainsi plusieurs minutes avant de regarder l'heure pour voir qu'il était près de quatre heures. Je soupirai doucement avant de me mettre à sortir du lit le plus doucement possible sauf que Kaden se réveillait très facilement quand il n'était pas en état de fatigue.

- Tout va bien ? marmonna-t-il de sa voix chaude et rauque qui créa de délicieuses bouffées de chaleur partout dans mon corps.

- Oui, je me suis réveillée trop tôt. Je vais continuer le tableau.

Patrick et moi devions peindre un énorme tableau pour la maison à Londres. Ce serait un souvenir de lui et un superbe tableau, car cet homme avait un don.

Il ne dit rien, il prenait surement le temps d'assimiler l'information, car le fait qu'il avait ouvert les yeux et le fait qu'il soit mentalement réveillé étaient deux choses très différentes.

- Reste avec moi, entendis-je après quelques secondes.

Pour m'inciter à le faire, il se mit sur le côté, tapota la place face à lui avant de me regarder de ses yeux dans lequel le sommeil disparaissait petit à petit.

Depuis la rencontre avec Lynn ce qui remontait à deux jours, il passait son temps soit devant son ordinateur à s'informer de l'état de la compagnie de ses parents et de son nouveau rôle en tant que représentant de McLaren ou à dormir.

J'avais compris que c'était sa manière et s'échapper aux discussions et à s'empêcher de penser à des hypothèses concernant les circonstances ayant poussé Lynn a le faire adopter.

Ces deux derniers jours, c'était à peine que l'on passait du temps ensemble alors maintenant qu'il me le proposait, pourquoi pas ?

- D'accord, dis-je avant d'aller m'installer face à lui.

Une fois face à face, il me regarda dans un silence religieux pendant de longues secondes qui me parurent être des minutes ou même des heures avant de finalement parler.

Ne leur dit pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant