Chapitre 20

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Kaito observait leur armée franchir les portes de la ville en direction de La Grande Plaine, depuis les remparts de la résidence. Il croisa les bras, anxieux. S'il avait été présent, il se serait assuré qu'aucun drame ne se produisît. Avec le temps, les pouvoirs de régénérescence de son père s'amenuisaient pour une raison inconnue et n'empêchaient plus sa santé de se détériorer. Il le voyait dépérir au même rythme qu'un simple non doté.

— Kaito ?

Takeshi apparut sur le côté avec un doux sourire.

— Que dirais-tu d'un entraînement ? J'ai pris goût à me battre contre toi, dit-il en faisant rouler un bâton entre ses doigts.

Le prince assentit et ils descendirent ensemble pour se diriger vers la petite cour. Rien ne valait un combat pour écarter la négativité. Tout en jouant avec son arme factice, Takeshi songea à l'ordre qui le condamnait encore il y a peu.

— Pourquoi ne suis-je pas parti en guerre avec eux ?

— Ces temps-ci, l'humeur de mon père est très instable. Il me cache des choses, grommela l'héritier.

Une main fine se referma sur son épaule.

— Kaito-sama ?

— Oh, Umi-chan.

Les yeux de Takeshi roulèrent au ciel. Aujourd'hui, la Sang Pur arborait une longue robe ivoire de guerrière, fendue jusqu'en haut de la cuisse. Il battit des paupières, désabusé.

— J'avais complètement oublié que tu restais ici, excuse-moi.

— Je comprends, la situation de ton père te préoccupe, dit-elle en laissant traîner sa main sur son bras.

La proximité de la jeune femme envers son prince agaça Takeshi. Avait-t-elle besoin de le toucher ainsi pour lui exprimer son soutien ? Il lâcha un bruyant soupir. Kaito finit par noter l'œillade grincheuse qu'il appuyait sur eux.

— Umi-chan, je dois aller entraîner Takeshi.

— Ah, oui ! Ton disciple, s'exclama-t-elle en agitant une main joyeuse en sa direction.

Takeshi afficha son rictus le plus niais. Cette déconsidération était une seconde nature chez ces Sang Purs Kimura. Lui-même se surprenait à éprouver tant d'amertume envers une inconnue – il n'était pas de nature hargneuse, tout au contraire –, mais son attitude ainsi que celle de Kaito en sa présence l'insupportaient profondément. La jeune femme effleura à nouveau le bras de Kaito du bout des doigts.

— Veux-tu... que l'on se retrouve plus tard ? Au onsen, par exemple ?

Cette proposition, assez audible pour qu'il l'entende, fit bondir Takeshi en lui-même. Ses doutes se confirmaient donc. Lorsque leur prince opina, il grinça des dents. Cet idiot était sans aucun doute intéressé par cette fille aux jambes interminables. Il se retourna et croisa les bras. Kaito vint se planter devant sa moue aigrie.

— Que t'arrive-t-il ?

— Mais rien, ironisa Takeshi, absolument rien.

— Ah, ne recommence pas, parle !

Son apprenti le toisa dans un silence révélateur. Kaito croisa les bras à son tour.

— Tu n'aimes pas beaucoup Umi-chan, n'est-ce pas ?

— Umi-chan... articula Takeshi en papillonnant des cils.

— Eh, je t'entends.

— Ah, c'est vrai, toi et tes oreilles...

Entre ombres et lumière T1: Le secret des DieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant