Chapitre 53

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Il y a un très léger lemon ici (un préli uniquement), mais vraiment court et indissociable de l'histoire, donc je ne peux pas l'isoler mais vous pouvez survoler ce petit passage ça ira très bien :)

Bonne lecture !

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Kaito prit le chemin du pommier, une cape à la fourrure blanche entre les bras. Comme chaque matin depuis deux semaines, il trouva Takeshi assis contre le petit arbre bourgeonnant, admirant la ville endormie à la pâle lueur de l'aurore. Cette paix était précieuse. Elle l'isolait dans une bulle et le coupait du monde. Kaito drapa son corps frissonnant dans la cape épaisse, prenant soin de refermer la fourrure jusqu'au cou. Cet oubli de soi volontaire était tout aussi triste qu'inquiétant.

Il posa ses mains chaudes sur ses joues glacées et examina son regard, inlassablement figé dans le vide.

— Takeshi-kun, veux-tu aller avec moi au bord du Lac Namida, comme avant ?

Face à son éternel silence, Kaito baissa la tête. Il glissa une main dans sa nuque et l'embrassa amoureusement sans que Takeshi ne réagisse.

— Tu me manques, mon ange... susurra le prince, la gorge nouée.

Il apposa son front au sien puis se releva et rebroussa chemin dans la pénombre. Takeshi ferma les yeux, le cœur lourd.

— Celui que j'étais te manque...


De Naoki à Yuna, tous essuyèrent les mêmes esquives de la part de Takeshi tout au long de la journée. Leurs paroles réconfortantes et leurs questions ne l'atteignaient plus, bien qu'il les écoute avant de prendre congé poliment. Une voix fluette – quoiqu'essoufflée – interpella Kaito depuis les portes du domaine.

— Kimura-sama ! s'écria Naoki en courant vers lui, un panier à la main.

Le prince le dévisagea, bougon.

— Pouvez-vous offrir ça à Takeshi, Kimura-sama ? Ce sont ses dango préférés...

— Pourquoi ne lui donnes-tu pas toi-même ?

— J'ai... j'ai essayé, il ne les a même pas regardés... Mais si c'est vous, mon prince, ce sera différent.

Kaito finit par s'emparer du panier et tourna les talons sans un mot.

— Son sourire, ses rires... murmura Naoki, attristé. Mon meilleur ami me manque. Je vous en prie, faites-le revenir, Kimura-sama. Vous seul en avez le pouvoir.

Kaito s'arrêta dos à lui et baissa tristement les yeux sur les petites boules colorées. Était-il seulement capable de lui redonner goût à la vie sans même savoir ce qui l'avait détruit ?


Les brailleries des clients dans les auberges résonnaient à une centaine de mètres de là. Malgré les températures printanières de la nuit, les galets de la rive restaient frais sous le fessier de Takeshi. La chaleur du saké était appréciable. Il comprenait, à présent, ce besoin qu'avaient les gens de noyer leur chagrin dans l'alcool. L'esprit était libre et la souffrance disparaissait, durant un temps précieux. Il effleura l'eau clapotante, l'âme légère.

— Takeshi-kun ?

Takeshi leva un regard surpris vers son prince, debout derrière lui. Ce dernier s'assit à ses côtés et remarqua la jarre blanche à moitié vide entre ses mains molles. Lui qui avait une sainte horreur de l'alcool, le voir boire ainsi, seul, était réellement inquiétant.

Entre ombres et lumière T1: Le secret des DieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant