Entre ombres et lumière T1: Le secret des Dieux

"Éveil" - part 1

¹-kun : suffixe honorifique affectueux, ou d'un aîné à un plus jeune (sans politesse).

²-sama : suffixe honorifique employé envers une personne de haut rang.

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Les rayons du soleil réchauffaient le dojo dans lequel les enfants méditaient sous les yeux de leur maître, en cette fraîche matinée d'automne. Le sexagénaire, dans son très long kimono de lin blanc, tournait autour d'eux pour contempler les minces halos émanant de leurs corps, encore inexpérimentés mais déjà robustes. Leurs énergies spirituelles s'éveillaient dans leurs veines. Le corps qui étincelait le plus était celui du jeune prince Kaito Kimura, héritier du second clan à partager ces terres et vivre dans la cité. Un garçon aux capacités déjà remarquables à seulement onze ans, promis à un avenir radieux.

Les enfants revenus à la réalité, le cours s'acheva. Kaito se releva dignement sous les regards admiratifs de ses camarades ; une simple routine. Il s'inclina devant le maître à l'instar des autres élèves et partit se changer dans une petite pièce attenante, dédiée à cet effet. Son long vêtement aux couleurs or et blanc enfilé, son rubis du dragon au cou et sa coiffe dorée réhaussant une queue de cheval, il franchit les portes du dojo. Les enfants comme le maître le saluèrent avec une grande déférence.

Tout cela importait pourtant peu car Takeshi, son ami le plus cher, ne se trouvait pas parmi eux, encore une fois, retenu à la maison par son père. Ce père et second chef de clan en deuil de sa femme et son fils aîné depuis six ans. Ce père aigri traitant son unique enfant restant comme un moins que rien chaque jour qui s'écoulait et le gardait à la résidence où habitaient leurs deux familles.

Depuis plusieurs mois et au gré de ses humeurs, il empêchait Takeshi de se rendre en cours pour des raisons que Kaito ignorait. Son instinct le mettait en garde contre cet homme aux pouvoirs obscurs, opposés aux siens et à ceux de son noble clan. Takeshi était pour lui l'être le plus précieux sur cette Terre et il ne supportait pas de le voir ainsi malmené.

En arrivant dans la grande résidence de leurs deux familles, il aperçut son ami, tristement assis sur le rebord de la haute terrasse en bois longeant la demeure, la tempe en appui contre l'un des piliers. C'était la quatrième fois en une semaine que son père l'avait jeté de chez eux sans se soucier des températures automnales. Kaito se précipita vers lui et ôta sa propre veste pour l'en recouvrir. Sa peau était glacée et son nez rougi par le froid, il avait dû être mis dehors aux aurores. Ou pire, dans la nuit.

― Takeshi-kun¹, ça va ? dit-il en lui frictionnant les bras.

Ce dernier répondit d'un faible hochement de tête. Le voir dans cet état déplorable devenait de plus en plus insupportable. En découvrant sa lèvre abimée et sa joue bleuie, le jeune prince serra les dents.

― Viens, je t'emmène au lac.

― Je ne peux pas, Père m'a interdit de sortir de...

― Je m'en fiche, tu viens avec moi, gronda Kaito en l'entraînant par la main. Ma parole vaut mieux que la sienne.

Takeshi pinça un sourire chagrin et se laissa conduire jusqu'au lac immense qui faisait face à la résidence.

Le soleil faisait étinceler l'eau de mille éclats et l'horizon vallonné était bordé d'une forêt aux magnifiques nuances cuivrées. Sur la rive, Takeshi inspira l'air frais à pleins poumons ; ces balades lui faisaient le plus grand bien. Perché sur le toit de paille d'une cabane de pêcheur, Kaito lui tendit une main pour l'aider à le rejoindre, puis s'allongea les bras derrière la tête et grommela.