01.

3K 182 23
                                    

C'est à onze ans que j'ai réalisé que ce qui pouvait paraître normal à mes yeux ne l'était sûrement pas aux yeux du monde qui m'entourait

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

C'est à onze ans que j'ai réalisé que ce qui pouvait paraître normal à mes yeux ne l'était sûrement pas aux yeux du monde qui m'entourait.

Ma normalité c'était d'avoir une mère au comportement borderline qui trouvait du réconfort dans toutes sortes de drogues diverses et variées pour oublier la vie et ses responsabilités. Avoir un nouveau « papa » chaque fois que l'ancien n'était plus en mesure de lui fournir ce qu'elle consommait et devoir vivre cloîtrée dans ma chambre pour les éviter.

C'est chez Kelly, une camarade de classe, que la vérité m'a sauté aux yeux. C'est la première fois que j'y allais. Elle vivait avec ses deux parents, et je me souviens les avoir observé, comme hypnotisée par l'amour qu'ils dégageaient et je me suis demandée pourquoi mes frères et moi n'avions pas le droit à une famille comme celle-ci. Avec une maman qui travaille, qui nous prépare des gâteaux pour le goûter et un papa qui nous aide à faire nos devoirs, plaisante avec nous et nous serre dans ses bras.

Nous on avait la mère camée et les beaux pères louches, qui me terrifiait la plupart du temps. Je n'avais jamais le droit à un goûter, je me contentais des repas que mon grand frère nous apportait.

Pour que tous nos besoins primaires soient comblés, Éric, âgé de seize ans à l'époque, faisait de son mieux pour gagner de l'argent. Ce n'était pas tous les jours facile et je détestais ça, mais il sortait le soir, accompagné de son meilleur ami, prétextant un travail de nuit.

Si j'avais la boule au ventre quand je le voyais partir – les voyais partir – je m'abstenais de le lui dire, car aussi loin que remontent mes souvenirs, c'est toujours lui qui avait pris soin de moi et je me refusais de le faire culpabiliser de me laisser.

Des règles ont vite été établies et je ne les ai jamais enfreintes. Durant toutes ces années, il n'a pas eu la nécessité d'hausser le ton ne serait-ce qu'une seule fois avec moi, parce que même si ça m'agaçait de devoir me plier à ses exigences, je savais pertinemment que c'était pour nous protéger.

C'est donc pour ça que ce jour-là, lorsque je ne l'ai pas vu à la sortie de l'école, j'ai demandé à Kelly si je pouvais venir attendre chez elle. C'était une des règles alors je m'y pliais sans rechigner. Il ne voulait pas que je rentre à la maison lorsqu'il n'y était pas. Et à vrai dire, je n'aimais pas être à la maison quand il n'était pas là de toute façon.

C'est deux heures plus tard que mon frère était venu me récupérer chez mon amie. Il avait dû gérer un problème à la maternelle avec la maîtresse d'Evan.

Si notre plus jeune frère était notre petit rayon de soleil, Ric était notre pilier. J'avais conscience qu'il usait de subterfuges et de mensonges pour ne pas éveiller les soupçons afin que l'on puisse rester tous ensembles. S'il n'avait pas été là, je suis certaine que nous aurions tous été séparés depuis bien longtemps.

The Night Riders ( réécriture en cours...) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant