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Je souffle par dépit et de la fumée blanche s'échappe de ma bouche en même temps qu'un frisson me traverse le corps, comme pour me rappeler qu'il fait un froid de canard et que je suis à peine couverte

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Je souffle par dépit et de la fumée blanche s'échappe de ma bouche en même temps qu'un frisson me traverse le corps, comme pour me rappeler qu'il fait un froid de canard et que je suis à peine couverte.

— Je suis ridicule. Qu'est ce que je fais là ? me demandé-je à moi-même

Ton cher frère, qui ne t'a donné aucune nouvelle depuis un peu plus de neuf ans, t'a convié dans son humble demeure pour s'entretenir avec toi.

On est dimanche, je devrais être en train de faire la grasse mat' pour me remettre de mes deux services du week-end, sauf qu'il est sept heures et que je suis devant cet immense portail à faire les cent pas depuis déjà un bon quart d'heure.

J'ignore pourquoi j'ai pris la décision de lui accorder de mon temps, enfin non, je sais pourquoi je suis là. Parce qu'une infime partie de moi pense qu'il a une raison valable d'avoir fait ce qu'il a fait. La petite fille de douze ans qui a été abandonnée et qui sommeil en moi espère que l'explication qu'il va fournir permettra à ma rancœur de s'envoler dès que les mots franchiront le seuil de ses lèvres.

Mais l'adulte que je suis devenue sait pertinemment qu'aucune raison n'excuse un silence long de presque une décennie. Puis, j'ai vécu trop d'horreurs après lui pour pouvoir passer outre aussi facilement. À moins qu'il ne m'annonce qu'il a été enlevé par des extra terrestres et qu'il vient de faire son retour sur Terre, absolument rien ne pourra combler cette sensation de vide dans ma poitrine.

Je regarde mon portable pour relire une énième fois le message que j'ai tapé alors que j'étais installé à l'arrière d'un taxi, en chemin pour venir ici. Si Logan m'a laissé son numéro et m'a expressément demandé de le contacter, ce texto est adressé à mon frère.

Le cerveau humain est un mystère et le mien n'a pas oublié son numéro malgré les années passées. Je mise donc sur le fait que le sien soit resté inchangé durant ce laps de temps et me décide enfin à cliquer sur envoyer.

-7h07-
C'est Emilia, ta sœur... Je suis devant le portail. Si tu veux me parler c'est le moment.

Mentalement je me pose une limite s'il ne répond pas dans dix minutes, je pars et je ne reviendrai plus. J'ai conscience que c'est une méthode de dégonflée étant donné que si j'avais écrit à Logan j'aurai certainement obtenu une réponse quasi immédiate, mais cette porte de sortie me permet d'atténuer mon angoisse.
Malheureusement, mon portable vibre dans ma main alors même que je m'apprête à appeler un taxi.

-7h16-
Je viens de voir ton message. On va venir t'ouvrir, ne pars pas s'il te plaît.

T'as eu chaud.

Une minute de plus et j'aurai décampé sans me retourner. Je ne prends pas la peine de lui répondre. Quelques secondes après son message, le portail s'ouvre sur le gars blond qui était avec eux vendredi. C'est seulement maintenant que je réalise que l'autre soir, ce n'était pas la première fois que je le voyais. Ce gars est déjà venu à plusieurs reprises au NightShift avec certains de ses copains bikers.

— T'es là pour voir Éric c'est ça ? demande-t-il sur un ton qui se veut amical.

Je me contente de hocher positivement la tête.

— Suis moi il t'attend dans son bureau.

Le fait qu'il envoie quelqu'un pour me récupérer me fait soupirer d'exaspération. Mais qu'en plus il décide de me recevoir dans son bureau.

Sérieusement Éric ?

Ça fait neuf ans qu'on ne s'est pas parlé et il m'accueille comme si j'allais passer un entretien d'embauche.

D'ailleurs à quoi ressemble un entretien d'embauche dans leur milieu ? Je ne pense pas vouloir connaître cette réponse un jour.

Je traverse la grande cours et atterrie devant cet immense manoir que je surnomme « le bordel » au vu de ce qu'il s'y passe à l'intérieur, selon les rumeurs qui circulent.

C'est seulement à mes dix sept ans que j'ai appris que mon frère et son meilleur ami Logan étaient membre d'un club de biker.

Je n'ai pas été surprise et je suis certaine que lorsque j'étais enfant et qu'ils partaient le soir, c'est pour ces hommes là qu'ils travaillaient et que de ce fait ils traînaient déjà des affaires pas très légal pour toucher de l'argent.

Je me suis même trouvée un peu bête quand je l'ai su. Parce qu'en y repensant, le fait qu'ils conduisent une moto dès leurs seize ans alors qu'ils avaient à peine de quoi acheter à manger, aurait dû me mettre la puce à l'oreille beaucoup plus tôt.

J'étais jeune et naïve. Beaucoup trop naïve. Mais cette époque est révolue.

Je me suis renseignée sur les Night Riders quelques années plus tard, parce que oui c'est leur nom, ils se font appeler les Cavaliers de la nuit. Il s'avère qu'ils donnent principalement dans le trafic d'armes et de drogues dites légères.

Être au fait que Ric est mêlé à ce genre de business me rend encore malade quand j'y pense trop. Je me dis que c'est la seule famille qu'il me reste malgré tout et penser qu'il suffit qu'une affaire tourne mal ou qu'il se retrouve être la cible d'un règlement de compte, pour que la vie lui soit ôtée est un crève-cœur.

Savoir qu'il est vivant mais qu'il ne souhaite pas me parler est une chose, mais le savoir mort en est une autre. Je ne supporterai pas de le perdre lui aussi, même si je l'ai déjà perdu de bien des manières.

Je traverse les couloirs de cette énorme maison et suit le blond à l'étage, il s'arrête devant une double porte et toc avant d'ouvrir.

— Elle est là Boss, annonce-t-il.

Boss sérieusement ?

Il s'écarte, me laisse entrer puis referme la porte derrière moi. Je me retrouve donc seule, avec mon frère, dans cette pièce au dimension démesurée qui me semble pourtant être minuscule à cet instant.

J'observe Éric qui est affalé sur un grand canapé en cuir, il semble tout aussi nerveux que moi.

— Tu peux t'asseoir Emi, propose-t-il en m'indiquant la place à ses côtés.

Je m'installe à son opposé les mains jointes sur mes cuisses. C'est mon frère et fut un temps il était une figure de stabilité dans ma vie, nous étions hyper proche, mais là j'ai l'impression de faire face à un étranger.

Il a changé physiquement, il est bien sûr plus grand, ses cheveux sont d'un blond plus foncé qu'avant, même s'il les coiffe toujours de cette même façon un coiffé/décoiffé qui donne l'impression qu'il vient de sortir du lit. Sa carrure est plus développée, on voit qu'il fait beaucoup plus que de simplement s'entretenir. Il a une barbe de quelques jours qui le vieillit et lui donne facilement deux à trois ans de plus que ses vingt sept ans.

Je remarque des tatouages qui dépassent de son tee shirt au niveau de son cou et son bras gauche qui en est totalement recouvert. Ça aussi c'est nouveau, il n'en avait aucun dans mes souvenirs.

La seule chose qui n'a pas changé ce sont ses yeux. Toujours ce même vert presque translucide. Le même que celui de notre génitrice, mais surtout le même vert que celui de notre petit frère Evan. À cette pensée, une boule se forme dans ma gorge.

— Merci d'être venu Emi, j'avais besoin de te parler. Je sais que j'aurai dû le faire beaucoup plus tôt mais avec tout ce qu'il s'est passé... dit-il la gorge nouée.

Il laisse sa phrase en suspend mais il n'a pas besoin d'en dire plus, je sais à quoi il fait référence.

The Night Riders ( réécriture en cours...) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant