Entrelacs Verts Émeraude

Prologue

MIRABEL

C'était à n'y rien comprendre, mais pourtant, elle était bien là, brillante de toutes ses dorures et parures : une nouvelle porte. Notre famille se concerta, au complet.

Étrangement, nous étions tous en proie à l'inquiétude, à la crainte du changement. Cependant, nous avions déjà eu des difficultés à surmonter des évènements qui nous avaient poussés à évoluer. Alors pourquoi tant d'effarement face à ce qu'il nous arrivait ? Ce n'était qu'une étape vers... autre chose ? Que je ne pouvais nommer, mais une étape.

C'était une première, un fait historique. Aujourd'hui, cette porte, que Casita nous offrait, n'était pas destinée à l'un d'entre nous. Antonio était toujours le plus jeune des Madrigal et, malgré cela, tout indiquait que quelqu'un avait sa place dans la maison.

Une personne qui ne partageait pas notre sang.

Bien évidemment, nous avions des pistes quant à l'identité de la personne qui nous rejoignait. Des pistes uniquement, car nous n'avions pas véritablement de certitude. Il fallait d'abord que la personne concernée pose la main sur la poignée. Le nom ne s'affichait pas, d'ailleurs.

Nous étions encore en train d'échanger sur cet évènement quand une série de cris se mirent à retentir à l'entrée de la maison. J'entendis mon nom, scandé dans la précipitation, un mélange hétérogène de colère, de tristesse, de peur. Cela me fendit le cœur. D'autant plus que je reconnaissais les personnes qui poussaient ces cris.

Des coups furent frappés à la porte d'entrée. Ils refusaient toujours d'entrer sans autorisation, alors qu'ils étaient un peu chez eux, qu'ils avaient toujours été chez eux.

— Je vais aller leur ouvrir, décidai-je. Et je vais aider, enfin, si je le peux.

Machinalement, je me préparais à sortir, seule, quand tío Bruno me prit par l'épaule.

— Mirabel, je viens avec toi.

— Mais...

— Tu veux vraiment laisser Hernando venir à ma place ?

Je souris malgré l'urgence de la situation. Abuela s'interposa. Je crus qu'elle nous dissuaderait de partir à la rescousse, mais elle déclara :

— Nous allons tous les aider. Allons-y.

Nous nous précipitâmes sur la place du village. Nous priions pour qu'il ne fut pas trop tard.