V. 11.

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11. J'ai du mal à te montrer comme il faut que je tiens à toi

MARCO

J'entendis les cris, le portail se refermer et, pire encore, les insultes de la jeune fille. Une des femmes présentes autour du cercle, à la chevelure flamboyante, tenta de me retenir. Je me dégageai et pénétrai dans le dôme.

Je découvris la blonde en larmes, le visage déformé par la colère, flottant à quelques centimètres du sol. Je regardais l'homme qui était là, au sol, en train de maintenir le plus jeune qui cherchait à aider sa sœur.

— Je vous avais dit de ne pas la laisser s'emparer de l'anneau, m'énervais-je.

— Elle a essayé de protéger Arieta, s'opposa l'homme, alors excusez-moi, mais je ne comptais pas l'en empêcher.

— Et tu lui parles autrement, me disputa ma sœur.

Ma parole, elle aimait ce type ? Vraiment ? Parce que ce serait la seule explication à le défendre de la sorte. Ari tenta de raisonner sa petite, mais je savais déjà que les mots ne suffiraient pas. J'avais sombré plus de quinze ans dans cette folie qui s'emparait de moi, il était difficile de s'en défaire. Pour mettre fin à ce supplice, il fallait que l'ancienne sœur reprenne la bague et se réapproprie son ombre.

Le brouillard se dissipa, mais les autres demeurèrent interdits, autour du dôme. Ils n'auraient pas pu aider, de toute manière. Arieta nous ordonna de sortir à notre tour, affirmant qu'elle était tout à fait capable de la calmer.

— Tu es sûre ? m'enquis-je.

— Pas du tout, admit-elle. J'ai du mal quand elle se rebelle, mais...

— Tu as toujours hésité à t'expliquer avec elle, intervint l'homme qu'elle semblait aimer. C'est l'occasion. Vas-y, maintenant.

Et sans demander son reste, il rabattit son capuchon sur son visage et emporta le jumeau pour le mettre à l'abri. Quant à moi, je demeurais là, spectateur, au bord du précipice, sans savoir par où m'échapper. J'étais un peu idiot d'avoir fait cela...

— Sofía, écoute-moi ! lança Ari.

— Non ! J'en ai marre de t'écouter ! C'est toujours des reproches ! Je suis toujours à te tenir tête, c'est toujours moi qui agis en marginale ! C'est toujours Esteban qu'on borde le soir, toujours lui qu'on accompagne pour tout ! Si tu voulais juste adopter mon frère, tu n'avais qu'à me laisser là-bas.

DeVidrio me lança un regard interloqué.

— Elle ne le pense pas, hurlai-je pour couvrir le son du vent. Ce sont les voix qui lui dictent ce discours.

Elle évita une branche qui s'élevait dans les airs et tenta tout de même de la rappeler à l'ordre. Le plus dangereux dans l'histoire, c'était que cette jeune fille pouvait tuer des gens, avec ce don.

— Ça n'a jamais été des reproches, Sofía, ne leva pourtant pas la voix sa tutrice. Et si j'avais dû t'abandonner pour des tas de raisons idiotes, j'aurais eu bien des occasions, crois-moi. Souviens-toi quand je t'ai retrouvée dans la forêt, après ton « accident. »

Elle parvint à la convaincre de matérialiser un souvenir dans les derniers nuages de fumée encore présents. Deux silhouettes, les deux femmes, même si la plus jeune n'était encore qu'une enfant, se tenant l'œil. Les deux personnes ne parlaient pas, ou alors, nous ne percevions pas les paroles. Pourtant, Sofía en regardant les ombres de fumées se rappela le dialogue.

— Pourquoi tu es venue me chercher ? lança-t-elle plus doucement.

— Parce que je me suis inquiétée pour toi, quelle question ! Montre-moi...

Entrelacs Verts ÉmeraudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant