II. 2.

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Chapitre 2 : La vertu de sa fascinante bienveillance dissimulée

BRUNO

Je venais d'arriver dans la cuisine et me figeai dans l'immédiat. Depuis quand Arieta était dans notre maison ? Malgré moi, je sentais la commissure de mes lèvres s'étirer. C'était symptomatique, dès que cette femme se trouvait dans les alentours : j'avais un air bête.

Je demeurais interdit, sur le palier, en train de regarder tout ce qui se déroulait devant mes yeux.

Casita fit amener une nouvelle boite et toutes les personnes dans la pièce se mirent à l'agrémenter de déchets, de tissus, de morceaux de ficelles. Sans un mot, je me joignis à eux : je n'allais tout de même pas rester là les bras croisés, même si je ne comprenais pas ce qu'il se passait.

Je tendis un morceau de laine à la matriarche des DeVidrio, qui me remercia d'un sourire.

— Contente de te voir, me dit-elle en terminant d'agrémenter la boîte.

— Tu ne viens presque jamais, dis-je sans le vouloir.

— Tu ne viens pas nous voir non plus, me taquina-t-elle.

— Je ne sors presque jamais de chez moi, c'est injuste de m'accabler.

— Et si nous cherchions un responsable plus tard ? proposa-t-elle.

Arieta prit le plus costaud de tous les oisillons d'Antonio et le déposa délicatement dans la boîte, avec mille précautions. Je venais de comprendre la raison de sa présence.

— Le vacher luisant est un parasite, dit-elle au garçon. Les parents pondent dans le nid d'autres espèces et partent. Peut-être que les oiseaux qui avaient conçu ce nid ont vu ce qu'il s'est passé et qu'ils ont abandonné tous les œufs.

— Comme c'est triste, hoqueta Pepa.

— La nature n'est pas toujours juste, lui accorda Arieta. Normalement, le vacher naît avant les petits « autochtones » et se débarrasse des autres œufs. Mais comme Antonio s'en est très bien occupé, il a remis les œufs au chaud et ils ont éclos à leur tour. Alors, l'intrus a commencé à attaquer les plus jeunes pour avoir toute l'attention qu'il jugeait mériter, ainsi qu'avoir le monopole sur la nourriture. Le principal, maintenant, c'est qu'ils pourront tous grandir chacun de leur côté, sans dispute.

— On va aussi devoir s'occuper du tyran ? s'indigna Camilo.

— Tout le monde a le droit à sa chance ! rétorqua son petit frère en protégeant la boîte.

— Tout à fait ! confirma Arieta. Et jusqu'à présent, tu t'en sors très bien, mon grand. Allez, papa oiseau, je vais t'expliquer tout ce que je sais, te montrer deux ou trois petites choses et, après, ce sera à toi de jouer. Tu es d'accord ?

— D'accord ! cria-t-il, ravi.

— Bon, montre-moi avec quoi tu les nourris pour commencer.

Arieta prit son temps, non seulement pour expliquer ce que le garçon devait savoir, en répétant ce qui ne semblait pas clair, mais accompagna aussi la dispensation de cours magistral par des gestes précis.

Elle prit Antonio sur ses genoux et guida de ses mains les manipulations du plus jeune. Elle lui exposa comment préparer une nourriture adaptée.

— Que tu essayes de lui donner un peu de tout, c'est très bien, le complimenta-t-elle. Ils doivent découvrir leur régime alimentaire, mais les parents donnent de la bouillie au début. Soit, tu demandes à un de tes amis à plumes de s'y coller, soit tu la fais tout seul. En plus, tu peux sélectionner ce que tu veux mettre dans le bol.

Entrelacs Verts ÉmeraudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant