IV.1.

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1. Le sombre hameau sous les allures de carte postale

LUISA

Lors de notre arrivée à Santa Obstacúlo, nous fûmes confrontés à la réalité de notre sort : nous n'étions pas attendus. C'était loin d'être un comité d'accueil, cet endroit.

Au début, il fallait reconnaître que c'était plutôt trompeur. Certainement aussi parce que, lors de notre arrivée, nous ne croisâmes pas un seul habitant, mais uniquement les vallées verdoyantes au cœur de petites montagnes bien moins escarpées que par chez nous.

Des fleurs dans les plaines, des maisons joliment aménagées, des rues propres, le son délicat des cloches des moutons et des lamas qui partaient paître non loin de là. Je ne comprenais pas comment on pouvait haïr ce village qui paraissait si paisible.

Franchement, si cela n'avait pas été si loin de chez moi et des personnes que j'aimais, j'aurais pu m'installer ici. Je me souvins brièvement de ce que je dis au moment d'admirer la vue depuis notre lieu de résidence :

— En apparence, ça m'a l'air parfait.

Puis, évoquer ce mot me rappela le sacrifice de ma sœur Isabela, celle-ci se permit donc d'ajouter :

— Comme tu viens de le dire, c'est en apparence. La réflexion à se faire maintenant, c'est de savoir ce que cache cette perfection.

Nous nous présentâmes devant une belle maison, spacieuse, avec une très grande grange et, plus loin, une bergerie. Cette bâtisse était isolée du reste du village, en amont d'une colline. Je me demandai, l'espace d'un instant, pourquoi nous étions si éloignés des autres villageois.

— Vous dormirez dans la grange, ordonna Arieta. Vous verrez, c'est joli, sans courant d'air et on y dort très bien. Je vous défends formellement, à chacun d'entre vous, d'entrer dans la maison. C'est bien compris ?

— Ça va, tu dramatises ! râla Sofía. C'est la tuberculose, ça met des mois avant de se manifester, on sera tous rentrés avant de développer des symptômes.

— Tu es médecin ? s'énerva Ari.

— Non, mais...

— Alors, tu peux te garder ton avis, trancha-t-elle. Personne en contact avec Consuelo, sinon moi. Point à la ligne.

Je ne savais pas si c'était le costume de bonne sœur ou la peur qui m'effraya le plus, mais l'habitante du moulin était particulièrement convaincante. Elle n'avait jamais semblé aussi sévère.

Elle nous laissa nous installer dans la grange bâtie partiellement en pierre, puis, achevée par des murs de bois. On dirait que quelqu'un avait commencé la construction pour en changer la composition plus tard. À l'intérieur, effectivement, tout était propre, bien entretenu, quoi qu'un peu poussiéreux. Un foyer au centre faisait office de cheminée, il nous fallait maintenant allumer un feu, ce que Sofía s'empressa de faire.

— Bában, déclara-t-elle, il nous faut quelqu'un de neutre pour aller chercher quelques provisions. Tu es celui qu'ils détestaient le moins. Vas-y, toi !

— Moi ? Mais t'es pas bien ! s'énerva Esteban. Je vais me faire lapider dans la minute.

— Et si quelqu'un venait avec toi, proposa Mirabel. En plus, pour prendre des provisions pour nous tous, tu ne pourras pas tout prendre seul.

— J'y vais, me proposai-je dans la seconde.

Nous partîmes donc tous les trois et descendîmes jusqu'au cœur du village. Celui-ci était encore désert, heureusement pour nous, visiblement. Le garçon prit de l'argent, le confia à Mirabel et donna quelques indications sur ce dont nous aurions besoin. Il ne voulait pas entrer dans l'épicerie qu'il nous avait montrée. Il avait peur, je reconnaissais les signes.

Entrelacs Verts ÉmeraudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant