4. Tes pas dans les miens, comme on se ressemble...
BRUNO
Éclatante, mais néanmoins anxieuse, ce fut tout ce que je vis d'Arieta quand elle arriva sur la place du village, où tout devait se dérouler. J'avais envie d'accourir à sa rencontre, sorte de pulsion soudain, mais je me ravisai : inutile de se précipiter. Ce serait agir comme quelqu'un de bizarre, j'allais certainement aggraver mon cas.
Elle semblait faire ses dernières recommandations aux jumeaux, accompagnant ses paroles de gestes saccadés des mains. En m'approchant, je remarquai que ses mains, justement, tremblaient un peu. Je ne comprenais pas ce qui pouvait la rendre si nerveuse. J'avançai vers eux d'un pas mesuré et je pus les entendre converser.
— Si jamais il vous venait l'envie de vous éloigner, vous me prévenez, disait l'inventrice. Si vous ne vous sentez pas bien, qu'importe la raison, vous me prévenez. S'il fait tard et que vous souhaitez rentrer...
— Vous me prévenez ! la singea Sofía.
— Franchement, Ari, tu n'as pas besoin de nous surveiller, promit Esteban. On n'est pas seuls, ici. Il faut vraiment que tu te détendes.
— Je suis détendue ! s'énerva Arieta.
— Oh oui, ça se voit, la taquinai-je en les rejoignant pour de bon.
— Bonsoir, changea-t-elle de ton en me voyant.
Elle ramena ses cheveux lâchés derrière son oreille, elle qui les attachait toujours savamment, j'avais enfin la possibilité de les contempler. Même lorsque nous nous étions endormis en parlant, il y a quelque temps, elle ne voulait pas être négligente. Maintenant, elle était radieuse.
— Oui, pardon, bonsoir à toi aussi, me précipitai-je.
Moi qui réclamais tant de ne pas passer pour un imbécile... Sofía s'éloigna, tout sourire, visiblement ravie de mon intervention pourtant si malhabile.
— Ben voilà, dit-elle en partant, elle va se détendre, désormais. À plus taaaaard.
Arieta fulminait, elle se massa les tempes en soupirant d'agacement. Esteban haussa les épaules en signe de résignation et partit de son côté. Il ne restait plus qu'elle et moi.
— Je déteste quand elle me prend de haut comme ça, prit la mouche Arieta. Elle me défie et me cherche continuellement, pour le moment.
— Je n'ai pas d'enfant, objectai-je, mais je suis pratiquement sûr qu'ils ont tous ce genre de phase en grandissant.
— Je n'ai pas d'enfant non plus, rit Arieta, mais cette expérience me suffit, merci bien.
J'étais en train de chercher un moyen de poser ma question sans paraître intéressé, ce qui n'aurait pas été poli. Au lieu de cela, mon regard se perdit sur sa robe. Les cheveux lâchés, c'était une chose, mais sa tenue... Elle qui s'étriquait souvent dans les chemises d'hommes, j'étais surpris de découvrir ces volants d'un joli vert pastel, ses épaules découvertes.
— Cela te choque tant que ça que je ne sois pas en pantalon, s'amusa-t-elle en constatant que j'étais troublé.
— Pas du tout, me sentis-je démasqué. Ce n'est pas habituel, c'est tout. Enfin, je... C'est très joli ! C'est ça qu'il faut dire, non ?
Toujours à ramener ses cheveux en arrière en me parlant, ce geste était adorable.
— Tu n'es pas obligé de le dire si tu ne le penses pas, mais merci beaucoup. Je ne venais pas pour travailler, alors je me suis dit que je pouvais bien porter autre chose.
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Entrelacs Verts Émeraude
FanfictionDans un moulin abandonné depuis quelque temps déjà s'était installée une curieuse femme et deux ados. Les nouveaux venus étaient rares à Encanto, mais les femmes qui ne possédaient pas d'ombre étaient plus rares encore ! Et qu'elle montre un intérê...