4. Et une maman protège ses enfants
ESTEBAN
Dès notre retour au moulin, et ce, jusqu'au dimanche matin, il régna un silence de mort entre ces quatre murs. Ni Arieta, ni Bruno, ne racontèrent ce qui s'était passé ce fameux soir, ce qui avait dérapé. Une chose était sûre : cela s'était mal déroulé.
Non seulement, nous étions à nouveau menacés par le Père Marco, mais en plus, nous partagions maintenant la déception de ces deux amoureux qui n'en avaient plus l'air. L'un passait furtivement sous nos yeux, les siens rougis. L'autre se contentait de renifler dès qu'elle pensait qu'on ne la remarquait pas. Ils avaient l'air tellement tristes et nous ne pouvions rien faire pour arranger les choses.
La mère de Mirabel avait raison. Parfois, nous ne pouvions pas intervenir, si ce n'était laisser le temps se charger du reste. Je regrettais tant cet échec. J'aimais beaucoup Arieta, je souhaitais qu'elle soit heureuse, elle méritait autant de bonheur qu'elle s'évertuait à nous donner.
Les cloches de l'église, le dimanche, sonnèrent comme un glas à nos oreilles. Arieta nous leva rapidement et nous précipita presque dehors, nous ordonnant de partir.
— Mais, s'opposa ma sœur, et toi ?
— Ne vous préoccupez pas de moi, les jeunes, rétorqua notre tutrice. Ça va aller. Retournez chez les Madrigal, ne sortez sous aucun prétexte. Quand ils seront partis, tout sera réglé.
— Tu le promets ? s'enquit ma jumelle.
— Que tout sera réglé ? Bien sûr que je le promets.
Là, ce fut là que je commençai à voir que quelque chose n'allait pas. Ari ne mentait jamais, c'était une chose qu'elle exécrait par-dessus tout. Pourtant, elle venait de préciser cette promesse, comme si elle cherchait à éviter de nous révéler autre chose. Je me passai rapidement en mémoire les rares conversations que nous pûmes avoir sur son plan. C'était rapide.
— Tu vas affronter Marco ? demandai-je.
— En quelque sorte, éluda-t-elle.
Qu'avait-elle en tête ? Elle me laissa à mes réflexions et enlaça Sofia. Ça aussi, ça me mit la puce à l'oreille. Elle n'était jamais si démonstrative.
Ce ne fut qu'au moment où elle me prit dans ses bras que je compris. Je tentai de me débattre, d'échapper à cette affection soudaine, saisissant que de moment de tendresse, il n'y en aurait plus jamais.
— Tu vas te sacrifier, la disputai-je.
— Quoi ? s'indigna Sofía
— Tu as toujours été un garçon intelligent, dit Arieta avec la voix brisée.
J'essayai à nouveau de m'éloigner d'elle, peine perdue. Elle s'accrochait à moi en évitant mon regard. Non, elle ne pouvait pas prévoir cela. D'accord, elle était altruiste, mais pas à ce point-là ! Pas au détriment de sa propre vie !
— Tu n'as pas le droit ! m'énervai-je.
— Il va te tuer ! cria Sofía en s'agrippant à elle. Fais pas ça, Ari, il doit y avoir un autre moyen.
— Non, c'est la solution la plus simple, résuma-t-elle. Marco va se renseigner et comprendre que je suis l'inventrice du moulin. Il va me rejoindre ici, alors ne trainez plus, maintenant. Partez.
Elle relâcha enfin son emprise, mais nous refusions de la laisser là, face à un destin qu'elle ne méritait pas. Je pleurai. C'était lamentable, j'étais toujours le premier à verser des larmes.
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Entrelacs Verts Émeraude
FanfictionDans un moulin abandonné depuis quelque temps déjà s'était installée une curieuse femme et deux ados. Les nouveaux venus étaient rares à Encanto, mais les femmes qui ne possédaient pas d'ombre étaient plus rares encore ! Et qu'elle montre un intérê...