Chapitre 8

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PDV Margot

Je rentre chez moi sans mot dire. Tristan m'accompagne, il n'a toujours pas vu mon trouble. Je me demande s'il est doué d'un minimum d'intelligence, apparemment non.

Il me dépose devant chez moi en scooter et m'embrasse puis part. Quand je vois sa silhouette disparaître dans le crépuscule, j'éclate en sanglots. Les larmes coulent, plus encore que dans les pires moments de ma vie, et pourtant j'en ai eu plein.

Je sens une main qui écarte mes cheveux de mon visage trempé.

Ma mère.

— Maman ? je murmure.

Je peine à y croire. Malgré n'est pas comme ça. Ma mère ne va jamais dehors.

Ma mère n'est pas aussi radieuse.

Elle est habillée d'un chemisier blanc cassé et d'un jean noir. Ses cheveux bruns sont noués dans un chignon lâche et elle a troqué ses vieilles baskets contre des escarpins pas très hauts – elle a horreur de ça. J'ai l'impression de la revoir dix ans en arrière.

Elle est si belle quand elle sourit. Sa bouche forme un joli cœur.

Elle est si belle quand ses yeux ne sont pas embués. Ils sont d'une couleur noisette resplendissante.

Elle est si belle quand elle n'est pas recroquevillée si elle-même. Elle est juste assez grande, juste assez fine.

Elle est si belle quand elle est elle ; tout simplement.

Je me précipite dans ses bras. Elle sent bon l'amande douce. C'était son gel douche préféré à l'époque. 

— Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? 

— Parfois, les gens se prennent en main. 

La dernière fois qu'il lui est arrivé ça, c'est quand elle a reçu un coup de fil du père d'Hugo. Qui a bien pu déclencher ça, cette fois ?

Je suis partagée entre l'envie de pleurer pour Théo et de rire pour ma mère.

J'opte pour les deux.

Ma mère me frotte me dos et me demande posément :

— Et si tu me racontais ce qu'il se passe ?

PDV Élise

Théo entre avec fracas dans la maison et fait claquer la porte. Je sors la tête de ma chambre avec une moue désapprobatrice. 

— Qu'est-ce que tu as encore fait ? je soupire.

— Toi tu la fermes OK ? Je ne veux plus entendre parler de Lemon. Ni de Margot. C'est clair ?

— La violence ! je le taquine. 

Pour toute réponse, il s'enferme dans sa chambre.

***

Après un bref échange de messages avec Margot, j'en déduis qu'ils sont tous les deux dans la même situation.

Je toque à la porte de la chambre de mon frère, qui grogne, mais je rentre quand même.

— Tu ne crois que tu devrais faire quelque chose ?

Il me regarde sans me voir.

— Aller lui parler, par exemple...

Il me fait signe qu'il ne comprend pas ce que je veux dire et je lève les yeux au ciel, excédée.

— Maman m'avait dit que tu n'avais pas toute ta tête mais je ne pensais pas à ce point-là !

Further than Dawn I • Espoir [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant