Chapitre 17

57 11 27
                                    

Lou marchait d'un pas rapide dans la rue vers son nouvel appartement. Six mois qu'elle n'habitait plus chez elle, ou plutôt chez ses parents, ceux-ci l'ayant renvoyé de la demeure.

Six mois que, son ventre rebondi désormais bien visible, elle œuvrait à trouver un travail avant la naissance de son enfant. Sans le sou, elle traversait constamment les rues de Lyon, de sept heures du matin à vingt heures le soir, dans l'espoir, très mince, de trouver un job qui lui permettrait de subvenir à leurs besoin, son enfant à venir et elle.

Elle entra vite dans une boutique. 

Celle-ci était plutôt grande, des meubles en ce qui semblait être de l'ébène recouvraient le bas des murs, faits de tapisserie mauve. La parquet totalement ciré, brillant de mille feux sous l'effet de l'immense abat-jour accroché au plafond, était exagérément classe. 

Une petite dame, ni jolie ni moche, se tenait dans tout ça, derrière un comptoir, de largeur quatre fois sa taille. Elle paraissait s'ennuyer au plus au point, et frottait frénétiquement une statuette posée sur le meuble. 

La pluie souillait les vêtements trop fins de Lou pour sa corpulence de femme enceinte, mais elle n'avait pas vraiment le loisir de choisir comment s'habiller. 

Elle demanda à la dame, toujours occupée avec sa statuette dans un coin :

— Bonjour, je m'appelle Lou Delacour, je cherche un travail, serait-il possible que...

La femme la stoppa dans son élan en pointant son ventre. Elle grimaça, comme si parler à la future mère lui nécessitait un effort surhumain.

 — Nous n'acceptons pas les femmes enceintes. Si tu accouches, paf, plus de travail et on continue à te payer. C'est non. 

La jeune femme afficha un air suppliant, mais rien à faire, la dame âgée ne voulais rien entendre. Elle finit par se résigner et sortit sous la pluie battante, laissant derrière elle le magasin d'antiquités, Isis Antic'.

Elle commençait à fatiguer, les hormones reprenaient peu à peu le contrôle. Elle s'assit sur le banc d'un parc et essaya de s'orienter. Personne en vue. Où était-elle ? Le sens de l'orientation n'avait jamais été son point fort...

Devait-elle utiliser son téléphone et demander à ses parents de l'aider ?

— Tu as l'air perdue.

La voix profonde du garçon la tira de sa rêverie. Il arborait l'uniforme de l'université où il étudiait, prestigieuse apparemment, d'où il l'observait de ses yeux noir d'encre pleins de curiosité. (Le premier qui trouve la ref je l'épouse.)

Lou sursauta et avoua :

— C'est possible, oui.

On pouvait voir à son ton, son comportement et la façon dont elle regardait le garçon qu'elle se méfiait, ce qui était parfaitement compréhensible lorsqu'on connait les raisons pour lesquelles la jeune femme tait enceinte.

— Tu veux que je t'aide ?

Malgré tout, il paraissait très gentil, prompt à l'aider et serviable.

— Ce serait adorable, je suis perduee t je cherche un travail...

Elle désigna son ventre.

Cela faisait plusieurs mois qu'elle avait mis fin à ses études pour se consacrer à la future naissance, à la recherche d'un logement et d'un emploi corrects.

Un éclair de compréhension passa dans les yeux du jeune homme, qui acquiesca.

— Ça fait longtemps ? Que tu cherches un job...

— Quelques mois, oui...

À cet instant, le garçon ressentit une grande empathie envers la jeune fille, qu'il ne connaissait même pas vraiment. Il avait peut-être la solution, mais il devait être avant tout sûr de quelque chose.

— Aimes-tu lire ? La culture en général ?

Le visage de Lou s'eclaira. Bien sûr qu'elle aimait lire ! C'était sa passion avant le viol dont elle avait été victime !

— Plus que tout !

C'était limite si elle n'avait pas des cœurs, ou des étoiles à la place des yeux. Son air, il y avait quelques secondes hagard, était devenu lumineux, comme celui d'une vieille personne à qui on raconte des souvenirs d'enfance.

Le jeune homme lui prit la main et la conduisit en marchant vite, pour ne pas gêner la femme enceinte, et dans la foulée se présenta.

— Je m'appelle Nicolas Hale. Je suis étudiant en médecine à cette université – il désigna le bâtiment derrière les deux coureurs.

Bientôt, ils arrivèrent devant une petite boutique, « Librairie Du Cygne ». 

— Et voici la librairie de mon père, il travaille ici et il lui manque du personnel pour ranger les livres et conseiller les clients. Tu serais parfaite pour ce rôle, j'en suis persuadé.

Il la conduisit jusqu'à l'intérieur, prenant bien soin de la soutenir pour gravir les quelques marches qui la séparaient de la salle principale.

Tout se passera ensuite très vite, Lou avait du mal à croire à sa chance.

Elle fit la rencontre de Sarah, la femme de Nicolas, et de leur fils, Hugo. Il était âgé de deux ans.

Les mois suivirent, la jeune femme se sentait enfin heureuse.

Un jour d'août, alors qu'elle faisait une échographie, peut-être la dernière de sa grossesse, on lui annonça :

— Nous le savions depuis les cinq mois de votre grossesse, mais vu la cause de celle-ci nous n'avons pas osé vous le dire. Pas d'inquiétude à avoir, nous avons pris toutes les précautions nécessaires mais... Mme. Delacour, vous n'attendez pas un, mais deux enfants pour septembre.

NDA

Un nouveau court chapitre sur le passé de Lou ! J'espère que ça vous a plu, merci pour les 293 vues et les 51 abonnés, vous êtes géniales mes bananes ❤️

Aliénor 👑

Further than Dawn I • Espoir [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant