Chapitre 36

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PDV Séléné

Je dois leur dire. Cela fait deux heures que je suis sortie de chez le médecin, deux heures que j'ai appris la nouvelle, mais malgré mes efforts, je n'y arrive pas.

Je savais que j'allais finir par mourir tôt ou tard, je devrais même m'estimer heureuse d'avoir presque fait la vingtaine. C'est rare pour les personnes de mon cas.

Ça y est, je parle de moi au passé, comme si je n'étais déjà plus rien. Pourquoi n'ai-je pas le droit à une mort plus rapide après tout ce que j'ai vécu ?

Parler ainsi de la mort ne me fait plus peur. On pourrait dire que je suis habituée, maintenant. J'ai été préparée mentalement à ça sans que je m'en rende compte. Dès ma naissance, j'ai su que mes jours étaient comptés.

C'est marrant, finalement. De passer d'une maladie à l'autre. Cancer de la peau. C'est presque joli, comme nom. Et ironique, quand on connaît mon signe astrologique.

Toute personne sensée aurait eu peur, je pense. Sauf que je ne suis pas sensée. Je suis presque contente que tout ça finisse. J'aurais tout de même préféré que cela arrive plus tôt.

Avant que je la rencontre.

Élise a bouleversé ma vie, en y rentrant, avant ses amis, sa famille, son monde.

Je connaissais la nuit, j'ai connu le jour durant quelques semaines.

Il n'y a plus d'issue possible. Bien sûr, on pourrait dire que je peux survivre de ce cancer. Sauf qu'en fait, ce n'est pas le cas.

Je regarde mon bras et pense que ce qui le recouvre est à l'origine de tout ces maux. Une larme coule sur ma joue et tombe au sol dans un bruit insignifiant.

C'est ça, je suis insignifiante.

Je vais manquer à moins de dix personnes. Dix personnes qui m'ont plus ou moins connue.

Le plus compliqué est de penser à mon cousin. Je ne le vois que quelques fois par an, mais j'ai l'impression qu'il est une de ces rares personnes qui pensent à moi, qui s'inquiètent pour moi, qui tiennent à moi.

Mon père ne remarquera même pas mon absence. Il se contentera de vider ma chambre et d'enlever les photos de mon visage dans les cadres photo.

Il est comme ça.

Je me lève et me rends dans ma chambre. Je n'ai pas le courage.

Pas le courage de leur dire, à tous. Pas le courage de l'assumer. Pas le courage de le vivre. Pas le courage d'en rire. Pas le courage de me relever. Comment vais-je faire ? C'est si horrible que ça ? Est-ce que mourir fait du bien ? Ou est-ce que ce poids sur mes épaules perdurera après ma mort ?

Je souris, enfin. J'espère qu'il n'y a rien après la mort, sinon je suis vraiment mal barrée.

PDV Margot

Je finis de remonter la fermeture éclair de ma robe et sors de la salle de bain, devant laquelle Élise m'attend avec des milliards de palettes de maquillage dans les mains.

— Ha ! je crie.

Elle me regarde avec un air limite psychopathe et commence à me maquiller.

— Calme-toi quand même, hein ?

— Bien sûr, tu me prends pour qui, enfin ?

— Pour Élise ?

Elle lève les yeux au ciel et continue.

Soudain, ma mère ouvre la porte.

— Je peux vous aider, les filles ?

Elle nous offre son plus beau sourire qui me donne juste envie de l'étrangler. Elle fait ça depuis l'autre jour, je ne supporte pas. Comme si elle pouvait se rattraper de ce qu'elle a fait !

Further than Dawn I • Espoir [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant