Chapitre 37

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PDV Margot 

Théo n'a pas voulu venir chez moi aujourd'hui. Comme Elise a accepté de me tenir compagnie, je lui ai demandé si c'était en raison de ce qu'il s'est passé hier. Apparemment, non. Il est seulement occupé. Par quoi ? Je ne sais pas.

Hugo a installé sa nouvelle chambre près de la mienne, à la place du bureau que Lou occupait auparavant. Au moindre éclat de rire de ma meilleure amie et moi, il nous supplie de nous taire. Ah oui, j'oubliais. Il est très exactement six heures cinq du matin, et nous sommes en week-end. La rentrée approche, dans une semaine, je serai  en terminale, et Théo à la fac.

Elise se lève et annonce qu'elle va devoir rentrer chez elle.

— Pourquoi ? je m'étonne.

D'habitude, elle ne manque jamais un moment en ma compagnie.

— J'ai reçu un message de mon frère.

— Et...?

Elle n'écoute jamais son frère. Non, en fait, elle n'écoute jamais personne.

Elle semble hésiter à me révéler la raison de son changement de comportement. Je croise les doigts pour qu'elle me le dise. Je suis trop curieuse.

— Margot, ce n'est pas contre toi mais... Je ne préfère pas te le dire. Pas pour l'instant. Je laisse le sale boulot à Théo.

Je hoche la tête, déçue, et me dirige vers la salle à manger afin de petit-déjeuner. Je vois ma mère, assise devant la table de la cuisine. Elle a l'air fatiguée. Son ventre a un peu grossi depuis un mois. Elle regarde dans le vide et je me demande si elle me voit. Je m'approche d'elle, prends un pain au chocolatine (NDA : TEAM CHOCOLATIIIIIIIINE !!!) et un jus de fruit et m'assois en face d'elle.

Cela fait plus de deux mois qu'elle a arrêté l'alcool - maintenant, elle n'a plus trop le choix - mais ça fait toujours bizarre de ne pas la voir avec une bouteille à la main. Ca fait toujours bizarre de la voir regarder en face les gens autour d'elle, de la voir prêter attention aux choses futiles, de la voir me sourire, rire, parfois pleurer, comme quelqu'un normalement constitué. Pour ça, il est vrai que je devrais remercier Nicolas. C'est grâce à lui que ma mère va mieux. Bon, il aurait quand même pu éviter de la mettre enceinte mais je suis heureuse pour elle. Même si je n'ai plus autant de libertés qu'avant. 

— Salut, je commence.

— Coucou ma chérie, ça va ?

Elle est souriante, comme d'habitude. Elle a raison de l'être. Maintenant, elle a l'enfant qu'elle a voulu, avec l'homme qu'elle a voulu. Elle va construire sa vraie famille. Et, qui plus est, ils vont se marier. Je lai entendu avant-hier dans une de leurs conversations. Il faudrait que je cesse d'écouter aux portes. Le pire, c'est quand je pense à ça : Lou Hale + Nicolas Hale = Hugo Hale, Bébé Hale et Margot Delacour. Où est l'intrus ?

Alors, comme tous les jours, je mens. J'essaye de les persuader qu'avoir une petite sœur ou un petit frère m'enchante au plus haut point.

— Très bien et toi ?

—  Je vais très bien ! Oh, et tu ne sais pas ! Nicolas m'a demandée en mariage ! Tu imagines ? C'est incroyable !

Comment lui dire que si, j'étais tout à fait au courant, et c'est bien loin de m'enchanter ?

Alors je mens.

— C'est fantastique, maman ! Je suis très heureuse pour toi, vraiment !

Elle croit vraiment que je partage son bonheur, parce que je n'arrête pas de le lui répéter. C'est pour cela qu'elle me dit tout de sa nouvelle vie. Elle pense qu'elle est comme ma meilleure amie, et ça lui fait vraiment plaisir. Alors je souris, je feins l'enthousiasme - très mal, mais dans tout son bonheur, elle ne semble pas le remarquer -, je fais semblant de me réjouir.

Further than Dawn I • Espoir [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant