Chapitre 21

39 12 19
                                    

Sarah tenait la main de son fils, calmement. Ils marchaient tous deux depuis quelques minutes déjà. Son mari était parti au travail.

Elle arriva devant une grande maison de briques, située dans la rue des lilas. Il s'agissait de la demeure de sa meilleure amie, Lou Delacour. Elle toqua.

Une jeune – très jeune – femme ouvrit, découvrant une petite fille à ses côtés. Plutôt grande pour son âge, brune aux yeux chocolat, la peau blanche presque laiteuse, la petite Margot se cacha derrière la longue jupe de sa mère.

— Je viens chercher Margot ! annonça Sarah avec un sourire éclatant.

Lou fit passer sa fille devant elle.

— Ne t'inquiète pas ! C'est Sarah, tu la reconnais ? demanda-t-elle en enlaçant sa fille dans ses bras. 

Mini-Margot hocha la tête et s'approcha timidement de la femme et de Hugo, son fils.

— Je serai ta nounou ! s'exclama gentiment Sarah, une main sur l'épaule de la petite fille.

Un sourire hésitant apparut sur les lèvres de Margot. Elle se tourna vers Hugo et demanda :

— Tu veux bien être mon ami ?

.*・。゚

Il s'était passé environ huit mois depuis la rencontre entre Hugo, Sarah et Margot. Celle-ci était très vite devenue la meilleure amie du petit garçon, de même que la jeune Lemon et Tristan.

Un jour d'automne où la pluie battait fort contre les vitres de la maisonnée, Sarah proposa de se rendre au cinéma avec les trois enfants, ce qu'ils acceptèrent avec grande joie.

Sauf que.

Le trajet de l'allée fut rapide. La chaussée étant dénudée de beaucoup de voitures étant donné les intempéries, ils arrivèrent très vite au cinéma.

En revanche, le retour fut tout autre.

Sarah conduisit les enfant à la voiture. Margot faisait une crise pour avoir une glace, ce à quoi la jeune femme répondit que le temps était trop mauvais pour manger ce genre de choses. Lemon tentait d'arracher les cheveux de Tristan, qui lui tentait en vain de la retenir. 

Une journée normale, en somme.

Les trois enfants s'assirent sur la banquette arrière, tandis que Hugo et sa mère s'assirent respectivement sur le siège passager et conducteur.

Le moteur démarra.

Si seulement Sarah avait été plus attentive ! Si seulement la pluie avait cessé ! Si seulement la personne, dans la voiture derrière eux, n'avait pas été saoule !

Margot continuait sa litanie incessante.

— Une glace, une glace, une glace, une glaaaaace !

— Margot, tais-toi, je dois me concentrer sur la route !

Mais la petite n'en faisait qu'à sa tête.

— Pas question ! Je VEUX une glace !

Elle attrapa le sac à main de sa nounou et commença à le vider par terre.

— Margot, lâche ça !

Les secondes suivantes défilèrent à toute vitesse, beaucoup trop rapidement. 

Sarah, en colère, reprit le sac des mains de Margot. Sans le faire exprès, son pied, de rage, s'abattit sur le frein. La voiture stoppa. Le véhicule derrière, surpris et non-réactif à cause de l'alcool, freina à son tour avec quelques secondes de retard. La voiture tamponna l'autre dans un bruit sourd, et l'envoya valser dans le fossé attenant. La vitre fut brisée. Le corps coupé de verre de Sarah serra son fils dans ses bras, pour le protéger. Lemon en fit de même avec Margot, la tête de celle-ci s'abattit violemment contre la vitre brisée avant que le airbag la rattrape. Tristan, qui somnolait quelques instants plus tôt, fut réveillé par le airbag qui s'abattit sur son corps. Les morceaux de verre fuserent, déchirant la chair de chacun, mis à part Margot et Hugo, protégés par leur amie et mère. Le monde s'écroulait autour d'eux. Nouveau choc. La tête de Sarah frappa avec violence le pommeau de vitesse. Sur son beau visage, le sang, carmin, commença à couler comme jamais il n'avait coulé auparavant. Elle serra plus fort son fils. La voiture s'arrêta. 

C'était fini. Mais c'était aussi la fin. 

Le conducteur de l'autre véhicule, indemne, sortit de sa voiture, tremblant. Était-ce à cause de l'alcool ? Ou du choc d'être à l'origine d'un accident ? Des véhicules s'arrêtèrent, des personnes paniquées en sortirent. Une femme blonde appela les pompiers, un homme petit de taille le samu.

Les secours arrivèrent et s'occupèrent des blessés. Il fallait les transporter d'urgence à l'hôpital.

Ce n'est que quelques heures plus tard, lorsque Margot se réveilla d'un sommeil sans rêves grâce à l'effet des sédatifs, que la réalité se rappela cruellement à elle, comme la lame d'un couteau dans la poitrine de la petite fille.

Sa mère arriva. Tout se passait au ralenti, jusqu'à ce qu'elle la voie, elle. Elle, dont la peau d'habitude foncée était passée au teint olivâtre. Et ses yeux noir d'encre fermés pour l'éternité. 

Sarah était donc décédée. Elle n'avait pas résisté, elle n'avait pas survécu à l'accident.

Son regard dévia vers un petit garçon, dans le coin de la chambre. Le visage calme et un sourire satisfait aux lèvres, Hugo était bien loin de la dire réalité. Comment allaient-ils lui annoncer le drame ? Que se passerait-il ensuite ? Sa tête lui sembla soudain très lourde, et elle l'a reposa sur l'oreiller. Elle aurait voulu partir, là, maintenant. Rester loin de tout ça. Mais pourtant, elle devait bien se rendre à l'évidence. Elle était une meurtrière. Elle était un monstre.

Une  larme coula sur le doux visage de la petite fille. Tout ça, si elle n'avait pas insisté pour une glace...

Ça ne serait jamais arrivé.

C'était de sa faute. 

NDA 

Chapitre court et glauque, je vous l'accorde, mais depuis le temps que j'attendais de l'écrire ! Et maintenant, au 21e chapitre, je peux enfin le coucher par écrit ! Ça fait du biennnn !

Vous verrez au chapitre suivant le rapport avec la réaction de Margot à propos de l'accident – pas du tout grave – du frère et de la sœur Lenoir.

J'espère que ce chapitre sur le passé sombre de Margot vous aura plu, à demain !!!

Votre dévouée reine, Aliénor 👑

Further than Dawn I • Espoir [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant