Chapitre 2 :

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Des mois ont passé.

Le plus dur n'a pas été l'enterrement mais l'après, le quotidien.

Le plus dur était de supporter le vide, le manque. L'absence de lettres. A chaque fois que je passais devant la fenêtre j'espérais le voir arriver. Vous savez comme dans ses films ou le militaire revient après quelques mois et que tout revient à la normale. Or ils ont retrouvé son corps. Un infime espoir restait en moi. Lorsque ma mère est revenue de la morgue, tout espoir s'est envolé. Elle s'est écroulée, j'ai voulu y aller pour voir de mes propres yeux mais Jace et Hayden s'y sont opposés, je les ai détestés pour ça.

Je ne voulais pas y croire, mon père était tout pour moi. Je faisais partie des jeunes filles amoureuses de leur père. Celle qui le voit comme un héros.

On s'est d'abord tous éloignés car nous n'avions plus notre pilier. Voir mes frères me rappelait mon père. Lorsque je les voyais jouer avec ma sœur je me voyais petite avec mon père. Quand je m'occupais d'elle je pensais à tous les évènements auxquels mon père ne pourrait pas assister, quand je regardais ma mère je voyais sa peine. Et cela nous était à tous insupportables.

Hayden a fait beaucoup d'heures supplémentaires au travail, il a rompu avec Julia, ça faisait 2 ans qu'ils étaient ensemble, j'ai tenté de le raisonner, mais il n'avait plus la force, elle a compris, j'ai alors aussi perdu une grande sœur.

Ma mère était constamment aux endroits où il avait l'habitude de l'emmener.

Jace n'arrêtait pas de boire, de sortir.

Moi, je passais mon temps avec de la musique dans les oreilles, la tête dans les albums photos, à regarder des vidéos, relire ses lettres, écouter sa messagerie vocale...

C'est Mia qui nous a sauvé. Un soir elle a trébuché sur une pile de cassettes vidéos que j'avais laissé traîner. Nous étions tous autour, elle s'est relevée et a donné à ma mère une des cassettes. On a démarré la vidéo. C'était une vidéo de nous six, quand ma mère nous a annoncé qu'elle était enceinte. Mon père dansait, criait, il était heureux. Nous nous sommes alors mis à pleurer en riant à la fois. À la fin de la vidéo mon père nous demandait de prendre soins les uns des autres:

"

Vous serez fort, vous vous soutiendrez. Vous allez avoir des tas d'épreuves à traverser mais si vous êtes ensemble alors vous pourrez tout surmonter. N'oubliez pas,


Oui on sait papa, on doit aider maman, le coupa Jace.


Oui mon fils, mais surtout, sur la vidéo il tandis son petit doigts puis tout à tour on ajouta nos articulaires au sien, puis à l'unisson on prononça notre dicton »

Pour toujours, prononça ma mère en nous tendant son auriculaire, en en faisant de même nous avons tendu notre auriculaire,


Et à jamais. À l'unisson, une larme coulait le long de nos joues, je saisis ma mère dans mes bras afin de la soulager, alors mes frères me rejoignirent avec ma sœur.


Il me manque tellement, souffla ma mère, personne ne répondit car on ressentait tous la même chose.


Les jours ont défilé, puis les semaines, et cela faisait maintenant 3 mois qu'il était parti. Jace a diminué ses petits boulots de façon à être plus présent à la maison pour aider ma mère, Hayden a décidé de passer ses diplômes pour devenir médecin comme il l'a toujours voulu, c'est mon père qui l'a poussé à se lancer mais suite à une dispute il avait tout arrêté. Nous, nous sommes tous mis à la boxe, pour nous défouler, et arrêter de refaire les murs ou de racheter des vases. En un mois, nous avons essayé de guérir, mais la douleur persiste. Nous faisions tous semblant, mais parfois on souriait réellement.

Les vacances d'été ont pris fin, et demain c'est la rentrée pour tout le monde. Mia fera sa première rentrée. J'entame mon année de terminale. Jace continue les petits boulots, et Hayden va continuer de travailler en tant que médecin. Il est revenu à la maison, car il vivait avec Julia mais à préférer être près de nous pour aider ma mère.

Parfois je nous en veux de continuer d'exister sans lui. C'est vrai, c'est lui qui a construit tout ça. Le pire je crois c'est que je ne me souviens pas de notre dernière discussion. La dernière fois que je l'ai appelé, ma dernière lettre, est-ce que je lui ai dit que je l'aimais. Je suppose qu'il le savait mais j'aurais voulu lui dire encore et encore car ce mot lui était destiné. Mon père a toujours été mon modèle. C' était mon essentiel.

Maintenant je dois apprendre à vivre sans lui. A penser à lui sans être triste car il détesterait me savoir triste.

Je dois avancer. 

Ne m'abandonne pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant