Chapitre 8 : « Même les plus mauvais ont un coeur. »

421 17 0
                                    


___Malefoy marchait dans les couloirs, se tournant de temps à autre pour voir s'il n'y avait personne. Arrivé à destination, il emprunta le passage secret qui permettait de se rendre à Pré-au-Lard. Malgré son air impassible, l'angoisse lui nouait le ventre. Comment allait-il annoncer ça ? Il n'était pas intouchable, et l'échec lui faisait peur. Mais ce qui lui faisait encore plus peur, c'était leur réaction. Tentant d'oublier son angoisse, il marcha dans les rues de Pré-au-Lard jusqu'à un endroit éloigné. Après avoir levé les yeux vers le ciel, comme s'il cherchait du courage, un 'plop' se fit entendre. Drago avait transplané.

**

___Le manoir se dressait devant lui, toujours aussi imposant. Alors qu'il aurait dût s'y sentir chez lui, puisque sa famille le possédait depuis des générations, il le considérait comme repoussant. Peut-être était-ce à cause de son enfance difficile... Il ne savait pas, mais en tout cas, il ne portait pas ce manoir dans son cœur. Le manoir Malefoy. Son manoir dans quelques années. Et à l'intérieur l'y attendait son père et le Seigneur des Ténèbres. Drago traîna les pieds, dans le jardin. C'était le seul endroit du manoir qu'il considérait comme chez lui. Sa mère y faisait des miracles, et il n'y avait que là que le jeune homme se sentait réellement humain. En dehors de ça, il était aussi froid que la glace, aussi dur que la pierre.

___Inspirant profondément, il poussa la lourde porte d'entrée de son 'chez lui' et se rendit directement au salon où son père, Lucius Malefoy, et Voldemort l'attendait. Drago avait un air impassible, rien ne laissait présager ce qu'il allait annoncer.
« Drago. Que nous vaut cette visite, fils ? »
« J'ai une... mauvaise nouvelle à vous annoncer. »
Drago remarqua que le Seigneur des Ténèbres ne bougea pas, se contentant de le fixer, et il eut la certitude que son Maître était déjà au courant. Le visage de Lucius, par contre, devint encore plus froid qu'il ne l'était déjà d'ordinaire. Malefoy avait toujours trouvé hallucinant que le visage de son père puisse devenir plus dur qu'à l'ordinaire. En vérité, ça le terrorisait.
« Parle ! »
Drago avala sa salive, tout en se concentrant pour garder un air froid. Son père détestait qu'on fasse preuve d'émotions. « Je...J'ai perdu le 'Magia Obscuranto'. Granger me l'a volé, et malgré mes efforts depuis ces deux dernières semaines, je ne l'ai toujours pas retrouvé. »
Il l'avait dit. Il resta de marbre, à fixer son père. Le Prince des Serpentards voyait la colère et même la haine, le dégoût briller dans les yeux de son géniteur, mais il ne cilla pas, attendant que celui-ci parle et le rabaisse, comme il le faisait habituellement.

___Sauf que Lucius Malefoy ne parla pas, cette fois. Il sortit sa baguette, et son fils eut malgré lui un geste de recul, avant que le fatidique « ENDOLORIS ! » hurlé par son père résonne dans la pièce.
Drago s'effondra au sol sous la douleur. Il comprenait maintenant ce qu'Hermione avait ressenti lorsqu'il lui avait jeté le même sort. La douleur était insupportable, il avait l'impression qu'on le démembrait méticuleusement, qu'on lui arrachait les organes. Le jeune homme s'efforça de ne pas hurler, de ne pas donner à son père le plaisir de le rabaisser encore plus que ça. A la douleur physique s'ajoutait la douleur morale. Son père le méprisait, et n'hésitait pas à le traiter comme l'on traite un vulgaire traître à son sang. Drago avait mal, terriblement mal. Son corps semblait toujours passé au fer blanc, jeté dans un bac de feu. Il avait l'impression qu'on le dépeçait vif, qu'il allait exploser de l'intérieur.

___Puis la douleur cessa enfin. Le vert et argent se redressa en tremblant, tentant de conserver un visage impassible face au visage haineux de son père. Lucius leva de nouveau sa baguette et Drago serra les dents, s'attendant à une nouvelle vague de douleur.
« Lucius. Stop. » La voix calme et sifflante de Voldemort venait de retentir. Drago se retint de lui jeter un regard de reconnaissance, il se contenta, à la place, de baisser les yeux, encore tremblant et en sueur.
« Drago, regarde-moi. » Le jeune homme releva les yeux vers son Maître, obéissant.
« Oui Maître ? »
« Je suis terriblement déçu, tu m'avais assuré que je pouvais te confier cette mission. Or, je constate que tu t'es fait voler ce livre, et par une Sang de Bourbe de plus. Alors écoute-moi bien, cher Drago, car je déteste me répéter. Tu as trois semaines pour retrouver ce livre, par tous les moyens. Tue Granger s'il le faut, mais récupère ce livre. Le sort de notre camp en dépends. Ne me déçois pas Drago, sinon... Tu sais le sort que je réserve à ceux qui échoue. Cette faveur que je te fais, tu ne la dois que parce que tu es le fils de Lucius, un Malefoy et donc l'un de mes plus fidèles. » Le Seigneur des Ténèbres eut un sourire sadique et menaçant, tandis que Nagini venant se lover à ses pieds.
« Oui, Maître. Je ne vous décevrai plus, je vous le promets. » Drago s'inclina respectueusement, ayant arrêté de trembler et retrouvé un air aussi dur que celui de son père.
« Tu peux disposer maintenant. Retourne à Poudlard avant que ton absence soit découverte. »

___Malefoy s'inclina de nouveau puis sortit de la pièce. Alors qu'il s'apprêtait à passer la porte d'entrée, une main de fer le retint. Il se tourna et se trouva face à son père, qui le toisait avec mépris.
« Tu me dégoûtes. Se faire voler par une pimbêche Sang de Bourbe comme cette fille, c'est... indigne. Tu es une honte Drago. » Le jeune homme encaissa toute cette haine de la part de son père courageusement. Il le fixa sans ciller pendant quelques secondes, puis, s'échappant de sa poigne, il franchit la porte d'entrée. L'air frais le frappa au visage. Quand il entendit la porte se refermer, il se mit à courir de toutes ses forces, avant de s'arrêter et de transplaner à nouveau.

**

___Débouchant dans le château par le passage secret reliant Poudlard à Pré-au-Lard, Malefoy se mit à marcher d'un pas précipité jusqu'à sa salle commune. Une fois arrivée, il se rendit compte avec soulagement que Granger n'était pas là, et il allait s'enfermer dans sa chambre.

Musique (à relancer si elle se fini avant votre lecture !)

On m'a mis des œillères et on m'a dit : les autres, ils veulent la guerre, tu la voudras aussi. Et j'ai grandi à l'ombre des sentiments bien trop noirs, bien trop sombres, pour un enfant... Seul, je suis tout seul. Seul, toujours trop seul.

___Il resta là quelques secondes, immobile, perdu. Puis soudain, il poussa un hurlement et frappa le mur avec une puissance insoupçonnée. Il continua à frapper jusqu'à l'épuisement, extériorisant toute sa haine, toute la douleur qu'il avait ressenti face à son père mais qu'il n'avait pas pu exprimer. Il finit par s'effondrer au sol, dos contre le mur, les larmes coulant sur ses joues. Oui, Drago Malefoy pleurait. Il avait un cœur aussi, et le dégoût qu'il avait vu dans les yeux de Lucius le brisait en deux. S'il avait accepté cette mission, c'était pour le rendre fier. Et désormais, il savait que même s'il retrouvait le livre, il avait perdu le peu de confiance que son père lui faisait.

___Drago porta les mains à son visage et se mit à sangloter désespérément. Pour la première fois de sa vie, il avait mal à en crever. Il ressentait là tout la difficulté d'être humain, d'être vivant, et surtout, d'avoir un cœur malgré les apparences. C'était tellement plus simple de ne rien ressentir. Mais comment un simple adolescent pouvait-il se blinder efficacement contre la vie elle-même ? Drago avait réussit pendant 17 ans, mais aujourd'hui, il en payait le prix. Son âme aussi noir que la mort le torturait, et son cœur de pierre se fendait petit à petit, la faisant souffrir atrocement. Chaque nouvelle fente dans son cœur lui donnait l'impression de mourir. Il continua à pleurer, il ne pouvait plus s'arrêter, c'était compulsif.
___Le jeune homme finit par se relever lentement, il traversa sa chambre et s'arrêta devant son miroir, contemplant son reflet.

C'est pas ma faute, si mes parents ont fait de moi ce que je suis, ce que tu vois ! Je suis le bras de leur vengeance et je leur dois obéissance. C'est pas ma faute, ne me regardez pas comme ça ! C'est pas ma faute ! Je n'ai pas eu, non, pas le choix ! Je suis le fils de leur violence, fier de sa naissance. Je suis le fils de la haine et du mépris.

When Everything Changes & The Ghost Of The Past - DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant