Chapitre 24

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We all need that someone
Who gets you like no one else
Right when you need it the most
We all need a soul to rely on
A shoulder to cry on
A friend through the highs and the lows

I'm not gonna make it alone

Alone, Pt. II
Alan Walker, Ava Max

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       — Donc là le concept c'est qu'on y va direct ?

       En début d'après-midi, le sol sur lequel ils progressaient était en train de se vider peu à peu de son sable. En regardant au loin, la troupe pouvait déjà apercevoir à droite les étendues glacées d'Eusthenia, et à gauche les montagnes vertigineuses d'Agapanthe.

       Il était temps de se dupliquer, et Odilon faisait preuve de légères réticences.

       — Pas de petite répet' générale ? Non, rien ?

       Les huit aventuriers se mirent en ligne. Sous un soleil de plomb, Persès se tenait au milieu du groupe et commença à leur montrer comment faire pour se dédoubler. Voyant qu'il n'était rien de plus qu'un bruit de fond, Odilon lâcha l'affaire.

       — Ok dac, nan mais y a pas de galère, fit-il en levant les main, une moue triste sur les lèvres.

       À deux pas de lui, Persès commença à décompter.

       — Trois

       Les silhouettes placèrent leur bras droit plié devant eux, avant-bras parallèle au sol, la paume de la main tournée vers le bas. Le bras gauche se plaça de la même manière sous le droit, paume de la main tournée vers le ciel.

      — Deux

       Le majeur de chaque main pointé vers le poignet opposé, les huit silhouettes regardaient droit devant elles, concentrées, inspirant leur dernière bouffée d'air.

       — Un

       Tous appuyèrent simultanément sur les triangles en or placés dans leurs poignets.

       Au même instant, huit avatars apparurent sur le sable brûlant.

      Ils avaient une minute pour s'éloigner avant d'être rappelés dans le corps des huit personnages qui les regardaient attentivement.

       Sans perdre de temps, ils prirent le matériel qui leur avait été réservé, montèrent sur quatre bêtes et prirent la direction du désert de glace. L'autre équipe regroupa les affaires restantes dans des sacs à dos, enfourcha les quatre dernières montures, et se dirigea vers de somptueuses montagnes verdoyantes.


       L'empire d'Agapanthe avait de loin le terrain le plus accidenté des cinq Terres. Encré dans une chaîne de montagnes, il n'en était pourtant pas moins beau, bien au contraire. Ses vallées étaient merveilleuses, de petits coins de paradis verdoyants où vivait la majorité de la population. Les maisons y étaient l'opposé quasi parfait de celles de Charitospize, tant elles se dissimulaient adroitement dans la végétation luxuriante. Par-ci par-là, en levant la tête, on pouvait apercevoir un pont suspendu, une échelle, une plateforme, que de multiples lianes avaient fini par totalement recouvrir. L'air y était pur, divinement frais quand il chatouillait le nez. Si on observait attentivement les lieux, au bout de quelques minutes on pouvait voir apparaître de ravissantes habitations en bois, beaucoup sur pilotis ou perchées dans les arbres, d'autres faites de pierres, recouvertes d'une épaisse couche de plantes grimpantes. La diversité de formes, de matériaux et d'emplacements de ces rocambolesques demeures était spectaculaire, tout comme leur incroyable capacité à rester dissimulées. Seulement près de quarante pour cent des habitations de l'empire étaient à ce jour référencées, si bien que la traque des maisons introuvables était devenue le sport national. Les manuels d'histoire retiendront évidemment l'immensément célèbre braconnier Désiré Seulement-trois-centimètres-de-verre-à-ses-lunettes, affectueusement surnommé Dédé Celui-qui-y-voyait-plutôt-pas-trop-mal, personnalité désormais illustre de la chasse immobilière de haut niveau qui s'était spécialisé dans la découverte de maisons construites à l'intérieur même de troncs d'arbres.

À ces âmes égaréesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant