Chapitre 37

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Cause you'll be safe in these arms of mine
Just call my name on the edge of the night
And I'll run to you, I'll run to you

Run to You
Lea Michele

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       Le palais d'Eusthenia était immense.

       Les dix étages qui le constituaient avaient chacun une surface de six terrains de foot, sauf le dernier étage, bien plus petit, de seulement cinq cents mètres carrés. Son architecture avait tout du château gothique anglais, mais sous l'épaisse couche de neige qui le recouvrait se dissimulaient en fait de splendides façades en verre et en argent.

       Alors que Gaïa s'apprêtait à entrer dans l'édifice, inaperçue par tous les gardes, elle entendit des bruits sourds derrière elle, qui ressemblaient à ceux que l'on fait quand on tombe par terre.

       Sous la première lueur du matin, elle se retourna et vit trois gardes allongés aux pieds de Persès.

       — C'est ça ton don ?! Tu peux tuer des gens par la pensée ? fit-elle en laissant tomber son invisibilité.

       — AH !!

       Le pauvre homme agrippait agressivement sa poitrine de sa main droite, de peur que son cœur qu'il ne sentait plus battre ne reparte pas.

       — Ah non mais déjà premièrement je t'ai déjà dis de pas faire ça !!

       Il souffla.

       — Et non, je l'ai fait manuellement, dit-il en s'avançant vers elle un fusil à la main.

       Les yeux fatigués de la jeune femme s'écarquillèrent. Persès ne sembla pas comprendre pourquoi Gaïa se mettait dans tous ses états. Il la connaissait assez bien pour savoir qu'elle n'était pas choquée par la mort de ces gardes.

       Soudain, il reprit.

       — Ah oui ! Nan mais ils sont pas morts hein. C'est des fléchettes tranquillisantes qu'il y a là-dedans. Quand ils se réveilleront, ils n'auront aucune idée de ce qui a pu se passer.

       Gaïa secoua violemment sa tête, soulagée. La mort des gardes aurait ruiné ses plans de ne laisser aucune trace.

       — Qu'est-ce que tu fais là ? reprit-elle plutôt agacée.

       — Je crois que c'est plutôt moi qui devrais te poser cette question. J'avais compris qu'il t'était interdit de sortir du camp. Et encore plus défendu d'aller au palais.

       Gaïa baissa les yeux.

       — Je pouvais pas rester là-bas sans rien faire. Ils sont en train de torturer Atys.

       Le visage de Persès s'éteignit. Il revêtit soudain un air très sérieux.

       — Tu en es sûre ? demanda-t-il en la regardant droit dans les yeux.

       — Certaine, dit-elle en montrant rapidement ses poignets. 

       Persès ne comprit pas pourquoi Gaïa tendait ses poignets vers lui. Ils étaient certes plus pâles que la moyenne, mais rien d'affolant considérant que la jeune femme avait la couleur de peau d'un fantôme. Il reprit rapidement.

À ces âmes égaréesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant