Chapitre 36 Eli

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Je dois rassembler tout ce qui reste de ma raison pour arrêter de frapper la merde devant moi. Je regarde ce malade mental défiguré et ordonne à mon corps de se diriger vers le sac pour le décrocher et prendre la corde. J'attache solidement ce salopard à un arbre et je couvre Lara avec mon blouson. Elle est frigorifiée. Je n'ai pas le temps de réfléchir ni de parler, il faut aller au commissariat tout de suite.

- Tu es sûr que tu es en état de monter sur la mob ? De toute façon, on va à l'hôpital après.

- Non ! Pas d'hôpital...

Je serre les dents. Ok.

- D'accord... Il faut que tu mettes ton casque, bébé...

Elle l'enfile en grimaçant et on se met en route rapidement. Le commissariat est en plein centre-ville, on y arrive assez rapidement. Lara a des traces morbides d'étranglement et elle a les lèvres bleues. La colère me fait péter un plomb et je hurle, profitant que le moteur puisse me couvrir. Je me demande par quel miracle je n'ai pas buté ce fils de pute. On débarque dans le commissariat et quelqu'un vient vers nous pour nous indiquer rapidement dans quel bureau on doit aller. Je m'évertue à crier qu'il y a un fou au lac qu'il faut l'enfermer et que c'est lui qui a tenté de tuer Lara. On nous prend en charge très vite. J'ai peur que l'autre taré arrive à s'échapper. L'homme qui s'occupe de notre plainte a l'air correct et il ne semble pas prendre notre histoire à la légère vu les blessures de Lara, il fait immédiatement envoyer deux de ses hommes au lac. D'un coup, je respire. Il nous demande de raconter en détails ce qui s'est passé. Je prends la parole, car Lara n'est pas en état. Puis, il finit par poser une question qui me donne envie de vomir.

- Est-ce que vous connaissez cet homme ?

Il y a alors un long silence. Mais ce qui me perturbe, c'est que même Lara ne répond pas lorsque l'officier se tourne vers elle. Je serre les dents et fixe droit dans les yeux l'officier.

- C'est mon père.

Je vois Lara déglutir. Elle porte ses mains à son visage et murmure quelque chose d'incompréhensible. J'ai tellement peur de sa réaction. Elle va me quitter, elle aura raison. Je m'approche d'elle et prends son visage en coupe. Ses yeux sont gonflés et cernés.

- Je l'avais déjà vu. Il est venu me voir au café foutre la merde. Je ne savais pas... je n'aurais jamais imaginé que c'était...

Elle retient ses larmes et j'ai envie de tout casser. J'ai tellement de mal à respirer que je suis obligé de me lever et de sortir. Il a osé la toucher. Lui faire du mal. Comme il a fait du mal à ma mère. Je ferme les yeux et je pris d'avoir la force de m'empêcher d'y retourner et de l'éviscérer. L'officier m'a suivi et je lui intime de ne pas rester près de moi maintenant. Je n'arrive pas à arrêter de trembler. Je n'ai qu'une envie, c'est de retourner au lac et de lui briser le crâne.

- Ne vous en faites pas mes hommes sont sur le coup, ils vont le ramener et votre plainte va rapidement être prise en charge étant donné les preuves physiques qu'on peut constater sur votre amie.

- Ma femme.

- Vous êtes mariés ?

Je pince l'arrête de mon nez.

- Non mais c'est tout comme. Elle a failli mourir. Si je n'étais pas arrivé à temps...

Je jure et défonce une poubelle.

- Calmez vous, vous allez attirer l'attention de mes collègues. Déjà que vous ne passez pas vraiment inaperçu...

Je ricane. Toujours aussi bourré de stéréotype ces flics.

- Il a essayé de la tuer. Vous voulez que je réagisse comment ? J'aurais dû le finir...

Le flic fronce les sourcils.

- Attendez, qu'est-ce que vous voulez dire ?

Je garde le silence et je n'ai pas besoin d'en dire plus. Le flic soupire.

- Si vous vous en êtes pris à lui, je vais être obligé de vous mettre en garde à vue. Étant donné la situation, je vais essayer de vous faire sortir le plus rapidement possible.

- Faites ce que vous voulez... du moment qu'elle va bien et qu'elle est en sécurité.

Brusquement deux flics débarquent et je reconnais mon père entre leurs bras. Son visage fait peur à voir, mais ce n'est pas suffisant. Ça ne sera jamais suffisant pour tout le mal qu'il a fait. Il doit être sous C vu son état agité. Il me passe devant et le même éclair de rage que le mien éclate dans ses yeux. Je me rue sur lui pris d'une incontrôlable envie de le tuer, mais le flic à côté de moi me retient, et un second arrive en renfort. La merde hurle :

- Je vais te défoncer !

C'est ça. Viens je t'attends. Par miracle, je me calme.

Je retourne auprès de Lara qui semble avoir repris des couleurs. Je prends une grande respiration et me prépare à recevoir sa colère en pleine gueule. Son dégoût. Elle se lève puis on se fixe un instant. Jamais mon cœur n'a battu aussi vite. Je m'attends à recevoir un poing phénoménal, mais à la place, elle se saisit violemment de ma nuque et sa bouche vient se plaquer sur la mienne. Je craque de soulagement et lui rends son baiser en double. Puis, je fonds mon visage dans son cou et je la serre fort contre moi. J'ai eu la peur de ma vie. Dès qu'elle s'est barrée à moto, je l'ai suivie en vitesse, mais elle est allée vite. Quand je suis arrivé au lac, j'ai vu sa bécane, mais elle n'était pas là. Et j'ai entendu du bruit dans l'eau. J'ai immédiatement sauté quand je l'ai vu s'agiter dans le lac. Puis j'ai reconnu mon géniteur, et j'ai bien cru que j'allais finir mes jours derrière les barreaux.

- Tu m'as fais peur putain...

- Toi aussi...

Je colle mon front au sien et le policier qui s'occupe de nous se poste devant moi. Je baisse les yeux quand Lara me demande ce qu'il y a.

- C'est rien, c'est normal. J'ai appelé Nelly, elle est en route pour venir te chercher.

Elle se dégage de mon étreinte et je lis la torpeur dans ses yeux.

- Et toi ?!

- Je rentre dès que je peux, t'inquiète.

J'embrasse ses mains froides et le flic me passe les menottes. Il est cool, il m'a laissé plus longtemps qu'il ne le devait. Il m'a dit qu'il allait essayer de me faire rester cette nuit uniquement. Lara devient hystérique, mais je n'ai pas le temps de la rassurer qu'il m'entraîne déjà dans une autre pièce. La dernière vision que j'ai avant d'entrer dans un couloir qui mène à une cellule qui pue la pisse, c'est Lara en train de hurler et de se faire retenir par des officiers. J'ai envie de crever.

BOXING HEART (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant