BOXING HEART (En réécriture)

Chapitre 8 Eli

Une partie de moi crevait d'envie de la recroiser ici, mais je ne pensais pas que ce serait aussi rapide et à cette heure-là. Je vois à ses yeux qu'elle ne veut absolument pas parler de ce qui s'est passé tout à l'heure. Et franchement, je n'en ai aucune envie non plus. Sur ce plan, on se ressemble, je ne suis pas très doué pour communiquer.

- Pas mal ta moto au fait. Sa Ducati Monster m'a fait l'effet d'une bombe. Une fille sur une bécane, c'est mieux qu'une fille à poil dans mon lit les jambes écartées. Je l'observe du coin de l'œil et mon esprit part complètement là ou il ne devrait pas aller.

- La tienne aussi. Elle sourit et je crois que je pourrai frapper pour avoir ça tous les jours.

- La tête que les mecs ont fait quand ils m'ont vu grimper... À croire qu'une fille à moto, ça n'existe pas ici dans ce bled.

Je repense à ce moment et je me mords la lèvre pour étouffer mon mécontentement.

- Quoi ? Elle plisse les yeux.

-Crois-moi, c'est pas ta Ducati qu'ils regardaient, et c'est pas une moto qu'ils s'imaginaient que tu montais...

Si elle rougit pour ça, qu'est-ce que ça donnerait si elle voyait tout ce que j'ai envie de lui faire... J'ai envie de la prendre, là, de suite. Lui prouver qu'on n'est pas tous des connards. Je souffle. Encore une nuit où je ne vais pas dormir. Elle s'apprête à dire quelque chose quand son portable sonne. Absorbé par son écran, j'observe sa peau parfaite. Ses cils naturellement fournis. Ses clavicules fines qui contrastent avec la courbure de ses seins généreux...

– Je dois y aller. On se voit à la boxe ?

– Ouai. Fais attention à toi.

– Toujours. Elle sourit et je lui demande :

– Tu viens demain ?

– Tu verras.

Je souris doucement, les yeux rivés vers le sol, un sourcil relevé. J'ai réussi à me contrôler tout du long. Mais sa fossette et son ton insolent ont raison de moi, alors quand elle se tourne prête à partir, je la retiens comme un sauvage par la main. Je n'ai plus rien à dire, je veux juste rester avec elle. Encore. Je lui balance le premier truc qui me vient.

— On fait la course ?

                                                                                    *

Trois jours depuis notre discussion. Trois jours que je me branle en priant pour que ma queue tienne le choc. J'ai tellement peu dormi que je suis maintenant sûr que Lara ne quittera plus mon plumard, elle est littéralement imprégnée dans mes draps. Même quand Pat me demande d'aller chercher certaines pièces pour le garage, j'ai du mal à rester concentré. Je me garde bien de dire à mon patron que je n'irais pas chez le pro prendre certaines pièces, tout simplement parce que je les ai déjà. Mais elles sont chez mon géniteur, et je n'ai pas envie que Pat s'en fasse pour ça. Je passe donc à contre cœur chez mon connard de père pour les récupérer, elles traînent depuis trop longtemps dans son garage. J'arrive devant la porte et ne prends pas le temps de frapper, je sais que c'est ouvert. Je prie tout ce qui existe pour ne pas voir sa sale gueule. Raté. Il me voit arriver et se fige sur place, d'abord surpris, puis ses yeux ne tardent pas à devenir noir. Je fonce sans le regarder. Pas besoin de ça pour savoir qu'il est sale, qu'il ne s'est pas lavé depuis des jours et qu'il s'est enfilé quelques lignes. Je ne dois pas craquer. Je n'ai pas eu la mâchoire aussi contractée depuis longtemps. Je l'entends me suivre et débiter ses saloperies dont une qui me donne de réelles envies de meurtres.