BOXING HEART (En réécriture)

Chapitre 14 Eli

Je masse ma main encore douloureuse. Il y a quelques jours, j'ai porté Lara et je l'ai jetée à l'eau, et même si je me suis littéralement arraché la peau à travers le bandage, si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seconde. J'ai faillis péter un câble. Je ne suis pas un exemple, mais s'il y a bien un truc qu'on ne peut pas me reprocher, c'est ma loyauté. Et qu'elle ait remis en question implicitement ce qu'il y a entre nous en prétendant que c'est MOI qui la traite avec indifférence... Non. Ça, c'est pas passé. J'ai bien failli craquer pour lui montrer à quel point je suis très loin de la mettre dans le même "panier".

Je referme le coffre de la caisse et commence à déplier la tente. On a pris un emplacement grand et plutôt reculé pour être tranquille, je n'aime pas l'idée que des petites vieilles puissent me surprendre en train de pisser dans les arbustes de bon matin. Et puis, ici, on a l'impression d'être dans un espace naturel et non dans un camping, c'est pour ça qu'on revient là tous les ans Chris, Paul, Mike et moi. Mon humeur de chien est peut-être dû au fait que pour enterrer la hache de guerre avec Max, les mecs ont jugé bons de l'inviter. J'ai accepté, car je n'avais de toute évidence pas le choix. Je le tolère, mais j'ai prévenu : s'il me casse les couilles, faudra pas venir se plaindre que je le remette à sa place. Une fois la tente prête pour ce soir, on fout nos affaires dedans.

- Je suppose que tu ne dormiras pas avec nous Roméo ? Balance Chris à Paul un rictus moqueur aux lèvres.

Lui et Mike échangent un regard qui veut tout dire et fixent Paul qui leur fait un charmant geste en souriant. Ils éclatent de rire tandis que Paul et Max vont s'asseoir avec Nelly et Lara à la table un peu plus loin. Je la vois qui sourit. Ça me m'apaise, mais je reviens vite à la réalité et me tourne vers Mike et Chris.

- Elle va venir ?

Mike grimace et son regard fuyant me donne la réponse avant même qu'il ouvre la bouche.

- Franchement gros, je serais étonné du contraire, elle a dit qu'elle venait et tu la connais... Elle soigne ses entrées. Une expression de dédain doit certainement se lire sur ma gueule.

- Comment tu peux être ami avec elle...

Il soupire, embarrassé par ma remarque.

- Elle n'a pas toujours fait ces conneries mec... Elle en a bavé, elle aussi, je te rappelle.

- C'est pas une excuse...

- Je sais, mais bon...

Je ne réponds pas, la discussion se termine précisément par l'arrivée de la voiture bleu pétrole de Laetitia. Je respire profondément, essayant de calmer ma frustration. Elle est venue avec son acolyte Marie, la petite naine d'1,50 m que je ne connais pas très bien, mais rien qu'à voir ses fréquentations, je sais déjà tout ce qu'il y a à savoir. Ça y est, la merde va commencer. J'observe Lara attentivement, et je me sens comme un con. Je ne lui ai absolument pas parlé de Laetitia, car je savais qu'on allait devoir aborder la scène de l'hôpital. Et aucun de nous n'en n'avait envie. Mais je sens que j'aurai dû. Parce qu'elle scrute l'arrivée de mon ex, totalement perplexe.

- C'est pas un bon bail mec. Mais tu savais que c'était un risque à prendre.

Chris a raison. J'aurais dû mieux me préparer. Putain.

Je passe ma main dans mes cheveux. Laisser Laetitia niquer mes plans n'est pas une option. Je prends les devants et me dirige vers Lara, chaque pas me donnant l'impression de marcher sur des braises. Assise, elle me regarde calmement, mais je devine son mal aise. Je lui fais signe de venir, mais sa pique me fait exactement l'effet recherché : je me sens vraiment, vraiment très con.