Nelly me ramène chez moi. Je n'ai pas envie de parler, je n'ai pas envie de manger, je n'ai pas envie de dormir. Je veux juste être seule.
- Je comprends...
Ma meilleure amie me met de la crème pour ne pas que je garde de trace. C'est légèrement douloureux. Mais rien à voir avec la douleur que j'ai ressenti quand Eli m'a révélé qu'il avait perdu un enfant l'année dernière. Je me sens vide. Creuse. Stupide et incroyablement égoïste. Comment j'ai pu mettre une pression sur une chose pareille ? Je pense alors à Laetitia. Je n'arrive pas à croire qu'on puisse être aussi désespéré... Une larme refait surface pour la centième fois ce soir. Et ce monstre qui sert de père à Éli... mais comment a-t-il pu aussi bien tourner avec tous les malades qui ont fait partie de sa vie ? Eli est un miracle. Mon miracle. Et il est hors de question que je le laisse partir. Au sens propre comme figuré. Demain, quand il va sortir de sa maudite garde à vue, je lui annonce que je pars avec lui. C'est décidé. Cette soirée m'aura au moins fait comprendre que je ne veux plus jamais être séparée de lui.
Je dors deux heures tout au plus. Et quand mon réveil sonne je m'habille en automatique et je me rends direct devant le commissariat. Il est déjà là. Je n'ai jamais été aussi heureuse de descendre de ma moto. Je lui fonce dessus et ne lui laisse pas le temps de respirer. Ses mains retrouvent leurs véritables places sur mes hanches, dans mon cou, sur les joues...
- J'ai cru que j'allais devenir folle.
- Moi aussi... dis, c'est pas tôt pour que tu prennes la moto ? Il est inquiet.
- T'en fais pas, je vais très bien.
Je mens un peu, car j'ai vraiment mal aux côtes. Mais je savoure chaque seconde de nos retrouvailles jusqu'à ce que l'officier vienne nous donner quelques papiers. Il nous explique rapidement quelques détails supplémentaires concernant la procédure à l'encontre du père d'Éli, le temps que ça pourrait prendre etc. Je n'écoute que d'une oreille, car je n'ai qu'une envie, me retrouver enfin seule avec Eli. J'ai l'impression qu'on a été séparés une éternité et que ma soirée d'anniversaire était il y a plus d'une semaine. C'était pourtant hier. L'officier nous laisse après nous avoir tout dit en détail.
- Tu veux aller où ?
Je réfléchis un instant. Et je réponds calmement.
- Au lac.
Il grimace. Mais ne cherche pas à comprendre.
Nous arrivons à notre endroit préféré. Celui dans lequel on s'est toujours senti bien même avant de se rencontrer. Je prends une grande inspiration, luttant contre les souvenirs de la veille qui m'assaille. Hors de question de laisser cet événement gâcher tous les bons moments que j'ai passé ici. La corde de notre sac est toujours entourée à l'arbre. Je la ramasse et me tourne vers Éli.
- Tu m'aides à le raccrocher.
Il s'exécute et il y a enfin quelque chose à réparer ici. Soudain, je vois un bout de tissu dépasser d'un arbuste à quelques mètres de notre arbre. J'y vais et je découvre un tout petit nid entouré d'arbres avec une nappe installée au sol, il y a deux paquets de pop-corn, des lampions, des couvertures et tout ce qu'Eli semblait avoir prévu pour qu'on passe une merveilleuse soirée. Je souris.
- T'es un vrai romantique en fait.
Il passe sa langue sur ses lèvres et s'approche dangereusement de moi.
- Je voulais que ça soit une soirée exceptionnelle...
Il fixe le sol.
- C'était une soirée... inoubliable, on va dire. Je ne vais pas dire que c'était rien... Mais tu sais, j'en ai vu des vertes et des pas mûres. Je sais encaisser les coups. La pire chose qui pouvait m'arriver est précisément arrivée hier.
- Je sais... tu as failli te faire tuer. À ses mots sa mâchoire se contracte comme s'il revivait ce moment pénible. Il caresse délicatement les bleus sur mon cou.
- Non. J'ai cru que je te reverrais pas. Et quand je t'ai vu partir dans cette cellule...
Je pince les lèvres.
- Crois-le ou non mais je crois que ça a été le pire moment de cette maudite soirée.
Il colle ses lèvres contre les miennes et me soulève délicatement. J'enroule mes jambes autour de lui et presse mon corps contre ses abdos.
- T'imagines même pas comment c'est bon de pouvoir te toucher. J'ai envie de te manger. En plus, la bouffe était dégueulasse.
J'éclate de rire. Ça fait du bien. Il vaut mieux que je rigole plutôt que je pleure. Je serais incapable de m'arrêter.
- Je te propose qu'on finisse de fêter mon anniversaire comme il se doit. Mais avant, pose-moi.
Il rit et me dépose à terre.
- Merci de m'avoir dit la vérité. C'était mon plus beau cadeau d'anniversaire.
- J'aurais dû t'en parler dès le départ, ça aurait évité toutes ces emmerdes... tu ne serais pas partie de la soirée et ça ne serait jamais arrivé.
- Arrête avec les "si". Si tout ça n'était pas arrivé, je n'aurais jamais réalisé que j'allais faire la plus grosse erreur de ma vie... en te laissant partir.
Je lui laisse le temps de comprendre le sens de ce que je viens de dire. Et son visage s'illumine.
- Tu...
- Oui. J'ai toujours eu peur. Peur de me laisser aller, de laisser mes parents... Aujourd'hui, je réalise à peine que je n'ai pas le choix. Je ne peux pas me séparer de toi. Je n'avais pas prévu de...
Je baisse les yeux et ne trouve pas mes mots. Eli sourit.
- Moi non plus. Ce n'était pas dans mes projets de tomber sur une boxeuse.
Je ris.
- Tu me rends... forte. Je me sens capable de tout tant que je suis avec toi.
- Crois-moi, tu n'as jamais eu besoin de moi pour être forte. Tu es la femme la plus solide que j'ai jamais connue. Parce que tu es sincère, vraie, pure, et malgré tes emmerdes, tu continus d'avancer et d'y croire. Si j'avais le quart de ta force, je me sentirais plus digne de toi.
Je me laisse flotter dans ce bonheur que je savoure.
– Tu ES digne de moi.
- À partir de maintenant, c'est toi et moi contre le monde.
Je rectifie.
- "à travers" le monde.
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BOXING HEART (En réécriture)
RomanceLara et Eli. Deux écorchés vif au passé sombre qui n'avaient pas prévu de se tomber dessus. Boxeurs, loups solitaires, l'alchimie est instinctive, sauvage. Il a vécu un drame, elle aussi. Malgré la vie qui ne fait pas de cadeaux, vont ils réussir à...