BOXING HEART (En réécriture)

Chapitre 40 Eli

Ce soir, nous allons chez Lara, et ça me rappelle notre première nuit. J'ai toujours envie d'elle, mais après tout ce qu'elle vient de traverser, je me demande si dormir ne lui ferait pas du bien. Je l'aide à se débarrasser de ses affaires et elle se dirige vers la cuisine pour nous préparer un thé.

- Tu ne bois jamais de café ?

Elle me regarde, étonnée.

- Non, je n'aime pas ça, mais si tu en veux, je peux en acheter, ou...

- Non. Le thé j'aime bien.

Je souris et l'observe. Son tatouage dépasse un peu, et je n'arrive pas à le quitter des yeux. C'est la première chose que j'ai vue chez elle. L'élément qui m'a permis de la reconnaître, et je n'ai jamais pensé à lui demander ce qu'il signifiait.

Elle se retourne et ses lèvres s'étirent.

- Tu sais, il suffit de me demander parce que lui, il ne va pas te répondre.

Elle touche son dragon sur sa hanche. C'est une véritable œuvre d'art. Je m'approche. Les détails sont vraiment impressionnants et les couleurs correspondent parfaitement à Lara. Jaune, orange, rouge, vert sapin. Je le touche aussi fasciné que la première fois.

- C'est ma force.

- Quoi ?

– Ce dragon. Il représente ma force intérieure. Je l'ai fais quand ma mère a fait sa première tentative de suicide. J'avais 17 ans, je l'ai retrouvée en sang, elle s'était taillé les veines. Ce jour-là, j'étais avec ce qu'on aurait pu appeler mon premier copain, je rentrais chez moi toute contente, il m'avait offert un pendentif : un magnifique dragon japonais. "Tu es forte comme ce dragon." Après cette scène, j'ai pris toutes les économies que mes parents avaient faites pour moi et je me suis rendue chez un tatoueur. Je lui ai demandé de me tatouer ce dragon en couleur sur ma hanche, je me rappelle encore de sa surprise. Il m'a dit que j'allais avoir mal sur cette partie-là, mais ça n'avait aucune importance, cet endroit était symbolique et réfléchi : quand j'ai trouvé ma mère dans cet état, je me suis effondrée et je suis tombée sur ce côté-là, mais ça ne m'a pas empêché de me relever pour agir et la sauver. Je ne voulais pas oublier de quoi j'étais capable même en situation critique. Ma force me colle à la peau maintenant. Quand je me prends à douter de moi... Je regarde mon dragon.

Je regarde les yeux déterminés de Lara. Je suis fasciné par cette puissance qu'elle a et qu'elle aura toujours. C'est une amazone.

- T'es mon héroïne, tu le sais ça ?

Elle ricane.

- Ouai enfin, c'est plutôt toi. C'est toi qui m'a sauvé de... enfin, tu vois. J'ai du mal à réaliser... comment tu as pu supporter ce calvaire aussi longtemps ? C'est fini maintenant.

- C'est ma mère qui en a le plus souffert, crois-moi. Je ne supportais plus d'entendre des côtes se briser, son nez craquer... plusieurs fois, j'ai vraiment cru qu'il allait la tuer devant moi. Sous mes yeux. C'est pour ça que je me suis mis à la boxe, tu t'en doutes. Je voulais... Je DEVAIS la protéger. Un jour, j'ai réussi à contrer mon père et à lui faire face. Sauf que cette fois, je faisais le poids. Je pouvais la défendre et le défoncer. Je pensais que tout rentrerait dans l'ordre après cette victoire, mais le lendemain, elle était partie. Elle m'avait laissé de l'argent et une lettre.

Lara me caresse le visage. Elle comprend.

- Elle me disait qu'elle était désolée, qu'elle m'aimait et qu'elle allait tout faire pour me récupérer. Je pense que dès qu'elle a vu que je pouvais me défendre, elle s'est dit qu'elle pouvait partir la "conscience tranquille". D'un côté, j'ai jamais pu vraiment lui en vouloir. C'était pas une vie. Mais pour moi, ce n'est plus ma mère. Je conçois qu'elle se soit barrée, parce que j'avais 17 ans, j'étais déjà bien en muscles, et je pouvais me défendre. Mais qu'elle n'ait plus jamais essayé de m'appeler, de garder contact avec moi alors qu'elle me l'avait promis...

- Tu n'as jamais essayé de la retrouver ?

- J'ai voulu... et je l'ai fait.

- Mais tu m'as dit...

- Je sais. Mais j'ai pas pu m'en empêcher. J'avais besoin de savoir pourquoi. Pourquoi elle m'avait laissé comme ça. Elle a refait sa vie peu de temps après m'avoir quitté. Elle a eu un enfant, une famille. Et j'ai respecté ça. Je la comprenais, mais pour moi, à partir de ce moment-là, c'est comme si elle était morte.