Chapitre 30 Eli

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J'ai pété un câble. Jamais je n'aurais cru me mettre dans un état pareil devant elle. Je me sens tellement con. J'ai failli me battre avec un mec que je connais depuis le collège juste parce qu'il a des vues sur ma meuf. Si j'avais eu un peu plus de plomb dans la tête, j'aurais compris que Lara n'en avait rien à foutre de lui et que je n'avais pas à m'en soucier. Mais l'entrevue avec Laetitia m'a complètement flingué, après ce qu'elle m'a avoué, ça a brisé quelque chose en moi. Lara est la seule chose qui me reste, j'ai l'impression.

- Ça va ?

Elle est allongée sur le côté, elle me regarde tendrement, mais elle est inquiète. Elle est nue sous ma veste. On n'avait pas prévu de faire l'amour ici. On est sous notre arbre et notre sac. Heureusement que personne ne vient jamais ici sans déconner. Je joue avec ses cheveux et lui réponds.

- Oui, ça pourrait difficilement aller mal après ce qu'on vient de faire.

Son sourire me rassure. Je m'approche et l'embrasse sur le front.

- Je suis désolé de m'être battu devant toi.

- Tu te bats devant moi depuis qu'on se connaît.

- Oui à la boxe, dans un cadre normal, là... c'était pas normal. J'avais envie de le tuer.

Elle me prend la main et sa bienveillance me calme instantanément. Elle a un vrai pouvoir avec ça.

- Je sais. C'est un ami, rien de plus, t'inquiète pas pour ça.

Je ne réponds rien et l'attire contre moi. Elle blottit sa tête contre mon torse.

- Tu sais, c'est la première fois qu'on se bat pour moi.

Ses yeux se perdent dans le vide.

- Comment ça ?

- Personne ne s'est jamais battu pour moi. Pas qu'en terme de mec, en tout. J'ai toujours été habituée à être...

- Seule?

- ...c'est ça.

Je le sais parce que moi aussi, j'ai toujours ressenti ça. Elle et moi, on est pareil sur tous les plans.

- J'ai toujours été seul moi aussi. Mais quand tu es avec moi... c'est différent.

- Pareil...

Je crois la voir rougir. Miss naïve est de retour et je l'embrasse à m'en faire mal aux lèvres. Je ne crois pas à ces conneries sur les âmes sœurs, mais j'ai clairement trouvé mon alter ego au féminin. Une sorte de moitié. Et jamais de ma vie, je ne me suis senti aussi vif et à ma place.

*

Ce weekend, Lara ne travaille pas, donc j'ai eu envie de l'amener à la mer. Je pense qu'on a besoin d'un break avec tout ce merdier, ses parents, ce combat de coq, mon plus-aussi-sûr départ... J'ai besoin de n'être qu'avec elle pendant au moins deux jours entiers. Je ne sais pas pourquoi, mais cette semaine a été rude. Je n'ai pas pu la voir autant que je le voulais, toujours un imprévu, un truc à faire, comme si tout se mettait en travers de ma route pour être avec elle. Laetitia est venue à mon travail trois fois, j'ai dû demander à mon patron Pat de la dégager. Maintenant, dès que je la vois, mes nerfs sont à deux doigts de lâcher. Ce weekend à la mer va me faire du bien. Sans compter que j'ai une envie violente de Lara. Hier et avant hier, je lui fais l'amour trois fois dans la nuit, elle était épuisée, mais si ça n'avait pas été le cas, un 4ᵉ round allait s'imposer. Merde, j'ai toujours été nympho ? Ou c'est elle qui m'a rendu accro ? Je la voyais amusée, mais légèrement choquée.

- On y va ?

Je la regarde commencer à enfiler son casque, j'acquiesce et affiche mon plus beau sourire pour lui montrer que tout va bien. Je veux qu'elle profite de ses deux jours au maximum, elle aussi. Donc pas de place pour l'inquiétude.

On se met en route chacun sur notre bécane et elle me suit. Les sensations de la moto me font oublier le reste. Voir Lara sur sa mob est aussi une des plus belles visions de ma journée, elle me défie en me dépassant. Ça m'excite... Je réalise la chance que j'ai d'être avec une fille comme elle, qui n'a pas froid aux yeux. Lara, elle est plus que ça. Elle est vraie. Spontanée, passionnée, honnête. Et même si elle est aussi brisée que moi, je me démerderai pour combler les fissures.

Au bout d'une heure, nous arrivons dans la petite maison que j'ai réservée. Elle ne s'y attendait pas et se tourne vers moi les yeux ronds.

- T'as carrément réservé une maison ?

- On sera tranquilles ici.

Traduction : je vais pouvoir te soulever si fort que tu pourras crier autant que tu veux.

Elle sourit et vient m'embrasser langoureusement.

- Dis donc, je suis gâtée.

Son petit rictus me donne de sales idées et je pense déjà à comment va finir le lit ce soir.

Pour l'heure, on entre. Elle est émerveillée au premier regard. C'est vrai que l'endroit est très cocooning, un peu du même style que ces petites cahutes qu'on trouve surtout dans les îles. On dépose les quelques affaires que nous avons prises et elle commence à se déshabiller. Je me masse la mâchoire pour me retenir de la plaquer sur le lit au moment où elle enlève sa culotte. C'est la première fois que je suis obsédé à ce point par une femme.

- T'es sûre que tu veux te déshabiller devant moi ?

Elle me lance un regard coquin et enfile son maillot de bain. Elle sort par la porte qui donne directement sur la plage et commence à trottiner en direction de l'océan. Puis, elle marque une pose et se retourne.

- Si tu m'attrapes, tu fais ce que tu veux de moi.

Ses mots me donnent envie de la rattraper, de lui faire l'amour sur la plage à même le sable. Elle sait que j'en serais capable. Je crois même que c'est le but.

- Prends de l'avance.

Elle éclate de rire et commence à courir. J'ai choisi un endroit où il n'y a pas grand monde et vu l'heure tardive, le lieu est déjà vide. Lara trébuche à plusieurs reprises, mais se relève malgré tout en riant aux éclats. Un peu comme les gosses quand ils savent qu'on court après eux, parce qu'il y a un mélange de peur et en même temps, on adore ça. C'est ce que je ressens tout le temps pour elle. Je ne peux plus me voiler la face. Je l'aime. Et merde, je l'aime à en crever, et j'ai peur de la perdre. 

BOXING HEART (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant