BOXING HEART (En réécriture)

Chapitre 11 Lara

Je suis en sueur, rouge, et essoufflée, mais ça n'a rien à voir avec l'effort physique. Je sens son corps contre le mien. Et le corps d'Eli n'a rien de simple : il est dur, mais doux à la fois, son torse nu est dévoilé, mais il reste un mystère avec ses tatouages qui narguent quiconque les regarde. Si Lucifer avait un visage, ça serait sans aucun doute le sien siens : une gueule d'ange déchu, magnifique, mais abimé par la vie. Le genre de beauté fatale. Le genre de regard qui aura ma peau, et mon cœur si je ne le protège pas. Ce gars est typiquement à éviter. Mais étrangement, il n'a rien de ce sale caractère qu'on pourrait s'imaginer en le voyant. Il a une aura solaire, quelque chose qui me réchauffe. Comme si j'avais vécu toute ma vie en hiver à l'intérieur de moi. Comme s'il avait été marqué par les épreuves, mais qu'il y croyait encore, lui. Je serre les dents. J'ai peur quand je pense des trucs pareils. Qui a envie de s'attacher comme ça ? Et qui a dit que j'étais attaché d'abord ? Je ne le connais que depuis trois semaines... Je sens sa main se resserrer légèrement autour de ma taille, comme s'il répondait à mes mots silencieux. Une partie de moi veut lui prouver que je peux lui échapper, mais une autre n'a aucune envie de résister. 

Après un moment de flottement fugace, je parviens finalement à libérer un de mes bras et à le chatouiller. Surpris à son tour, il pousse un cri de stupeur et je profite de l'occasion pour me libérer. Mais évidemment, comme si on était dans un foutu de film romantique à la con, mon pied se prend dans sa cheville et en un instant, je me retrouve sur lui, étalé de tout mon long. Je reste figée à quelques centimètres de son visage. Ma gorge se serre. Ses lèvres sont si près des miennes qu'il serait criminel de ne pas les toucher... Il sent un mélange de cigarette et d'un certain parfum que je connais, mais dont le nom m'échappe. J'ignore combien de temps s'écoule. Ce que je sais, c'est que la manière dont il me dévisage me fait soudainement avoir de la peine pour les nonnes. On ne rit plus, on ne joue plus. Ses yeux s'assombrissent, et son visage devient sauvage, comme s'il contenait une bête en lui. Une bête que j'aimerais apercevoir ne serait-ce qu'une fois. En un instant, il devient la nuit et le soleil se couche. Ses yeux basculent vers ma lèvre inférieure. Je devrais être gênée, mais je n'ai qu'une envie : qu'elles disparaissent dans les siennes. Ses narines frémissent légèrement et je me perds dans les traits de sa mâchoire serrée.

– Il y a des hôtels pour ça. Le bruit des sifflements me ramène à la réalité. Je me relève, en vitesse comme si je venais de me bruler. Le cours se déroule sans embuche, mais je suis mal à l'aise que les gars de la salle m'aient vu dans une posture aussi vulnérable, surtout au vu de ce qui s'est passé l'autre jour où je me suis pris une beigne. À la fin du cours, je sors des vestiaires et m'apprête à rentrer chez moi en vitesse, souhaitant éviter toute conversation à ce sujet, mais une main m'attrape le bras. Je frissonne.

- Tu pars sans dire au revoir ?

- Désolée, la séance m'a vraiment tuée...

Eli lâche un de ces petits rictus, comme s'il ne me croyait qu'à moitié.

- Je ne vais pas t'embêter longtemps t'inquiète, mais il faut que je te parle d'un truc. Les gars et moi, on part en camping. Rien d'extra, mais pas mal de gens de la boxe se ramèneront.

Eli fronce les sourcils et claque la langue. Je rêve ou il a l'air gêné ?

– Il y aura Chris, Paul et surement ta copine Nelly. Je sais que tu t'entends plutôt bien avec les gars alors, je me suis dit...

Je me pince les lèvres, mais je n'y arrive pas. Je ris malgré moi devant sa nervosité évidente.

- Quoi ?

Il fait la moue avec ses lèvres généreuses et baisse les yeux. Il n'a pas l'air de réaliser qu'avec ce visage, il peut obtenir presque tout ce qu'il veut. Et j'aime ça chez lui. Son huilité.