BOXING HEART (En réécriture)

Chapitre 38 Eli

- Si je ne t'ai rien dit, c'est parce que je n'étais pas sûr que tu sois prête...

- Prête pour quoi ?

- Pour la vérité.

Lara me fixe plus sérieuse et déterminée que jamais.

- Je préfère la vérité aussi difficile soit elle, au mensonge.

Je soupire. Je sais qu'elle a raison et qu'elle sera assez forte pour encaisser. Mais ça... c'est quelque chose dont je ne parle même pas avec moi-même. C'est trop de souffrance. Ce trou béant de culpabilité que je ressens tous les jours depuis ce jour... Mais depuis que Laetitia m'a parlé, c'est encore pire. Des flashs du passé me reviennent. Des choses n'ont pas arrêté de refaire surface et je n'ai pas réussi à les contrôler. J'ai essayé de faire en sorte que ça n'ait aucune influence sur mon comportement avec Lara, mais je réalise que je n'avais pas le droit de lui demander de me suivre au bout du monde si je n'étais même pas foutu d'être honnête avec elle.

- J'ai eu envie de te préserver, c'est tellement parfait entre nous... mais c'est terminé, tu mérites aussi de savoir.

Je la regarde. Elle a été honnête avec moi et ça a été dur pour elle. C'est mon tour.

Je prends une grande inspiration, et m'agrippe aux barreaux.

- L'année dernière, Laetitia est tombée enceinte.

Silence de mort. Lara serre les dents sous la surprise, mais tente de garder la tête froide.

- C'était notre enfant, et même si ce n'était pas prévu, on voulait... on voulait élever ce bébé ensemble.

Je lève la tête et fixe le plafond.

- J'allais être là pour elle et le petit. Elle m'a annoncé la nouvelle avant que... avant que j'apprenne ce que tu sais déjà... je n'aurai jamais su si l'enfant était de moi, mais je m'étais déjà fait à l'idée d'être père... ça m'a doublement brisé le cœur. Et suite à notre séparation...

Je ferme les yeux et comme chaque fois où je repense à ça, une partie de mon âme se brise.

- Elle a perdu le bébé.

Je ne réalise pas tout de suite que je pleure. Je lève les yeux vers Lara, et sous le choc, elle porte sa main à sa bouche. Son visage est à son tour rouge et des larmes aussi silencieuses que les miennes se mettent à fuser. Je crois que je me suis rarement senti aussi mal de toute ma vie. Sans un mot, Lara me prend le visage à travers ces foutus barreaux.

- "j'ai tué mon propre enfant". C'est ce que j'ai toujours cru. Cette pensée m'a obsédé pendant des mois. J'étais sûr qu'elle l'avait perdu à cause de notre séparation. Mais la fois où je l'ai vue, tout a changé. Elle m'a avoué quelque chose d'affreux... j'ai eu de la peine pour elle, honnêtement, je n'ai pas pu m'en empêcher. Elle est malade. Je n'avais pas compris à l'époque. La jalousie l'a vraiment rendue folle... je l'ai rendue folle... le résultat, c'est qu'elle m'a trompé par peur d'être trompée la première. Et tout a dégénéré. Elle a ... elle m'a dit la vérité.

Lara me masse les bras et les épaules pour me calmer.

- Elle m'a dit que sa fausse couche n'était pas dû à notre séparation.

Lara m'interroge du regard et je vois qu'elle craint le pire. Et elle a raison.

- Quand le bébé est mort, pour moi j'étais le seul responsable. Je n'ai pas arrêté de me demander ce qui se serait passé si j'avais pardonné à Laetitia. Peut-être qu'il serait encore en vie ? Mais en fait, elle ne voulait pas de cet enfant sans moi...

Mon cœur bat à cent à l'heure et je donnerais cher pour avoir un bon combat de prévu pour défoncer quelqu'un.

- Elle s'en est débarrassée à 7 mois de grossesse. Elle a pris des putains de médicaments.

Je reste stoïque et Lara cesse de respirer.

- J'aurais tout abandonné pour lui. J'aurais dit adieu à mon projet de voyage, adieu à mes économies pour qu'il ne manque de rien... mais elle ne lui a pas laissé de chance.

Hors de contrôle, je lâche Lara et cogne cette putain de cage qui m'empêche d'être avec elle. Lara, en panique, essaie de me faire revenir à la raison.

- Calme-toi. Eli...

Je tombe à genoux et je n'arrive pas à m'imaginer la vie que j'aurais pu avoir avec ce gosse. Mon gosse. Enfin... même pas sûr au final... Je suis meurtri.

- Elle va être placée dans une institution, car elle a menacé de se tailler les veines si je ne venais pas pour écouter ce qu'elle avait à dire... elle est trop abîmée... il faut qu'elle se fasse soigner.

Lara se laisse tomber contre le mur de métal qui nous sépare et elle tente par tous les moyens d'être proche physiquement de moi. Sauf que le temps de la visite en cellule est écoulé. Je la regarde le plus longtemps possible. C'est la seule chose qui m'empêche de tout casser.

                                                                                                   *

Cette nuit, je rêve que je passe la nuit collé à Lara comme si c'était vital. Parce que ça l'est à présent. C'est comme si j'étais déjà parti dans mon tour du monde, et qu'elle était ma boussole. Sans elle, je suis paumé.