𝐈 𝐡𝐚𝐭𝐞 𝐭𝐡𝐚𝐭 𝐈 𝐝𝐨𝐧'𝐭 𝐫𝐞𝐚𝐥𝐥𝐲 𝐡𝐚𝐭𝐞 𝐲𝐨𝐮 𝐚𝐭 𝐚𝐥𝐥

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Eddie se tenait droit devant elle, la veste sans manches à l'effigie de la boutique collée sur le dos. Il arborait l'un de ces sourires, mi inquiétant, mi jovial, dont lui seul avait le secret. C'était comme s'il s'était attendu à sa venue. Après plusieurs secondes de réflexion, Chloé arriva d'ailleurs à ce constat. Il était très peu probable que son patron ne l'est pas informé de l'arrivée d'une vendeuse.

Son air espiègle se reflétait dans le regard émeraude de la rousse, lui faisant comprendre qu'il était enchanté par cette potentielle nouvelle. C'était comme si, depuis quelques jours, tous les astres du destin s'étaient rassemblés, puis alignés pour les obliger à se retrouver.

Après quatre longues années sans se voir et s'adresser la parole, ils se faisaient face pour la cinquième fois en seulement quelques jours. La jeune femme ne savait pas comment interpréter tous ces signes, se demandant si elle devait saisir cette immense perche qu'un membre du divin semblait lui tendre.

Elle connaissait le musicien, savait que toutes ces tentatives d'humour idiotes et sa demande de conversation de la dernière fois n'étaient pas anodines. À sa manière, il voulait essayer de se faire pardonner. Seulement, Chloé voulait qu'il comprenne le mal qu'elle avait enduré ce jour-là. Elle souhaitait qu'il se comporte comme un adulte. Autrement, elle ne serait pas en mesure de lui pardonner et d'agir comme lui le faisait.

La rousse serra sa large enveloppe marron contenant ses CV contre sa poitrine, articulant enfin quelques mots.

— Est-ce que ton patron est là ?

— Négatif ! Il est parti livrer un piano à un client. Considère que je suis aux commandes pour le moment, rétorqua-t-il, un petit rire s'échappant de ses lèvres charnues.

La musicienne se contenta d'acquiescer, n'osant pas effectuer le moindre mouvement. Elle resta sur place, fuyant son regard pour observer d'un peu plus près, les articles proposés à la vente. Une cinquantaine de guitares, des batteries de toutes les couleurs, ainsi que différentes grandes enceintes. Le magasin regorgeait de trésors de tout type, réconfortant Chloé. Elle devait absolument prendre sur elle si elle voulait ce job.

Elle détourna son visage, observant le noiraud, occupée à séparer quelques-unes de ses bouclettes, glissant ses habiles dessus pour les lisser.

— Et donc ? Je suis supposée attendre son retour ?

Le jeune homme laissa ses cheveux retomber sur ses épaules, indiquant l'un des comptoirs de vente à la jeune, l'invitant à le suivre d'un petit coup de tête dirigé dans la direction de ce dernier. Elle fronça les sourcils, lui emboîtant le pas.

Il passa dans l'arrière-boutique, en ressortant avec la même veste que lui portait, ainsi qu'un badge immaculé, ayant pour seul nom inscrit dessus, celui de la rousse. Assurément, elle ne comprenait pas vraiment ce qui était en train de se dérouler. Était-elle embauchée alors même qu'elle n'avait pas encore rencontré le propriétaire des lieux ?

— Ne me regarde pas comme si je venais de bouffer ton chien, dit-il en l'observant à son tour.

— C'est quoi ce cirque Munson ?

— Toujours aussi impatiente à ce que je vois !

Il lui prit sa pochette cartonnée des mains, la jetant dans la poubelle, s'acclamant lui-même en remarquant que la grande enveloppe avait atteint son objectif du premier coup. Il sautilla sur place, fier de lui avant se retourner vers Chloé et de remarquer qu'elle l'observait, le regard désabusé, ses bras croisés sous sa poitrine.

— T'es embauchée, c'est aussi simple que ça, expliqua Eddie.

— Je te demande pardon ?

— Le patron me fait confiance. Et moi, je sais que tu seras une très bonne employée. Donc, félicitations ! s'exclama-t-il.

𝐋𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐫𝐝 | Eddie Munson x OcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant