𝐁𝐮𝐭 𝐟𝐫𝐢𝐞𝐧𝐝𝐬 𝐝𝐨𝐧'𝐭 𝐤𝐧𝐨𝐰 𝐭𝐡𝐞 𝐰𝐚𝐲 𝐲𝐨𝐮 𝐭𝐚𝐬𝐭𝐞

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L'ambiance qui s'était invitée dans l'appartement de Chloé était étrange, pourtant pas désagréable. Occupée à préparer des cocktails dans la cuisine, n'ayant aucune envie d'aller se coucher bien qu'ils travaillaient tôt le lendemain matin, la rousse était concentrée sur sa tâche. Elle découpait soigneusement les morceaux d'orange, vérifiait qu'elle avait versé la bonne quantité de Tequila dans les deux verres. La cuisine ouverte lui donnait cependant une vue intéressante sur le salon, et sur Eddie.

Face au miroir collé contre le mur à côté de sa batterie, éclairée par la lumière de la lune, il détourna son regard de son objectif pour observer les gouttes de pluie s'écraser contre les carreaux de la fenêtre. Il avait ôté sa veste en cuir et s'affairait à méticuleusement attacher son bandana rouge et noir autour de sa tête, ne négligeant aucune de ses longues mèches corbeau. La clarté artificielle de la pièce permettait à la musicienne d'analyser en détails les rangées de tatouages ornant ses bras, recouvrant ses phalanges.

Des chauves-souris sur son avant-bras, des têtes-de-morts de tout style et de tout genre un peu partout sur ses longs doigts. La montre digitale qu'il portait autour de son poignet droit, lui empêchait cependant de voir celui qui semblait se cacher dessus. La jeune femme grossit légèrement sa vision, finissant par reconnaître une guitare électrique aux lignes fines. Elle ne put s'empêcher de sourire, finissant de préparer les boissons.

L'idée de se faire tatouer avait déjà traversé l'esprit de Chloé à de multiples reprises. Elle aussi voulait se servir de son corps comme d'une toile immaculée dans le seul but de la remplir d'un nombre incalculable de pièces d'art uniques. De ses jambes à ses bras, la rousse voulait recouvrir son épiderme et effacer ses complexes, laissant l'encre noire prendre possession de sa peau. Néanmoins, elle n'avait jamais osé sauter le pas. Non pas parce qu'elle avait la trouille, mais bien parce que ses parents risqueraient de définitivement la déshériter. Chloé faisait partie de ces jeunes devant vivre leur vie d'adulte en subissant l'approbation permanente de leur géniteur.

La batteuse saisit les deux récipients en verre, se déplaçant jusqu'à Eddie avant de le lui donner et de repartir vers le plan de travail, sautillant légèrement pour s'asseoir dessus. Elle n'avait toujours pas dit un seul mot et il ne semblait pas non plus vouloir initier la conversation. Munson se contentait de regarder la jeune femme, souriant bêtement lorsque ses yeux croisaient les siens.

Ils s'étaient déjà retrouvés seuls un millions de fois, simplement, à l'époque, ils n'étaient que de jeunes adolescents un peu stupides à la recherche perpétuelle de conneries à faire ou à raconter. Ce soir, elle n'avait pas l'impression d'être face à son ancien meilleur-ami. Quelque chose avait changé, quelque chose qu'elle n'arrivait pas à maîtriser. Elle ne le voyait plus comme cet ami sur qui compter, sur ce roc lui servant d'appui et de soutien pour ne pas sombrer. Non, aujourd'hui, Eddie était tout autre chose. Son aura était différente. Son charisme prenait toute la place dans la pièce à vivre. Son souffle, lourd, long, imitant celui de Chloé, inondait son visage alors même qu'ils étaient à quelques mètres de distance.

Le regard du noiraud épousait chacune de ses formes, étudiait chacune de ses expressions, cherchant à savoir quand serait le moment où il aurait le droit de s'approcher d'elle. L'air se faisait rare au sein de son organisme, l'obligeant à soupirer longuement durant la totalité de ce contact visuel qui ne semblait pas connaître de fin. L'œillade de Chloé était puissante. Elle ne lâchait pas sa proie des yeux.

Il y a quelques minutes, elle l'avait presque suppliée de l'embrasser en pleine rue. À présent, c'était lui qui était sur le point de formuler cette demande. À l'inverse de la rousse, il ne cherchait pas à savoir pourquoi il la désirait autant, ne cherchait pas à comprendre pourquoi son regard sur elle avait tant changé. Il ne voulait pas rire, ni l'embêter ou la taquiner. Il la voulait. Il la voulait entièrement et il n'avait absolument aucun mal à se l'avouer.

𝐋𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐫𝐝 | Eddie Munson x OcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant