𝐋𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐫𝐝 | Eddie Munson x Oc

𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞

Tout avait débuté sous la pluie. Une pluie puissante, presque orageuse. Elle n'était pas du genre à être effrayée ou même perturbée par les intempéries, mais ce jour-là, son angoisse ne diminuait pas. Le ciel était gris, morne et triste. Comme lui.

Elle l'observait à travers la classe, s'était déjà retournée plusieurs fois durant l'heure de Français pour vérifier s'il ne s'était pas endormi. Ce n'était pas le cas. Son regard était dirigé vers la fenêtre, hypnotisé par les gouttes humides qui s'écoulaient contre la baie, finissant leur course dans le parterre de fleurs.

Ce rituel s'était répété durant toute la journée. À chaque nouveau cours, il s'était exilé au fond de la salle, seulement intéressé par le temps extérieur, ignorant chacun de ses coups d'œil. Chacun de ses sourires. Depuis quand il refusait le soutien qu'elle lui envoyait ?

Elle n'attendait qu'une seule chose. La sonnerie de fin de journée pour lui courir après et enfin le confronter. Elle détestait ses silences. Elle haïssait sa douleur et celle qu'il lui imposait. Elle voulait lui montrer qu'elle était là pour lui et qu'elle ne comptait pas l'abandonner. Toutefois, c'est ce que lui faisait. Il refusait son aide, ignorait la main qu'elle lui tendait.

À seize heures, la mélodie retentit enfin, annonçant le début du week-end. L'adolescente s'empressa de ramasser ses affaires en voyant que son ami avait déjà quitté la salle de classe. Traverser la foule de lycéens pour rejoindre l'extérieur du bâtiment avait été un véritable parcours du combattant. Comme toujours, elle n'avait pas échappé aux critiques sur son physique.

— Bah alors la grosse, on fait enfin un peu d'exercice ? dis un premier.

— Mais non, tu sais bien qu'elle court pour ne pas rater l'heure du goûter, ajouta un deuxième, riant.

Elle ignora ses insultes, ravala ses sanglots et ses larmes et continua sa course folle parmi les élèves. Son malheur voulait prendre le dessus, mais elle ne voulait pas perdre son objectif de vue. Sa longue chevelure bouclée en ligne de mire l'aidait à ne pas s'écrouler une nouvelle fois. Elle devait lui parler. Elle ne pouvait le perdre. Qui la soutiendrait autrement ?

Chloé voulait être son refuge comme la musique l'avait été pour elle.

Une fois dehors, agressée par le vent et la tempête, elle plissa des yeux, cherchant activement son meilleur ami. Elle poussa un petit cri presque silencieux et se recula légèrement en voyant qu'il s'était arrêté juste devant elle.

— Arrête de me suivre. C'est quoi ton problème ? gronda-t-il.

— Tu me fuis. Tu as besoin de moi. Tu as besoin d'aide.

Il ricana, remuant ses habiles dans ses mèches déjà mouillées, la dévisageant. Il ne l'avait jamais dévisagé.

— Fous-moi la paix Chloé. Tu m'étouffes.

Il fit volte-face, rejoignant quelques lycées qui semblaient l'attendre aux grilles du portail. Eddie ne prit même pas la peine de la regarder. Il savait que dans son regard, elle y verrait le reflet de sa souffrance qui ne cessait pas de croître. La mort de ses parents l'avait changée. Il avait refusé qu'elle change avec lui. Il devait la protéger.

Il ne lui avait plus jamais adressé la parole.

Depuis ce jour, elle haïssait la pluie.