𝐈 𝐟𝐞𝐞𝐥 𝐥𝐢𝐤𝐞 𝐚 𝐬𝐭𝐨𝐫𝐦 𝐢𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐢𝐧𝐠

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TW : drogue, mention de coups et blessures.


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Depuis plusieurs semaines, c'était le véritable branle-bas de combat, ou plutôt, seulement du côté de Chloé. Eddie lui, flottait sur son petit nuage, voguant dans une mer gris et blanc, à des milliers de mètres du sol, refusant de revenir sur la terre ferme et de retrouver ses nombreux soucis quotidiens. Car une chose était sûre, une fois qu'il retrouverait la surface de sa planète, il ne pourrait pas se moucher tranquillement sans craindre qu'une quelconque merde ne lui tombe sur le bout du nez.

À la suite de l'annonce de la rousse, cette dernière s'était tout de suite organisée. S'ils voulaient effectivement monter un groupe, avec pour seul et unique objectif de se faire repérer par une maison de disques, ils devaient recruter des membres de choix. Après une discussion des plus tumultueuses, confrontant leurs avis plus que divergents, les deux musiciens avaient enfin réussi à se mettre d'accord. Au mieux, il leur faudrait deux autres guitaristes, ainsi qu'une ou un chanteur. La parité oblige et refusant de se trouver au milieu d'un troupeau potentiellement sexiste et misogyne, la batteuse avait exigé deux membres féminins.

Armée de ses différents réseaux sociaux, Eddie et Chloé avaient mis en forme plusieurs annonces, mais n'avaient pas vraiment récolté de résultats concluants. Certains prétendants s'étaient présentés à eux, mais aucun n'avait l'étoffe et le talent que les deux jeunes recherchaient. Le guitariste et la batteuse étaient exigeants et ils en avaient conscience, cependant, ils savaient aussi qu'ils ne pouvaient pas se permettre de constituer un ensemble trop hétérogène. Le milieu de la musique était un domaine de fauve, de charognards pour beaucoup, cherchant à tout prix à étouffer leurs concurrents ou même leur plus proche allié.

Prendre le risque de former un groupe avec une grosse divergence de niveau, revenait à se tirer une balle en pleine tête avant même d'avoir commencé à écrire leur première chanson. De plus, la Londonienne fonctionnait beaucoup au feeling et à l'affinité. Lorsqu'elle ne sentait pas quelqu'un, et que cet individu en question ne lui inspirait aucune confiance, elle refusait de poursuivre. Son passé et ses mauvaises expériences y étaient sans doute pour beaucoup. Son manque de confiance en elle et en les autres n'avait de cesse de lui compliquer la tâche, mais elle était persuadée que tout ce travail finirait tôt ou tard par payer.

La rousse était une éternelle idéaliste. Lorsque l'ombre du soleil de l'espoir pénétrait son champ de vision, elle ne pouvait s'empêcher de l'interpréter comme un signe lui dictant d'aller continuellement de l'avant. Sa situation actuelle l'obligeait à adopter un tel état d'esprit. Si elle se laissait sombrer, ne serait-ce qu'une seule seconde, elle savait qu'elle ne pourrait jamais remonter à la surface. Alors petit à petit, au fil des jours et avec l'aide de Munson et de Steve, elle réapprenait à manger et à vivre.

Bien que dans un premier temps, le noiraud fut obligé de lui faire la guerre pour qu'elle se nourrisse, il ne pouvait que constater que sa dureté payait ses fruits et que la jeune femme avait fini par comprendre pourquoi il s'était montré aussi insistant. Quatre années s'étaient écoulées depuis le jour où il avait choisi la fuite, pensant que s'éloigner d'elle l'aiderait à ne pas rejoindre les enfers avec lesquels lui-même s'était allié. Il ne l'avait pas abandonné par choix, mais bien parce qu'il s'y était senti obligé.

Seulement, à trop aider son prochain, à trop soutenir Chloé, voulant la faire sortir de la tranchée entourée d'ennemis dans laquelle elle s'était plongée, il oubliait que, lui aussi, avait définitivement besoin d'être sauvé. Edward s'était emprisonné dans son propre silence, luttant pour ne pas se faire écraser par le poids de sa réalité. Celle ou il n'était qu'un drogué sans avenir, celle ou il ne pouvait pas vivre sans ses multiples joints journaliers. Quand il était avec elle, il oubliait ses besoins. Quand il était auprès d'elle, il oubliait qui la pire partie de lui. Mais une fois passé le pas de son appartement, une fois enfermé entre les murs de sa sinistre chambre à coucher, la vérité lui revenait en pleine figure.

𝐋𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐫𝐝 | Eddie Munson x OcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant